Algérie

Crise du Proche-Orient et désintérêt européen: Paris prend acte du blocage de l'UPM



L'Union pour la Méditerranée est bloquée ! C'est le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui en fait le constat en mettant en avant la crise au Proche-Orient. Pas faux, mais pas suffisant à tout expliquer...

La France, pays initiateur de l'Union pour la Méditerranée, a mis du temps pour le faire, mais elle le constate désormais: l'UPM ne marche pas. Intervenant devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée française, Bernard Kouchner a fait le constat du blocage en l'imputant de manière quasi exclusive à la crise du Proche-Orient. «Pour l'UPM, je suis désolé de dire que c'est bloqué, en dehors de quelques tentatives de rencontres entre des ambassadeurs». Le ministre français faisait référence à une réunion au niveau des ambassadeurs tenue à Bruxelles le 23 avril dernier sous la présidence de Javier Solana.

De manière démesurée, une source citée par l'AFP avait prédit que la réunion serait celle de la «réanimation». Pourtant, une fois la réunion tenue, on n'a guère éprouvé le besoin de communiquer, signe que la réanimation n'était pas pour bientôt. Et pour cause, la situation à Ghaza n'a guère changé, la population est toujours soumise au blocus. Même les pays arabes les plus modérés ou les plus mous ne pouvaient se risquer à aller très loin. A plus forte raison, quand le nouveau gouvernement israélien d'extrême droite ne reconnaît même pas le principe de la création d'un Etat palestinien.

Le ministre français ne pouvait qu'en prendre acte. «Tant que la situation ne sera pas éclaircie au Proche-Orient, ce sera bien difficile de faire des progrès... Théoriquement il devait y avoir une conférence à Monaco (sur l'environnement), elle n'a même pas eu lieu, elle a été reportée sine die, et pas à Monaco. Ce n'est pas encourageant». Bernard Kouchner ne cultive d'ailleurs pas beaucoup d'espoir de voir la tendance se renverser et il dresse pratiquement l'acte de décès du «grand projet» du chef de l'Etat français. «C'est la vie. Il va falloir se rendre compte qu'il faut peut-être procéder autrement, j'en serais le premier partisan. Mais en même temps, tant que, sur Gaza que sur le reste du processus de paix au Proche-Orient, ce sera en l'état, il n'y aura pas de progrès décisif et il n'y aura pas de rencontre, en tout cas ministérielle».



Objet politique non identifié



Certes, il ne faut pas minimiser l'importance de la question palestinienne surtout que l'Union pour la Méditerranée implique, qu'on le veuille ou non, une forme avancée de normalisation entre les Etats arabes concernés et Israël. La guerre barbare menée par l'Etat hébreu contre Ghaza a tellement braqué les opinions que même les gouvernements autoritaires de la rive sud sont obligés d'en tenir compte. Mais la question du Proche-Orient n'explique pas à elle seule le blocage de l'UPM. Il suffit d'observer la campagne électorale qui se mène actuellement pour les élections européennes. Il n'est venu à aucun parti en lice de faire de l'Union pour la Méditerranée un sujet de campagne ou de mobilisation. A l'opposé, le refus de l'entrée de la Turquie en Europe est très présent.

Les Européens ne s'intéressent pas à l'UPM. Les Etats de l'UE ont accepté le projet de Nicolas Sarkozy en traînant les pieds après l'avoir révisé de manière si substantielle qu'il n'en est pas resté grand-chose. L'explication par le Proche-Orient n'est pas fausse, mais elle sert surtout à cacher qu'il n'existe pas de grand enthousiasme en Europe. Si les officiels français ont semblé les plus engagés sur la question, c'est surtout parce que la France en est l'initiatrice.

Mais au-delà de Paris - plus précisément l'Elysée et le Quai d'Orsay - et sans doute Madrid, l'UPM n'est en Europe qu'un vague «OPNI», un objet politique non identifié.




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