Américains et Européens réunis, samedi à Munich, pour la 47ème Conférence
sur la sécurité, ont saisi l'occasion pour prononcer la sentence pour le monde
arabe : la démocratie et le marché libre.
La démocratie et l'économie n'ont pas convergé dans le même sens », a
déclaré la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, lors de son allocution
à l'ouverture de la Conférence sur la sécurité, tenue samedi à Munich. Cette
simple phrase sonne comme une sentence irréversible qui donne une explication
au sens des révoltes populaires qui secouent actuellement le monde arabe. Les
révoltes expriment l'incompatibilité définitive des régimes politiques arabes
avec la modernité, avec le sens de l'Histoire.
La déferlante de la mondialisation, tous azimuts, n'épargnera pas le
monde arabe. L'archaïsme, sous toutes ses formes, des régimes politiques arabes
n'arrange plus les affaires du marché mondial occidental. Les investissements,
les échanges commerciaux, les partenariats économiques, dans leurs formes
actuelles, ne peuvent plus s'accommoder de la corruption, du chantage et de
l'opacité de la gestion dans le monde arabe. C'est que la crise financière
internationale n'a pas fini, depuis 2008, de mettre en difficulté les économies
occidentales. Les comptes publics affichent des records d'endettement,
l'inflation est endémique et les marchés occidentaux saturés. Les gouvernements
s'étranglent dans des rigueurs budgétaires jusqu'à l'austérité. Dans une telle
situation, ils ne peuvent se contenter, comme au temps de la croissance à 2
chiffres, des «absurdités et anomalies» économiques des marchés avec lesquels
ils réalisent une très large part de leur PIB : ceux de leurs voisins arabes.
Détrompons-nous, ce n'est pas par pure solidarité à la soif de liberté de la
jeunesse arabe que les occidentaux se solidarisent avec leur révolte, mais
d'abord pour défendre leurs pré carré économique, auquel cas on l'aurait su
depuis le temps de leurs amitiés et soutiens avec nos dirigeants. Ceci dit,
tant mieux, pourvu que tous, occidentaux et arabes trouvent leurs comptes.
Combien de fois des investisseurs occidentaux venus au Maghreb, par exemple,
avec de gros projets industriels, ont rebroussé chemin, face aux barrages
administratifs, aux obligations de dessous de table et à la corruption ? En
Algérie par exemple, on nous explique le raté par la voracité de l'investisseur
étranger ou de la défense de l'intérêt national. Cela peut être vrai pour un,
deux ou trois cas mais pas, systématiquement et comme par hasard, pour ce qui
concerne les petites et moyennes entreprises. Toujours à Munich, lors de la
Conférence sur la sécurité, la Chancelière allemande, Angéla Merkel, faisant le
parallèle avec la révolution égyptienne, et évoquant la chute du mur de Berlin
en 1989, a précisé «que nous ne pouvions pas attendre un jour de plus pour la
réunification et la liberté.» Que faudrait-il de plus pour que les dictateurs
qui sévissent au sud de la Méditerranée comprennent que la bienveillance des
occidentaux à leurs égards est bien finie ? Ni eux, ni leurs systèmes de
gestion ne les arrangent, dorénavant plus. Parce que, seul un vrai système
démocratique garantit l'expression libre de toutes les libertés de l'homme,
ainsi qu'une gestion transparente et responsable de l'économie du pays. Au-delà
du gain économique que peuvent engranger arabes et occidentaux, dans un
partenariat équitable, les problèmes de société tels les flux migratoires
baisseront d'intensité.
Les jeunes du Sud Méditerranée fuient aujourd'hui la misère et l'absence
de libertés dans leurs pays. D'autres problèmes et conflits, tels ceux de la
sphère culturelle ou religieuse s'atténueront. Car, il est incontestable que
les extrémismes politiques et religieux ou les nationalismes meurtriers se
nourrissent les uns, les autres, par des rejets réciproques. L'extrême droite
européenne brandit la «menace» de l'immigration arabe et l'intégrisme lui
répond, au nom de l'Islam, par la violence.
C'est pour dire que nous vivons, en ce début d'année 2011, un véritable
bouleversement géopolitique dans la région. Le monde arabe ne sera plus, dans
les mois à venir, ce qu'il a été à ce jour. Il se tord, hurle et saigne dans la
douleur avant d'accoucher d'une nouvelle ère qui lui fera rejoindre le cours de
l'histoire, celle façonnée par la mondialisation, tous azimuts. Les peuples
arabes, particulièrement leurs jeunesses, ne se reconnaissent plus dans les
systèmes politiques anachroniques qui les gouvernent. En cela, la jeunesse
arabe démontre aujourd'hui sa hâte et son impatience à chevaucher, vite, le
train de la modernité et ses attributs de liberté, de justice, de citoyenneté.
Alors, vive la révolution…des jeunes.
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Posté Le : 07/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com