Quand la poudre de lait fait son beurre
La déperdition du cheptel bovin laitier à Guelma à l?instar d?une situation nationale aggrave notre dépendance en produit laitier cru ou transformé. L?arrivée sur le marché public des poudres de lait, échangée à 2700 dollars la tonne, n?a fait qu?accroître cette dépendance. Le prix de revient du litre de lait transformé avoisine les 42 dinars. Le lait cru de vache est cédé au transformateur à 23 dinars. Et les petites bourses s?affolent ? En effet, la crise de lait qui secoue l?ensemble du territoire national est également perceptible à Guelma. La direction de la concurrence et des prix a procédé durant le mois de mars 2007 à ce jour à l?établissement de six (06) procès-verbaux à l?encontre de commerçants dans les communes de Ain Makhlouf et Hammam Debagh ayant commercialisé des poches de lait de un litre à 27 dinars, lesdits commerçants seront traduits en justice pour non-respect du tarif fixé par l?Etat en l?occurrence 25 DA. Cette tarification a été notifiée à cette même direction suivant le fax N° 0148 du 14 février 2001 émanant du ministère du commerce, qui, faudrait-il le souligner, est toujours en vigueur selon la DCP de Guelma, stipulant que le lait transformé est cédé sortie d?usine à 23,35 DA aux grossistes lesquels, revendent la poche de lait à 24,10 DA pour enfin atterrir chez le consommateur à 25 DA le litre. Quant aux différentes poudres de lait et dérivés laitiers (yaourts, crèmes desserts, etc.), proposés par les commerçants à Guelma, l?envolée de leur prix ne s?estompe visiblement pas puisque d?une part le haut de gamme du lait en poudre enrichi (Nestlé, Gloria) est passé de 150 DA/la boîte à 190 DA. Une hausse de 1 dinar par jour est à prévoir selon un commerçant achalandé de Guelma. Le lait en poudre Célia commercialisé à 145 DA le sachet grimpe à 170 DA ; il en est de même pour des laits en poudre bas de gamme. D?autre part, nous noterons que l?ensemble des yaourts aromatisés accusent une hausse de 2 DA par pot en passant ainsi de 10 à 12 DA. A cette situation la DCP ne peut intervenir que pour l?affichage des prix et la fraîcheur des produits, nous est-il affirmé. Au grand désarroi des ménages au revenu modeste ! Production insuffisante en lait cru. La wilaya de Guelma dispose d?un cheptel de 1600 vaches laitières appartenant à 71 éleveurs, dont 1400 têtes ont été sélectionnées suite à un contrôle sanitaire strict. 48 éleveurs ont reçu leur agrément en qualité de producteurs laitiers suivant un cahier des charges rigoureux. Un travail louable qui a mis fin à l?anarchie dans la production, distribution et transformation du lait cru dans la wilaya de Guelma quelques années auparavant, nous est-il affirmé de source crédible et proche de la Chambre d?agriculture. Ne répondant aucunement à la demande de la région en lait, notre source, nous dira qu?une vache locale produit en moyenne 6 à 7 litres de lait par traite soit 12 à 14 litres par jour, sachant que deux litres sont réservés au veau non sevré. Un simple calcul d?épicier nous révèle que la production journalière dans la wilaya de Guelma est de 16 800 litres de lait cru. Trois organismes transformateurs sont conventionnés avec la filière lait de Guelma, à savoir la laiterie EDOUGH Annaba, la laiterie Ain Smara à Constantine et celle Benifoughal à Guelma. L?acheminent et le transport de lait cru a été confié à 7 collecteurs moyennant des véhicules adaptés. Par mesures strictement sanitaires, les crémiers à Guelma ne sont approvisionnés ni par le producteur ni même le collecteur. Et dire qu?il n?y a pas si longtemps, la ferme pilote Richi Abdelmadjid, dans la commune de Belkheïr, à quelques encablures du chef-lieu de wilaya, qui n?est plus que l?ombre d?elle-même, comptait près de 900 têtes de bovin dont 500 vaches laitières, à elle seule. La vache laitière, un investissement stratégique Une enveloppe de 100 millions d?euros sera consacrée à l?importation de lait en poudre en 2007, pour soutenir les prix à la consommation, soit 10,6 milliards de dinars de subvention. De ce premier montant, 60 millions d?euros auraient déjà été injectés pour parer à la situation afin de compenser le producteur de lait à hauteur de 7 dinars le litre produit, le collecteur de 4 dinars le litre transporté et le transformateur de 2 dinars/le sachet écoulé sur le marché. Certains disent que l?Etat n?a fait que s?en tenir à ses engagements en maintenant le lait à sa tarification actuelle qui, faudrait-il le souligner, est un produit essentiel à large consommation. D?autres par contre, plaident en faveur d?un investissement stratégique en procédant à l?introduction de races bovines laitières telles Holstein, la brune des Alpes et en races mixtes, comme la Montbéliarde, l?Aubrac et la Salers. Mais, sans une mise à niveau des éleveurs pour une conduite d?élevage efficiente, il est à craindre que des expériences vécues durant les années 90, qui ont vu la déperdition de troupeaux entiers de vaches laitières à Guelma finissant à l?abattoir ou dans des charniers à ciel ouvert, ne se répète au détriment de l?arrivage des 50 000 génisses pleines à l?échelle nationale prévu prochainement et jusqu?à l?horizon 2009.
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Posté Le : 30/04/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Karim Dadci
Source : www.elwatan.com