La survie de l'euro se joue sur les quelques jours qui viennent. Les
marchés financiers mettent la pression ces dernières heures sur les Etats. Ultimatum
: le Sommet européen du 9 décembre.
La crise des dettes souveraines de l'Europe s'accélère et pèse d'un réel
danger sur l'avenir de l'euro. L'alerte donnée la semaine dernière par un
nombre de pays européens menés par la
France, appuyée par la Commission européenne, sur le risque élevé d'une
« implosion » de la zone euro, ne semble pas, jusque-là, « effrayer »
l'Allemagne qui continue de refuser de laisser le droit à l'émission d'euro-obligations
à la Banque
centrale européenne (BCE).
Jusqu'à jeudi dernier, le président français Nicolas Sarkozy espérait un
fléchissement du refus allemand. Le mini-sommet tenu
jeudi à Strasbourg entre Sarkozy, Merkel et l'Italien
Mario Monti n'a pas suffi à débloquer la situation. Immédiatement après, les
taux d'obligations sur 10 ans (et aussi sur 2 ans) ont fait un grand bond : de 3,5
de moyenne, ils ont grimpé à 6,5 %. Le lendemain, vendredi, les agences de
notation ont rajouté une couche en baissant les notes de la Belgique et du Portugal. Les
signaux sont au rouge et, à ce rythme, quelques semaines suffiront à faire
basculer… l'Allemagne dans le camp du risque, tant elle est détentrice d'une
majorité de dettes de ses voisins européens, en particulier la dette française.
Cette dernière détenant elle-même près de 60 % de la dette italienne… et ainsi
de suite dans le reste des pays de la zone euro. Dans tous les cas, le rendez-vous
de jeudi dernier à Strasbourg s'apparentait dans la logique des marchés
financiers comme un ultimatum à la zone euro. Sans garantie de la dette par la BCE, ils allaient faire monter
la pression sur les Etats. Ils ont tenu parole. Depuis vendredi soir et pour la
première fois de son histoire, l'UE craint une vraie faillite financière et une
désintégration de la maison UE.
Dans ce sens, la pression sera énorme, lors du prochain Sommet européen
du 9 décembre, pour une dernière tentative de sortie de crise : donner, vite, très
vite, l'initiative à la BCE
du rachat d'au moins 60 % de la dette souveraine de la zone euro qui vient de
dépasser les 9.000 milliards d'euros. Et ce ne sera pas fini, puisqu'il va
falloir accepter la mutualisation de cette dette entre les 17 Etats de l'euro-zone au prorata du BIP de chacun, combiné à leurs taux
de croissance. Ce n'est qu'après un possible accord sur ces principes que le
Conseil peut entamer la réforme des traités de l'Union et du statut de la BCE.
Pourtant, certains analystes estiment qu'il est déjà trop tard et que
l'euro ne survivra pas à la fin de cette année. D'autres tiennent le Sommet
européen du 9 décembre pour la dernière chance de la survie de la monnaie
unique. Dans ce climat de tension extrême, l'Allemagne est pointée du doigt
comme coupable du risque de faillite de l'euro et de l'UE.
En réalité, l'Allemagne n'est pas seule à défendre « l'indépendance » de la BCE au sein de l'Union (les
autres pays de l'UE devaient rejoindre au fur et à mesure la zone euro). La Suède et la Finlande soutiennent le
refus allemand.
La vérité est que les autres pays, à commencer par la France, ont, pour des
considérations de politique nationale, laissé filer les déficits publics ces 5
dernière années et, surtout, maquillé leurs chiffres comptables et de
croissance. En d'autres termes, le refus de l'Allemagne et d'autres pays est un
appel à une plus grande rigueur dans la gestion des comptes publics et une
transparence au-dessus de tout soupçon. En conséquence, si le Sommet du 9
décembre débouche sur un accord pour un rôle accru de la BCE dans la prise en charge
des dettes souveraines, il ne s'agira pas de libeller un chèque en blanc aux
Etats défaillants, mais de l'accompagner de conditions drastiques et de plans
d'austérité sans précédent. Au final, les marchés financiers auront eu raison
de la volonté politique des Etats. Les citoyens paieront la note sur plusieurs
années.
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Posté Le : 27/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com