Algérie

Crise de l'euro: Etat d'urgence



La crise de l'euro fait ressurgir des divergences de fond sur les politiques communes de l'Union. Le rôle de la BCE est au centre des débats.

Au bord de l'implosion, les pays de la zone Euro pressent l'un des leurs, l'Allemagne en l'occurrence, à lever son «veto» pour laisser à la Banque centrale européenne (BCE) l'initiative d'émettre des Euro-obligations ou Euro-titres.

Car, l'ampleur de la crise financière s'accélère et se propage aux pays considérés, jusque-là, être à l'abri d'une faillite financière. Entre jeudi et vendredi, plusieurs dirigeants européens ont appelé la chancelière Angéla Merkel à accepter que la BCE rachète (garantisse) les dettes souveraines des Etats de la zone Euro. Angéla Merkel a reçu, en fin de semaine, le président français, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron, venus plaider en faveur d'un rôle accru de la BCE.

Des pays comme la Hollande, la Finlande ou l'Autriche, moins exposés à l'heure qu'il est aux effets de la crise de l'euro, agitent le «chiffon rouge» et estiment comme vitale l'implication de la BCE dans la prise en charge des quelque 9.000 milliards d'euros de dette publique des 17 Etats membres de la zone Euro. Cette soudaine levée de boucliers contre le «veto» allemand traduit bien ce que craignaient les économistes les plus avertis : la crise de l'euro est globale et il lui faut une réponse globale et solidaire. Les plans d'austérité adoptés ça et là par les Etats ne suffisent pas à enrayer définitivement la crise, tant sa nature est d'ordre systémique. Cela implique une réforme du système financier et bancaire. Et encore, en plus d'octroyer le droit à la BCE à émettre des Euro-obligations, s'ajoute la nécessité de mutualiser la dette de la zone Euro évaluée à plus de 9.000 milliards d'euros. Autrement dit, revenir au principe de solidarité intergouvernementale sur laquelle s'est bâtie l'Union européenne et partager le poids de la dette commune. On comprend alors mieux pourquoi l'Allemagne s'oppose à un rôle accru de la BCE dans la résorption de la crise financière. Première économie de l'UE, l'Allemagne craint de perdre sa compétitivité en endossant une bonne partie de la dette souveraine de la zone Euro. Le blocage allemand intervient alors que le temps joue contre la zone Euro. En effet, à supposer que la chancelière allemande lève son veto dans les semaines à venir, il faudrait un autre «temps» pour que la BCE entre en action: le temps de réformer le Traité européen et les statuts de la BCE. Et ce ne sera pas une simple procédure. Il est plus que certain que le Sommet européen du 9 décembre prochain décide de mandater la BCE pour le rachat de la dette souveraine car, au-delà, la crise risque d'emporter des pays comme la France, la Belgique et d'autres, jusqu'à frapper l'Allemagne elle-même. Par ailleurs, le Parlement européen (PE) qui a été la première Institution de l'Union à appeler au lancement d'euro obligations, vient d'être rejoint par la Commission européenne. Son président M. Manuel Barroso a déclaré, vendredi devant le PE, que ses services allaient présenter, mercredi prochain, un projet technique sur les conditions d'émission d'euro-obligations par la BCE. C'est dans ce climat plus ou moins unanime pour l'intervention directe de la BCE dans la prise en charge de la dette européenne que son nouveau président, l'Italien Mario Draghi, a déclaré que la BCE doit garder son indépendance et se contenter de son rôle de stabilisateur de la monnaie européenne et pas plus. Alors que les dirigeants européens se «déchirent» sur le rôle de la BCE, la crise s'accélère et s'aggrave. Et dire qu'après la réforme de la BCE et des Traités européens, il va falloir mettre en place une gouvernance économique intégrée, harmoniser les systèmes fiscaux et converger les politiques communes. Un chemin de croix pour les citoyens européens qui manifestent déjà leur mécontentement et leur opposition aux lois drastiques des marchés financiers.




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