Algérie

Crise d'autorité



Crise d'autorité
Les enseignants reprennent finalement le travail après un mois de grève. Par travail, il faut seulement entendre présence en classe. Ils ont longtemps tergiversé avant de se résoudre à sauver, in extremis, un exercice scolaire quasiment compromis. Le ministère de tutelle, qui s'est également illustré par sa mauvaise gestion du conflit, a élaboré précipitamment un programme de rattrapage pour sauver, du moins en apparence, ce qui peut encore l'être. Des plages horaires supplémentaires ont été dégagées pour combler le manque à gagner. Mais les lycéens en classe de terminale ne l'entendent pas de cette oreille. Ils refusent de sacrifier les vacances et les week-ends, et exigent un seuil pour les courts sur lesquels porteraient les épreuves du bac. Autant dire, une formalité d'examen qui ouvrirait les portes de l'université à tout le monde. Pour imposer leur vision sur le terrain, les lycéens, comme leurs enseignants, ont envahi le ministère et ses démembrements régionaux. Ainsi, chacun va de sa petite combine pour défendre ses petits intérêts aux dépens du pays, tout entier. L'autorité de l'Etat se trouve conséquemment froissée. Craignant des débordements qu'ils ne seraient pas en mesure de contrôler, les pouvoirs publics cèdent, à chaque fois, devant des mouvements de protestation. Les autorités ont déjà reculé sur plusieurs autres dossiers vitaux. Citons à ce sujet l'abandon du décret exécutif imposant le payement scriptural (chèque, carte de payement, lettre de change, billet à ordre...) pour toute transaction supérieure à 500 000 dinars, suite aux émeutes et aux pénuries organisées en début 2011. Les barons de l'économie parallèle, afin d'échapper à toute forme de contrôle fiscal, avaient alors enflammé les prix des produits de première nécessité poussant les jeunes à la rue. Cette agitation a contraint le gouvernement à retirer immédiatement cette loi pour calmer la protestation. Même si la productivité n'est pas au rendez-vous, l'exécutif avait aussi concédé plusieurs revalorisations salariales pour désamorcer tout conflit syndical. Idem pour les crédits Ansej où les jeunes chômeurs, même si leur profil ne répond pas exactement aux exigences édictées, ont su également se faire servir. Les «mafias» du foncier, de l'immobilier et du logement recourent aux mêmes procédés pour faire main basse sur toutes les offres en la matière. Cela inspire naturellement le reste de la population. Pour le moindre problème, les gens recourent automatiquement au blocage des routes et à l'émeute, car ils savent que les responsables finiront par se soumettre à leur caprice. On a l'impression que le peuple algérien a tendance à ressembler à un enfant, capricieux et mal élevé, prêt à tout brûler pour satisfaire ses vices. La passivité et le laisser-aller des autorités en sont à l'origine. L'impératif aujourd'hui consiste à rendre à l'Etat sa crédibilité et son autorité. Au lieu d'exiger tel ou tel privilège, chaque citoyen doit plutôt penser à sa contribution pour le développement de son pays.K. A.




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