Algérie


On attendait Driss Jettou, le premier ministre marocain, mais c?est Ahmed Ouyahia, son homologue algérien, qui est annoncé pour une visite dans le royaume. Mais ne voilà-t-il pas que Rabat affirme que celle-ci est inopportune. Autant dire qu?il n?y a pas lieu d?envisager un tel déplacement, et même avant longtemps, pour ne pas dire jamais, tant que ne sera pas réglée la question du Sahara-Occidental. La question aurait pu être réglée à travers les canaux traditionnels, mais, visiblement, les Marocains, qui avaient eux-mêmes annoncé cette visite sans apparemment en convenir avec leurs homologues algériens, crient à la crise, comme si les relations étaient au beau fixe, et qu?il fallait rejeter la responsabilité sur les Algériens. La situation ne rappelle pas celle des années soixante-dix, mais il devient chaque jour plus évident que les relations entre l?Algérie et le Maroc traversent une période de crise qui dure depuis 1994. C?est cette année que l?Algérie décida de fermer sa frontière terrestre après que le Maroc eut imposé aux Algériens le visa d?entrée sur son territoire. La crise aurait pu être résorbée dans toute son étendue, si Rabat s?était engagé effectivement dans le travail de normalisation, qu?il avait pourtant accepté dans le cadre des groupes de travail. Des conclusions, qui tenaient davantage du forcing, étaient attendues en juin 2004, en vain. Depuis dix ans qu?ils existent, ceux-ci n?ont absolument rien produit en raison de l?obstruction et de la surenchère marocaines. Mais, visiblement, les Marocains ne voulaient pas faire le moindre effort, parce qu?ils savaient que les Algériens demandaient une mise à plat en règle pour ne plus rien laisser au hasard, ou lier les relations en question à l?humeur politique, comme le prouve la crise actuelle montée de toutes pièces avec au départ une accusation infondée. C?est Ahmed Midaoui, l?ancien ministre de l?intérieur, ainsi que Mohamed Benaïssa, aux affaires étrangères, qui déclaraient ouvertement qu?il ne pourrait y avoir de normalisation des relations bilatérales sans la reconnaissance de l?occupation du Sahara-Occidental par le Maroc. Rien que cela. Rabat a même lié la relance des activités de l?ensemble maghrébin à cette question. Et la réponse algérienne fut toute ferme. Pas question de bâtir quoi que ce soit sur le fait accompli colonial, disait-on tout aussi clairement en Algérie, où l?on rappelait également qu?il n?était plus question de financer l?économie marocaine, conséquence de la réouverture de la frontière terrestre. Tout simplement, le Maroc entend contester aux Algériens leur droit de soutenir les causes qui leur semblent justes. Et la question du Sahara-Occidental en fait partie. Et sur cette question, l?Algérie n?est pas seule. C?est l?inverse qui est vrai.


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