«On ne doit
jamais laisser se produire un désordre pout éviter
une guerre ; car on ne l'évite jamais, on la retarde à son désavantage.»
Machiavel, Le Prince
Le président
Abdelaziz Bouteflika a toujours été désarçonné par
l'implacable passivité des citoyens qui restaient figés et mystérieusement
impassibles face à des circonstances qui auraient du les scandaliser, les
révolter, les interpeller, les secouer. Au sujet de la corruption qui
gangrenait le pays, il avait dit un jour : «Ces citoyens qui ne réagissent pas,
n'informent pas, ne dénoncent pas… seraient-ils aveugles ces yeux du peuple,
ces cÅ“urs fermés et qui font comme si la gangrène qui dévore le pays n'est
qu'une petite fièvre qui passerait avec une tisane»(1)
Plusieurs années
après, face à toutes les formes d'incivilités qui rongeaient notre pays, face à
la délinquance et à l'insécurité, il avait également fustigé ces citoyens
toujours indifférents qui restaient de marbre ou regardent ailleurs pendant
qu'on molestait et qu'on dépouillait des femmes et des vieillards. Force est de
reconnaitre aujourd'hui qu'il n'ya
pas que ces citoyens pleutres qui regardent ailleurs pendant que leurs
congénères subissent les outrages les plus divers.
Les principales
fonctions séculaires et invariables de la Prison ont toujours été la Rétribution et la Dissuasion même si
depuis près d'un demi-siècle, le système pénitentiaire Européen et notamment
français se sont accessoirement assignés une nouvelle mission : celle de
Rééducation en vue d'une hypothétique réinsertion constamment compromise. Nous
pouvons situer en France ce saut qualitatif de la réponse pénale et de la prise
en charge des détenus aux environs des années 1945, date de la Réforme Amor.
(2) Les peines qui prévalaient durant les périodes du moyen-âge
étaient révolues, et précisément celles où seul le désir de vengeance et de
punition infamantes, afflictives et gratuitement cruelles. Le Prisonnier,
suscitant désormais davantage d'intérêt et de pitié allait faire l'objet de
plus en plus d'empathie, de soins et d'attention. «La peine privative de
liberté a pour but essentiel l'amendement et le reclassement social du détenu».
IL s'agissait en quelque sorte de reformater le délinquant afin de le restituer
à la société dans un état psychologique plus ou moins convenable, intégrable,
adaptable et inoffensif pour le corps social. Certains parleront plus tard de
«Resocialisation» comme si cette opération n'était qu'une sinécure. Toutes ces
mesures de lénification du châtiment et de
l'humanisation des prisons ont sans doute été salutaires pour une portion
infinitésimale de personnes, néanmoins le Monde a-t-il évolué pour autant, avec
des sociétés plus sécurisées ? Particulièrement en Algérie, ce serait une
monumentale gageure d'attribuer à la prison des miracles, ou d'entrevoir dans
la peine telle qu'elle est conçue et appliquée depuis quelques années un pouvoir
quelconque de dissuasion. En Europe le service public pénitentiaire assume une
double mission : il participe à l'exécution des décisions des sentences pénales
et au maintien de la sécurité publique et il favorise (dans la mesure du
possible) la réinsertion sociale des personnes qui lui sont confiées par
l'autorité judicaire. Leur système carcéral est loin de constituer un parangon
en matière de prévention de la récidive ou de dissuasion. Quant à notre système
pénitentiaire il ne remplit aucune de ces deux fonction, pour ce qui est de la
sécurité publique, ayons le courage d'admettre que c'est une véritable débâcle,
quant à l'exécution des décisions et sentences pénales, elles sont
manifestement et de manière scandaleuse complètement vidées de leur substance
et de leur sens dans la mesure où notre fameuse et ubuesque grâce
présidentielle annuelle ne manquera pas malgré elle toutes ces années
d'amputer, de dévoyer, de défigurer,d' inhiber et de dissoudre des peines
intégrales que la société et les victimes ont réclamé par un droit qui surpasse
celui des présidents, un droit que la justice leur a légitimement accordé.
Lorsqu'elle n'est pas une Ecole du crime, la Prison ressemble davantage
à un enfer, pour certains elle pourrait jouer le rôle d'un purgatoire et pour
la majorité elle n'est que l'issue d'une aventure qui a mal tourné, néanmoins
et assez bizarrement, elle est devenue pour beaucoup de délinquants une sorte
de caravansérail, d'auberge, un site étrange qui se trouve à mi-chemin entre le
secours populaire, l'armée du salut et une maison de retraite. Quelles que
soient les leçons et bénéfices que l'on puisse en tirer ou les stigmates des
geôles qui vous marquent à tout jamais, la prison n'a jamais protégé la
société. Elle demeure hélas le seul instrument approximativement moderne,
civilisé et humain qui nous donne l'impression de réagir contre une fatalité
humaine face à laquelle nous resterons éternellement désarmés.
Si à certains
égards l'humanisation des prisons a été une réussite totale de sorte que vos
prisons sont devenues des sites de villégiature pour certains détenus
récalcitrants voire des hôtels cinq étoiles(3), la Réforme
pénitentiaire proprement dite telle qu'elle s'est instituée n'a pas contribué à
éradiquer la récidive et encore moins à inspirer cette crainte exemplaire qui
concourt à l'intimidation Collective. Tout le Droit pénal depuis plus de deux
siècles repose essentiellement sur ces deux concepts : La peine doit assurer à
la fois la prévention spéciale (inciter le délinquant à ne pas récidiver) et la
prévention générale (dissuader les tiers d'imiter le délinquant).
L'Article 24 de
la constitution algérienne confie à l'Etat «La responsabilité de la sécurité
des personnes et biens». Ainsi, L'Etat a en permanence le devoir d'échafauder
dans l'imminence toutes les formes de politique sécuritaire pour mettre fin à
une délinquance terriblement exponentielle face à laquelle ni les services de
l'ordre, ni la Justice
avec ses fermetés, ni la prison avec son laxisme ne semblent détenir une
quelconque puissance probante à même de stabiliser sinon de réduire la violence
qui terrorise les populations et remettent sérieusement en cause l'autorité de
l'Etat. Il est aisée pour tout citoyen lambda de
déceler dans l'étiologie de cette délinquance incontrôlable l'étiolement
inexorable de La violence légitime de l'Etat intrinsèquement si nécessaire pour
la paix sociale. Ainsi, le manque de pugnacité des services de l'ordre, La
grâce présidentielle, la complaisance des prisons algériennes en sont les
signes flagrants. Depuis 2006, chaque année, à l'occasion de la célébration de
la fête de l'indépendance, dans une ambiance mêlée de solennité et de
burlesque, les prisons algériennes réinjectent prématurément dans la société
des centaines de détenus en défalquant de leur peine initiale des années de
prison. L'origine de cette incommensurable et folle mansuétude à l'égard de nos
délinquants, c'est la grâce présidentielle. Elle est devenue cet alibi légal et
constitutionnel qui permet aux prisons de se délester surtout d'un nombre
impressionnant de pensionnaires qui sans cette Grâce auraient rendu notre
système carcéral l'un des premiers au monde à avoir un taux de remplissage
astronomique dévoilant par là toutes les insuffisances manifestes de cette pathétique
prison algérienne qui s'échine à figurer parmi les archétypes des prisons
modèles soucieuses des droits de l'homme. Cet impossible anoblissement que
visent les architectes de cette réforme pénitentiaire est antinomique avec les
fonctions essentielles de la prison. La plus importante de ces fonctions
restera ad vitam aeternam la protection de la société.
La Grâce présidentielle, ce droit régalien
en usage depuis des siècles et qui conférait aux monarques un attribut quasi
divin n'avait hélas pas les allures d'une kermesse comme il nous est loisible
de le constater en Algérie. On en usait jadis avec parcimonie et non pas à
tire-larigot. Si Ponce Pilate avait été largement clément avec tous les
criminels de Judée, Jésus aurait continué à déambuler tranquillement, et avec
lui Barabbas et les autres. Malheureusement les graciés se comptaient sur le
bout des doigts. Nous aurions pu nous dispenser de gloser sur une des
prérogatives du Président de la république ou plutôt sur ce si ce rituel annuel
juridico-politique si la situation n'était pas aussi tragicomique d'abord par
le nombre effarant de criminels libérés et ensuive par le taux de récidive de
ces mêmes énergumènes. Toute Loi ou Droit sont essentiellement au gré des
conjonctures et impératifs divers soumises aux abrogations ou aux amendements
par les mêmes constitutions qui les auraient institués. En France, cette même
grâce collective, qui pourtant sans être aussi carnavalesque que celle que connait notre pays et dont l'usage était systématique
depuis 1991, a
été supprimé par la révision constitutionnelle de 2008. Depuis lors, l'article
17 de la constitution française prévoit que «Le droit de grâce ne peut plus
être exercé par le président de la république qu'à titre individuel. La grâce
collective lui est désormais impossible.»
Certes, tout chef d'Etat gracie spontanément
par clémence sincère, simple mimétisme politique et parfois par caprice lorsque
ses jugements ou plutôt ses humeurs sont sous l'emprise de sa mégalomanie, de
sa démence ou de sa sénilité, néanmoins il est éminemment davantage plus
imprudent voire irresponsable et dangereux que d'autres institutions
s'évertuent habilement à escamoter, à contrefaire, à falsifier la vérité, et
laisser le Président relâcher indistinctement, aveuglement et démesurément
chaque année des centaines de délinquants sous le fallacieux prétexte que ces
derniers ont montré des gages de bonne conduite, notamment lors des diplômes
qu'ils auraient prétendument obtenus après avoir suivi un enseignement et une
formation professionnelle.
Il est utile de
souligner que les maisons d'arrêts, pour faciliter le processus
d'intensification de ces grâces qui feront libérer des masses de détenus soit
chaque année, soit progressivement ultérieurement, choisissent délibérément des
cycles de formation peu importe que ceux-ci soient de piètre qualité,
difformes, court ou terriblement factices. La seule priorité de
l'Administration pénitentiaire est que tout ce remue
ménage finisse avant le mois de juillet, période de la Grâce présidentielle qui est devenue hélas une
nouvelle «Kaaba» qui régulera les circumambulations sempiternelles de la
délinquance.
Ces avatars de
type d'Enseignement et de formation professionnelle bidouillés au sein des
prisons s'effectuent en complète contradiction avec les impératifs pédagogiques
inhérents à la législation de la
Formation professionnelle en vigueur.(4) Désormais, tous les
délinquants, s'agglutinent par contingent inimaginable dans des classes de
fortune, dans l'unique espoir et avec préméditation de se soustraire par ces
mesures de grâce(sur-institutionnalisées) à des
Sentences pénales conçues à l'origine pour correspondre de manière inflexible
(sauf cas particuliers) à une infraction et un dommage réels causés à la
société toute entière. Tout le monde peut hélas constater que La Peine est vidée de ses sens
et buts fondamentaux : Rétribution et Dissuasion. La peine comme norme
fondatrice et inviolable n'a plus aucune valeur dans
la mesure où ses effets sont escamotés, dissous à travers ce genre de
pratiques. Une duplicité tacite s'insinue entre le crime et l'institution
chargée de le circonscrire. Le délinquant se met à programmer, ajuster et à
anticiper son comportement délictueux en fonction de ce genre de réponse pénale
complaisante, prévisible et dérisoirement dissuasive.
La peine et ses
effets dissuasifs qui sont l'ossature du système pénal perdent leur sens. Le
détenu se met à manipuler une Administration pénitentiaire qui pense gérer
l'évolution de sa peine mais qui, dans ces cas, ne pourra jamais le faire selon
les principes sacro-saints de toute Pénologie bien claire et inviolable.
Nous ne pourrons
avoir dans les colonnes de ce journal l'espace nécessaire pour abonder
exhaustivement dans la déconstruction des tartufferies et des mystifications
ostentatoires déployées par les Prisons algériennes sous l'effet des terribles
injonctions qui les somment d'obtenir des résultats dont on ne pourrait en
rêver nulle part ailleurs. Nous dirons simplement qu'à fortiori que tout se
passe à l'intérieur des prisons (L'Enseignement, la Formation, le
Baccalauréat, le B.E.M.) , tout est en conséquence et
pour le plus grand bonheur et gloire de l'Administration pénitentiaire,
méticuleusement et laborieusement entrepris afin que le succès le plus irréel
soit au rendez-vous. Si les services (*ONEFD *OREC *Formation Professionnelle…)(5) en charge d'évaluer et de sanctionner les détenus par
ces diplômes qui leur permettront d'avoir des réductions de peines atteignant
24 mois, seront assez honnêtes, probes, intègres et patriotes pour vous révéler
une vérité que tout le monde connait sauf peut être
le président, alors les choses pourront peut-être évoluer de manière plus saine
et plus positive. Par ailleurs, combien même on s'amuserait à triturer la peine
de manière à la rendre plus douce, à humaniser les prisons, pour reprendre un
jargon galvaudé ça et là, La peine doit inconditionnellement conserver sa
rigueur et sa dureté. La peine doit non seulement être «juste et humaine» mais
aussi «utile par sa sévérité» avérée qu'il nous est loisible de vérifier à
travers son pouvoir de dissuasion. Primo : La peine «Juste et humaine» a été
consacrée par le droit pénal voilà plus de Deux siècles, le juriste et
philosophe Beccaria l'avait évoqué dans son Å“uvre, «Traité des délits et des
peines» (1764), l'ensemble des pénalistes avaient fait de ses travaux une
panacée à suivre rigoureusement : «Punir pas plus qu'il n'est juste, pas plus
qu'il n'est utile», voilà les gardes fous que le droit pénal observe
méticuleusement en Europe depuis 1810.
Secundo : La
peine : «Utile et sévère», celle-ci doit l'être davantage. Pour l'ensemble des
pénologies, les châtiments ne doivent avoir pour but que d'empêcher le coupable
de nuire à la société et de détourner ses concitoyens de la voie du crime.
Toute religion,
philosophie, éthique, système éducatif, qui ont eu à traiter de la question de
la faute, du pêché et de ses corolaires tels que le
châtiment, l'absolution, le pardon, l'amendement, la pénitence, insistent
énormément et préconisent invariablement des ripostes ou prédominent la rigueur
et l'intransigeance qui prédominent lors du processus de réparation ou de
reconstruction entrepris au bénéfice du corps social lésé. Cette tâche de la
rétribution/réparation incombe à l'Etat et a pour but de préserver l'ordre
public et la cohésion sociale ; d'un autre côté, tout le nécessaire est
entrepris afin qu'également l'assistance nécessaire et appropriée soient
apportées aux délinquant/déviant/détenu afin que ceux-ci puissent se réapproprier
les moyens qui leur permettront de s'amender et de réintégrer le corps social.
Réparer ou faire oublier les dommages causés par un crime exigent des
sacrifices. Faire acte de pénitence ne consiste quant même pas à aller passer
des vacances à Ibiza.
«Pour qu'un
châtiment produise l'effet voulu, écrit Beccaria, il suffit qu'il surpasse
l'avantage résultant du déli». Bentham poussera ce
principe à ses dernières conséquences en affirmant que «tout individu se
gouverne, même à son insu, d'après un calcul bien ou mal fait des peines et des
plaisirs». pour opérer une dissuasion efficace, il
suffit donc que “le mal de la peine surpasse le profit du délit».(6)
Dans l'état
actuel des choses et devant l'accroissement de toutes ces violences
multiformes, notre civisme ravagé, le déploiement du crime organisé, cette
délinquance galopanter ; Une question cruciale
taraude les esprits : Pourquoi les gens ne craignent plus l'autorité de l'Etat
ainsi que son pouvoir coercitif et répressif ?
La dogmatique de
la dissuasion chère à Beccarria et «l'arithmétique
pénale» de Bentham sont hélas battues en brèche ; Le célèbre mythe de
dissuasion dont ils vantaient tant les mérites et qui devait selon eux
spontanément s'opérer par le truchement «d'une peine qui génère chez le délinquant
un mal qui surpasse le bien qu'il aurait retiré du crime».
Tout cela n'a
plus cours. Les gens ne craignent plus la prison ni de prendre des risques qui
peuvent dans certains cas leur être fatals. Les prisons se trouvent aujourd'hui
face à un dilemme insurmontable ; s'agit-il de satisfaire les exigences d'une
Communauté internationale en matière de Réforme du système pénitentiaire en
s'évertuant ostensiblement et ostentatoirement à instaurer une politique plus
soucieuse des droits l'homme à fortiori que le .P.N.UD collabore avec une
générosité financière que l'on doit s'efforcer de mériter ? (7) Ou s'agit-il de durcir le traitement destiné à l'égard d'une
délinquance qui ne semble reculer devant rien. Le système judiciaire algérien
semble plus pragmatique, vigilant et moins intransigeant et complaisant que le
système pénitentiaire qui avance chancelant, dubitatif et près à tous les
compromis.
Tout le monde
sait que les grâces présidentielles font office de soupape de sécurité face à
la surpopulation carcérale et les affres qu'elle engendre intra-muros, et pour
les détenus eux-mêmes et surtout pour l'administration pénitentiaire qui aura
du mal à gérer d'énormes tensions internes parfois insurmontables et qui
compromettent de facto l'individualisation de la peine. Néanmoins aucune fin ne
peut justifier cette politique qui consiste à relâcher des centaines de
délinquants dont la dangerosité constitue toujours une menace qui va en
crescendo en prenant des proportions alarmantes dont la seule cause reste cette
complaisance et cette duplicité de l'Administration pénitentiaire qui au nom de
la réinsertion sociale et sous le prétexte d'activités socioéducatives (Enseignement-Formation-Examens) s'est accaparé un pouvoir
énorme et sournoisement dangereux.
Le système
pénitentiaire dispose d'instruments(8)de clémence, de pardon, de réduction de
peine et d'individualisation de la peine milles fois plus efficaces, légitimes
et justes car consciencieusement réfléchies et rigoureusement motivées
contrairement à la Grace présidentielle qui demeure trop
aléatoire et arbitraire car abusive et produisant les effets contraires.
Ce droit régalien
du président, cette mansuétude tels que l'Administration Pénitentiaire les
prédétermine, les manipule et en use et abuse s'avèrent trop arbitraires dans
la mesure ou cet acte de bienfaisance transcende ou élude toutes les autres
considérations liées au mérite de celui à qui la grâce est destinée ainsi que
de sa propension à être à la hauteur de ce pardon. La situation que connait l'Algérie notamment au sujet de la criminalité, de
la récidive et de l'insécurité omniprésentes semble discréditer complètement
notre politique sécuritaire et notre système pénitentiaire.
Machiavel disait
: «Il y deux manières de combattre, l'une avec la loi, l'autre avec la force
.La première est propre aux hommes, l'autre nous est commune avec les bêtes»(9)
Et c'est
justement au nom de la première norme (Loi-Justice-Ordre)
que l'Etat doit parfois recourir à son corps défendant à la deuxième manière (Violence/Force)
pour arriver à neutraliser cet état de bestialité qui resurgit dans l'homme et
menace le corps social tout entier ainsi que l'l'Etat.
Hobbes disait aussi qu'«Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir
commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme
guerre, la guerre de chacun contre chacun». (10)
En dehors des ces
situations propres aux despotismes et aux tyrannies, il ne doit y avoir aucune
appréhension ou réticence à plébisciter et réclamer d'urgence cette Violence
légitime de l'Etat. Ce dernier doit récupérer ce «monopole de la violence» dont
parlait Weber, non pas pour préserver des privilèges et intérêts particuliers
mais pour être exclusivement au service du peuple, de la société. Weber dira : «Tu
dois t'opposer au mal par la force, sinon tu es responsable de son
triomphe.»(11)
Bien évidemment
l'usage de cette violence doit être motivé par des conjonctures
exceptionnelles, à l'image de ce que préconisait autrefois Louis XIV dans son Ultima ratio regum, ou le dernier
argument des rois, lorsque s'épuisent toutes les autres bonnes volontés. «La
menace et, éventuellement, l'application de la violence, en est assurément le
moyen spécifique et partout elle est, en cas de défaillance des autres moyens,
l'ultima ratio»(12)
Il est aussi
utile d'ajouter que, pour rétablir l'ordre, Ces Etats quelque peu discrédités
doivent non seulement recourir à davantage de violence mais surtout être
particulièrement crédibles et légitimes dans cette violence qu'il mettront en
Å“uvre pour restaurer l'autorité de l'institution qu'ils incarnent, l'ordre
public et assurer la paix sociale.
Dans l'état
actuel des choses, les Etats arabes qui restent encore debout, vulnérabilisés
de toutes parts estiment qu'il est pus que jamais judicieux d'agir avec
énormément de circonspection et de louvoiement face à maelstrom de violences
multiformes et de séditions hétéroclites, autant perverses pour la société que
les dictatures et les régimes répressifs qui régnaient avant ce chaos dont ils
sont les instigateurs inconscients.
* Criminologue
Références :
1)Le Quotidien d'Oran
- Mardi 31/08/1999 «Menaces du Président à Tipaza» Daikha
Dridi
2)En 1945, Paul Amor, magistrat et premier directeur de l'Administration
pénitentiaire française est le promoteur d'une réforme qui portera son nom et
dont l'objectif est de placer l'amendement et le reclassement social du
condamné au centre de la peine privative de liberté. Le traitement infligé au
détenu doit être humain, exempt de vexations et tendre principalement à son
instruction générale et professionnelle.
3) Voir l'Article
du Journal EL-Chourouk du 24 Septembre 2011
4) voir le Décret
N°99/77 du 11/04/1999 portant Organisation et Sanction des Formations, Décret
qui traite de la classification et de la détermination des niveaux de
qualification qui s'échelonnent de «1 jusqu'à 5» ( C.F.P.S
/ C.A.P/ C.M.P / B.T / B.T.S ) avec des durées de formation qui vont de 12 à 36
mois . Jamais une Formation diplômante efficiente ne s'est déroulée en un temps
aussi record que celui qui est pratiqué au niveau de nos prisons.
Les Conventions
cadre du 17/11/1997 et celle du 08 Mai 2006-(Ministères : Justice / Formation /
Emploi - notamment à travers les articles respectifs (Art : 06 pour la 1ère
convention et Art : 10 pour la 2ème) précisent ce qui suit «La durée de ces
cycles de formation professionnelle doivent être conformes à la réglementation
en vigueur et celle applicable aux centres de formation professionnelle»
(5)ONEFD : Office
Nationale de l'Enseignement et de la Formation à Distance ( Ex
: CNEG)
OREC : Office
National des Examens et Concours.
6) Voir ouvrages
suivants : «Des Délits et des Peines» de Cesare Beccaria (1737-1974), juriste,
philosophe, économiste et homme de lettres italien rattaché au courant des
Lumières. Son ouvrage «Des délits et des Peines» fonde le droit pénal moderne
et se signale notamment en développant la toute première argumentation contre
la peine de mort. «Théorie des peines et des récompenses» de Jeremy Bentham
(1748-1832), philosophe, jurisconsulte et réformateur britannique.
7) Avec un
Financement de plusieurs millions d'Euros, le P.N.U.D est fortement impliqué
dans la réforme pénitentiaire enclenchée en Algérie. Un programme de
partenariat est également mis sur pied entre l'Algérie, la Grande Bretagne et
d'autres pays de l'Union Européenne. Ce qui place l'Algérie dans une forme de
période probatoire, sommée à rendre des comptes au sujet de sa bonne volonté et
de ses assiduités en matière de réforme de la Justice et de son système
pénitentiaire.
8) Les
Etablissements pénitentiaires disposent de structures plus aptes à être in situ
par le processus de «l'individualisation de la peine», habilitées à évaluer ou
juger parmi les détenus ceux qui méritent le plus ces mesures de peines
aménagées et autres mesures de clémences et de récompenses.
On peut citer : la Commission de
l'Application des Peines, chargée entre autres de la mise en Å“uvre des «peines
aménagées» telles que La semi liberté, la Libération conditionnelle, la permission de
sortie…
Le Service
Spécialisé d'Orientation et d'Evaluation : chargé à travers son équipe technico-médicale d'établir un «Plan Correctionnel»,
autrement dit un traitement approprié et personnalisé en fonction de la
personnalité du détenu.
Services Extérieurs : chargés de faire des
enquêtes sociales, assurer le suivi des personnes mises sous probation, de
préparer la réinsertion et accomplir toutes les mesures d'accompagnement au
profit des détenus libérés.
9) Machiavel, Le
Prince, cap XVIII, traduction par C. Ferrari, Bureaux de la publication, Paris,
1866 (10) Thomas Hobbes, Léviathan (1651), trad. F. Tricaud,
Éd. Sirey, 1971
11) WEBER, Max,
Le savant et le politique, coll., 10/18, Paris, Plon, éd. n° 1003, 1973
12) Max Weber,
Economie et société, Paris, Plon, 1971
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Posté Le : 06/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Lounis Ouamrane*
Source : www.lequotidien-oran.com