«Ya saâdek ya faâl el kheir!» Expression de chez nous.
C'est souvent l'exclamation profonde que pousse le croyant sincère en apprenant la mort de quelque tyran ou en voyant un convoi funèbre mener vers sa dernière résidence une pauvre créature dont le bilan peut prêter à discussion entre ses commensaux. La mort, terme normal et inéluctable de toute activité biologique, prend une dimension mystique dans les esprits formés par la crainte du Châtiment éternel. Et c'est souvent à l'heure du trépas que les survivants font le bilan de celui qui vient de tirer sa révérence. A-t-il bien agi au courant de sa courte vie' A-t-il vécu dans le respect des principes qu'il a défendus dans ses discours' Autant de questions qui trouveront de nombreuses réponses dictées par des opinions guidées le plus souvent par des intérêts divergents. Quand c'est un homme (ou une femme) d'Etat qui vient de disparaître, alors, les commentaires prennent plus d'importance, car l'action du disparu aura pesé sur la destinée de plusieurs millions de ses concitoyens. On peut indéfiniment ergoter sur les bilans financiers, avec les chiffres émis par les institutions autorisées et consulter les multiples courbes des nombreux graphiques qui illustrent les tendances de l'évolution économique d'un pays, mais, on ne connaîtra jamais l'indice du bonheur (ou du malheur) que ce défunt aurait produit, pour la simple raison que le graphique du bonheur n'a pas été encore imaginé par les doctes économistes qui font de savantes prospectives malgré le réchauffement climatique qui se rit de toutes les planifications. Car l'essentiel est là: l'homme (ou la femme) politique qui vient d'avaler son bulletin de naissance, a-t-il oeuvré pour la majorité de ses concitoyens ou bien a-t-il simplement roulé pour une bande de maffieux embusqués dans les méandres d'une législation conçue sur mesure.
A n'en pas douter, ceux qui tirent les ficelles de la Bourse sur les grandes places financières ont dû se réjouir des multiples mandats de Margaret Thatcher qui, bien avant Ronald Reagan, avait brandi l'étendard du néolibéralisme qui allait précipiter les classes les plus modestes dans les pires situations sociales propres à la fin du XIXe siècle: elle mena une guerre sans merci aux syndicats britanniques qui défendaient les acquis de décennies de lutte. La longue et mémorable grève des mineurs illustra l'inflexibilité de celle qui allait faire tomber le masque humain du capitalisme sauvage. Elle poussa le cynisme jusqu'à faire taxer par ses douanes les aides humanitaires envoyées de par le monde pour soutenir le combat perdu d'avance par les travailleurs d'un secteur sur le déclin. Son âpreté à la rentabilité livra des pans entiers du secteur public à des entrepreneurs avides qui mirent la sécurité de côté pour se concentrer sur les dividendes. Le secteur ferroviaire connut ainsi ses plus tragiques accidents à la suite de son dépeçage. Pire, beaucoup de spécialistes imputèrent à la politique de Margaret Thatcher l'apparition de la vache folle. Son obstination lui commanda de rester sourde aux revendications légitimes des républicains irlandais. 10 patriotes moururent à la suite d'une grève de la faim qui émut beaucoup de démocrates. Cela n'empêcha pas la dame au coeur de fer de peser de tout son poids pour empêcher l'extradition du criminel Pinochet poursuivi pour crimes contre l'humanité. Solidarité des bourreaux oblige. Elle fut celle qui accusa Saddam de posséder des ADM. Ne pas oublier l'épisode de la guerre des Malouines! Mais la question essentielle, purement humaine est celle-ci: faut-il se réjouir de la disparition d'un être humain, fut-il la pire canaille qui ait existé sous la voûte azurée' Non, la mort n'est pas le pire châtiment pour celui qui a causé les malheurs de nombreux de ses semblables. L'échec de toute sa politique et de ses plans est la seule punition qu'il mérite.
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Posté Le : 17/04/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Selim M'SILI
Source : www.lexpressiondz.com