Algérie

Crimes contre l'humanité et religion



L'université dessciences islamiques Emir Abdelkader, la fondation Ben Badis et l'association du8 Mai 45 ont co-organisé, hier à Constantine, un rendez-vous commémoratif dehaute facture, assurément, à l'enseigne d'une problématique dont la formulation«Les crimes contre l'humanité au regard de la religion» implique, aussi, unelecture revisitée et surtout inédite des événements du 8 mai 45 en Algérie.L'assistancecompacte, qui s'est rassemblée au niveau de l'amphithéâtre Ben Badis,constituée essentiellement d'étudiants et d'enseignants de l'université dessciences islamiques, mais bien sûr, tout également, d'historiens, de chercheurset de quelques témoins vivants de la tragédie, était conviée, pour la première fois,au soleil de l'indépendance, à un regard croisé, à travers le prisme desreligions musulmane et chrétienne. Bien loin donc des redondancesmédiatico-politiques qui encombrent de manière cyclique, depuis des lustres,l'exercice douloureux de la mémoire en Algérie, devenu par la force desfatalités nationales un fonds de commerce, dans lequel se sont engouffréscertains, les événements du 8 mai 45 sont revenus cette fois-ci dans le gironde l'université, le lieu privilégié où peut se conceptualiser, enfin, une vraieréflexion.«Les crimes contre l'humanité au regard de la religion» est unconcept neuf, en tout cas, que le père Michel représentant de MonseigneurTeissier, archevêque d'Alger, a tenté de rendre lisible sur les traces d'unehistoire contemporaine plutôt tourmentée. «L'Eglise, dira-t-il, condamne lescrimes et la repentance est la moindre des croyances». Le père Michel, sur ceregistre, a adopté une posture humaniste qui est loin d'être partagée àl'évidence, aujourd'hui, par le personnel politique français. L'évolution duconcept de «crimes contre l'humanité» a permis au Dr Touakine de la fondationBen Badis de souligner, pour sa part, que l'islam est incriminé plus que deraison aujourd'hui sur le front du terrorisme international, alors que l'idéologiede ceux qui s'en réclament n'a rien à voir avec les préceptes religieux dédiésà la notion de djihad. A la vérité, le sentiment largement partagé hier àConstantine est que nos historiens ne produisant rien sur l'histoire del'Algérie en général et des événements du 8 mai 45 en particulier, ont laisséla voie libre à un discours univoque des historiens de l'autre rive de laMéditerranée. Depuis hier, assurément, les bonnes intentions oecuméniques ontencore de beaux jours devant elles à Constantine.


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