Algérie

Crime contre la nature



La fange boueuse charriée le long des affluents lors des dernières intempéries dans l?Algérois n?a pas manqué de mettre les services de voirie devant le fait accompli. Le dispositif de l?ONA, d?Asrout et de la DTP de la wilaya a été mis en branle pour débarrasser le plancher de la cité du triste décor. Un bourbier que les responsables ont eu l?ingénieuse idée de le transférer ailleurs : la grande bleue. Non seulement, on n?arrive pas à retenir la leçon, mais on pousse la bêtise plus loin. On l?entretient même avec effronterie. Au moment où l?on interdit les décharges anarchiques aux particuliers, les autorités locales donnent un bel exemple en portant un autre coup à l?environnement qui en pâtit déjà par ceux qui ont trouvé l?astuce de faire une autre fois dans le simplisme. A quoi bon se formaliser lorsqu?il n?y a qu?un pas à franchir entre les cours d?eau de Baïnem, Zghra ou Sidi El Kebir et les promontoires de la Corniche et de l?ex-Tir aux pigeons, par-dessus lesquels on balance les déblais ? La bourde a été consommée, et advienne que pourra, doivent se dire ceux qui n?en ont cure des conséquences qui peuvent en résulter de cette action de « nettoyage » éhontée, rebutante et répréhensible. Les écolos, quant à eux, peuvent bredouiller à l?envi s?ils le veulent, en voyant cette opération qui consiste à déplacer les milliers de tonnes de terre vers les criques et calanques qui jalonnent une partie de notre littoral avant d?être déversés dans la mer. Ils peuvent baragouiner le langage des Verts, si cela leur chante, qui sera inaudible par les portugaises ensablées des gestionnaires de la ville. Ils peuvent interpeller à tue-tête les édiles qui planchent sur un autre canevas que celui de la protection de nos rivages et de notre patrimoine forestier. Ils peuvent se mettre en rogne, si cela résorbe leur colère, avant de montrer du doigt ceux qui enfreignent les lois basiques en matière de préservation de l?environnement. Ils peuvent organiser des journées, ici et là, si cela leur plaît, pour expliquer le forfait commis contre la biomasse marine et les maillons de la chaîne écologique. Mais leur pouvoir réussira-t-il un jour à faire entendre raison les réfractaires ? Ceux-là mêmes qui agissent toute honte bue, contre Dame nature. Non sans tourner le dos à la mer.


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