Algérie - Revue de Presse

Cri de détresse des producteurs de lait cru



«Les vaches risquent de passer aux abattoirs» Les producteurs de lait cru viennent de décider de l’organisation, dans la capitale de l’ouest, d’une rencontre nationale qui intervient après la tenue d’un récent regroupement de professionnels et sur laquelle un sérieux espoir est mis. Cette rencontre doit déboucher sur des solutions permettant d’accompagner le développement de la filière qui agonise, selon les termes utilisés par un éleveur d’Oran qui estime que «si rien n’est entrepris dans l’immédiat, pour venir en aide aux producteurs de lait cru, beaucoup seront dans l’obligation de changer de profession».«On ne peut, dit-il, continuer à soutenir d’une manière indirecte la vente du litre de lait au consommateur à 25 Da parce que tout simplement le prix du lait, tel que fixé au consommateur par l’Etat, nous oblige à nous aligner, malgré nous, au même titre que les transformateurs de lait en poudre, qui eux, bénéficient d’un soutien de l’ordre de 15 DA par les pouvoirs publics alors que nous ne sommes soutenus qu’à hauteur de 7 DA». «La réalité, explique-t-il, est que nous perdons 25 DA chaque jour pour un litre de lait cru, à cause de cette concurrence déloyale entre la poudre de lait et le lait cru produit localement.» «Il y a quelque part un dysfonctionnement qui ne permet pas le développement de cette filière et ses dérivés», commente M. Benhorma, président de la chambre de l’agriculture de la wilaya d’Oran, sise à Misserghine. «Ce qui explique, dit-il, le pourquoi de ce dernier regroupement qui s’est tenu à Oran, il y a quelques jours, et qui a donné naissance à une association régionale qui vient de déposer son agrément au niveau du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales ouest des producteurs de lait, au demeurant, mal représentés». «Tout cela, indique-t-il, dans le but de créer une fédération nationale à même de prendre en charge les préoccupations des producteurs de lait cru et partant, pour résoudre les problèmes de la filière qui avait connu plusieurs secousses, notamment avec ce renchérissement subit des facteurs de production tels que l’aliment du bétail, les prix du médicament, l’augmentation de la valeur des génisses à l’importation, etc. Tout cela et bien d’autres facteurs ont contribué à l’augmentation du prix de revient du lait cru, dépassant souvent les 45 DA. Selon une étude faite par les professionnels, le plus paradoxal, disent-ils, est qu’»on se trouve pénalisés par rapport aux transformateurs de lait en poudre qui viennent de bénéficier, eux, d’une prime de soutien de l’Etat de 25 DA par litre alors que celle du lait cru reste inchangée depuis 1990". Cette situation a poussé de nombreux éleveurs de cheptel laitier à sortir de leur mutisme. Et c’est à M. Benchekoun, éleveur à Hassiane Toual, et néanmoins président de l’association des éleveurs laitiers d’Oran, de s’expliquer: «J’ai été dans l’obligation de réduire mon cheptel à cause de la cherté des aliments du bétail, des fourrages et de l’énergie. Il y a quelque part, un non-sens au risque de freiner toute une filière.» Même «les vaches risquent de passer aux abattoirs» Au niveau de l’administration des services agricoles de la wilaya d’Oran, on pousse plus loin le raisonnement. M. Benaouada, chef de service de l’organisation de la production et de l’appui technique, explique que ce n’est pas uniquement la filière du lait cru qui est compromise. «Il y a, dit-il, celle de la viande qui risque de subir les contrecoups avec cette envolée du prix du maïs qui est cédé, aujourd’hui, à 2.200 DA le quintal, soit une augmentation de 50 DA; du fourrage de base qui se négocie à 300 DA la botte, au bas mot, alors qu’il était écoulé, il y a peu, à moins de 250 DA la botte. Sans parler de la raréfaction des fourrages, ces derniers temps. Mais ce qui a donné un coup de massue à la profession, c’est aussi la conduite de l’élevage, comme le fera remarquer un cadre des services agricoles de la wilaya d’Oran, qui regrette énormément que la reproduction d’espèces animales puisse être médiocre. «A intervalles réguliers, dit-il, le vêlage -un terme usité par les vétérinaires, pour parler de la mise bas- est anormalement élevé puisqu’il dépasse généralement les 15 mois, au niveau de la wilaya d’Oran, alors que scientifiquement et physiologiquement, il doit être maintenu, selon la norme admise, à 12 mois, soit un coût supplémentaire de 3 mois de lactation pour les éleveurs». «Une lactation perturbée, explique-t-on, par l’absence de maîtrise technologique.» En clair, la perte de production nationale est de 30 litres par jour et par vache, rien qu’à ce niveau-là. «Jugez-vous même le manque à gagner!» lâche-t-il enfin. L’eau épurée, une aubaine pour le développement de la filière Il faut dire qu’avec la disponibilité d’un encourageant réseau de collecte, considéré parmi le plus important du pays et pouvant aider au développement de la filière, 12 collecteurs dont 9 sont de jeunes investisseurs, issus des instituts nationaux de formation (vétérinaires et biologistes), les capacités existantes (15 millions de litres par an et une collecte de 5 millions de litres), et la vocation lui permettent de doubler la production. «L’atout de la wilaya d’Oran, c’est de disposer, outre le milieu social au niveau de la zone de M’lata, d’une station d’épuration à El-Kerma qui peut aider, en perspective, à l’irrigation de 8.000 ha, d’où la possibilité de canaliser cette eau pour produire le fourrage vert et créer un marché fourrager, une aubaine pour les producteurs de lait si l’on considère que le lait est composé essentiellement d’eau. Et comme le dit bien un cadre de la DSA d’Oran, «ce n’est pas par des aliments séchés ou concentrés qu’on arrive à faire du lait en abondance mais avec de la terre et de l’eau, la terre pour contenir le cheptel et l’eau pour faire les fourrages. Mais en attendant, le recours à l’importation de lait en poudre, est d’un ultime secours.


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