Dans ce lycée d'Aïn Benian, à l'ouest d'Alger, les classes sont ouvertes aux quatre vents. Ici, la formule « les quatre vents » n'a rien de poétique. Pourtant, ça aurait pu. La Madrague et tout ce qui va sociologiquement avec inspire plutôt le confort tranquille. À équidistance de l'ostentatoire prospérité et de la misère cachée, la localité peut nourrir quelques fantasmes qui la détachent du pays ordinaire mais une fois évacués ces restos dont il ne reste que la légende et ces nouveaux tripots, on la retrouve dans tout ce qui fait le pays, le pays « profond » compris. Et à bien des endroits en premier, puisqu'il faut revenir à ce lycée, certainement à la suite de tous les autres, où les élèves grelottent même en gardant leurs gros habits. Ici souffle le vent « chronique » de la mer, il y a le froid de saison et les coups de fouet glaciaux venus d'on ne sait où. En ce moment, c'est le... moment et un peu plus. Beaucoup plus, peut-être, les classes ne sont pas chauffées et il faut ouvrir les fenêtres. L'aération fait partie du protocole sanitaire de reprise de l'école. C'est bien qu'on soit strict là-dessus, c'est même très bien. Il suffit juste que les radiateurs se remettent à fonctionner, sinon, songer à un autre moyen de donner de la chaleur et faire face aux vents froids. Sinon, ce n'est juste... pas possible. On meurt du Covid-19, on crève de froid aussi. On meurt aussi de chaleur, chaque jour que Dieu fait, l'actualité nous livre ses morts du monoxyde de carbone. On l'appelle le tueur silencieux. Comme si on avait besoin de ça, en plus de tous les autres assassins plus ou moins bruyants, plus ou moins incolores, plus ou moins inodores, plus ou moins indolores. Hier encore, un couple et leurs enfants sont partis dans leur sommeil. Comme ça, cruellement, bêtement. Ils ont dû se souhaiter bonne nuit en pensant au petit matin, au petit déjeuner dans la cuisine, au boulot et à l'école... à la vie, quoi. Il y a eu la mort, la leur et celle de beaucoup d'autres, à l'orée de chaque hivers, au milieu et tout près de son terme. Il y a ceux qui meurent parce qu'ils viennent d'acquérir un nouvel appareil. Il fallait entendre le bonhomme costumé qui sommait ses compatriotes de n'acheter que des chauffages vendus avec des... certificats de conformité ! On rêve, on hallucine ou on fait quoi quelque chose de plus grossier ' Ils étaient « conformes » dans les containers, ces engins mortels ' Et dans les magasins alors ' Il y en a qui meurent le jour de l'arrivée du gaz. Dans la journée, il y a eu les youyous de l'inauguration. Le lendemain l'horreur. Hier à la télé, quelqu'un expliquait (sérieusement) qu'il ne faut pas installer le chauffage tout seul sous prétexte que c'est facile. Il faut toujours faire appel à un... plombier ! Si vous n'avez pas compris pourquoi on peut mourir aussi bêtement, c'est maintenant fait. C'est plus cruel.S. L.
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Posté Le : 05/01/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com