Les patrons algériens sont sortis un peu plus rassurés à l'issue d'une
tripartite où ils ont été un peu mieux entendus par le gouvernement.
Et pour confirmer que le gouvernement a mis un bémol à son «
unilatéralisme » – formule polie du président du FCE pour dire qu'il n'en fait
qu'à sa tête – des mesures ont été annoncées portant sur un allègement des
mesures sur le Credoc et un soutien plus important de l'Etat – via le Trésor –
aux PME.
Acette tripartite, les organisations patronales, sur la même longueur d'ondes, étaient
venues pour exiger que l'on mette fin à une «discrimination» au détriment de
l'entreprise privée et que l'on sorte de «l'instabilité» de la législation
économique et d'un environnement des affaires peu incitatif. A cette
«impression» – c'est le terme utilisé dans le communiqué rendu public hier –, le
gouvernement répond par des promesses d'une «stabilisation de la législation
économique» mais aussi par des mesures qui vont dans le sens des demandes des
patrons. Même le Credoc, qui semblait intouchable, est désormais aménagé de
manière plus souple. S'agissant de l'environnement de l'entreprise, un groupe
de travail tripartite, dirigé par les services du Premier ministre, va
travailler et faire des propositions pour rapprocher l'Algérie «des normes
universelles». Les organisations patronales doivent également soumettre pour la
prochaine tripartite des propositions en matière de lutte contre la fraude
économique. Un autre groupe de travail tripartite, dirigé par le ministère des
Finances, va faire des propositions pour «alléger les procédures fiscales et
pour le rééchelonnement des dettes fiscales accumulées par de petites et
moyennes entreprises». Enfin, une concertation tripartite sur l'emploi sera
engagée sous les auspices du ministère du Travail «pour mettre en Å“uvre
l'engagement des organisations patronales à favoriser l'insertion des jeunes au
chômage avec le soutien de l'Etat à travers les contrats d'insertion aidée, ainsi
que l'accueil, au titre de la formation, des stagiaires, universitaires ou de
la formation professionnelle. Il a été également question de recommandations à
faire pour augmenter la participation des PME à la réalisation du programme
public du bâtiment, de la mise à niveau des PME, des incitations pour les
exportations hors hydrocarbures et pour l'accès des PME aux ressources
financières.
Le Credoc aménagé
Ces différents groupes de travail se déclinent comme autant de chantiers
dont les résultats ne peuvent être immédiats mais qui traduisent un changement
de cap du gouvernement qui a donné l'impression d'être très défiant à l'égard
des entreprises privées. Mais la tripartite a abouti également à des décisions
à effet immédiat ou rapide. La décision la plus «spectaculaire» concerne
l'allégement de l'obligation du recours au seul crédit documentaire pour
financer les importations. Le gouvernement a, en définitive, accepté de
distinguer entre l'importation des intrants pour les entreprises de production
de biens et de services et l'importation destinée à la revente en l'état. Une
distinction de bon sens réclamée aussi bien par les entrepreneurs que par les
experts. Ainsi, indique le communiqué de la tripartite, les «entreprises de
production de biens et de services pourront importer leurs équipements, intrants
et autres produits destinés à la production, en ayant recours à la remise
documentaire». En outre, le transfert libre pour financer les importations
urgentes de ces entreprises passe de 2 millions de dinars par an à 4 millions
de dinars.
Les importations «destinées à la revente en l'état demeurent soumises au
paiement par crédit documentaire» (Credoc), précise le communiqué, consacrant
ainsi une discrimination en faveur des producteurs qui n'offusque pas les
acteurs de la vie économique. Le Trésor
mis à contribution
S'agissant des dettes bancaires des PME, le gouvernement, tout en
soulignant qu'il s'agit d'une relation contractuelle entre les banques et les
entreprises, a décidé d'apporter sa contribution au rééchelonnement des
créances. Il a donc demandé aux banques de rééchelonner les créances des
entreprises en difficulté de paiement avec un différé de trois ans dont les
intérêts seront pris en charge par le Trésor public. Celui-ci est «autorisé» –
ce qui veut dire incité – à participer à la bonification des crédits d'investissements
aux petites et moyennes entreprises. Les banques de la place sont « encouragées
» à « préserver le taux d'intérêts de 5,5% qu'elles appliquent pour les crédits
à l'investissement », à charge pour le Trésor public de prendre en charge une «
bonification de 2% sur cet intérêt applicable aux crédits bancaires
d'investissement aux petites et moyennes entreprises ». Les banques sont
également invitées à « accorder un différé sur les crédits aux petites et
moyennes entreprises exclusivement destinés à l'investissement ». «Ce différé
sera de 3 années sur les crédits d'investissements à moyen et long terme (5 à 7
ans) et de 5 années sur les crédits à long terme (plus de 7 ans)», indique le
communiqué en précisant que le Trésor «prendra en charge les intérêts
intercalaires de ces périodes de différé». De quoi satisfaire les organisations
patronales qui découvrent un gouvernement plus «attentif» à leurs
préoccupations.
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Posté Le : 30/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com