Le décret d'application des crédits logements à taux bonifiés est paru au
Journal officiel. Combien pourront en profiter ?
Un décret fixant les niveaux et les modalités de mise en Å“uvre des taux
bonifiés pour l'acquisition d'un logement et la construction d'un logement a
été publié dans le Journal officiel daté du 14 mars. Les taux d'intérêt
applicables par les banques et établissements financiers pour la construction
d'un logement rural ou l'acquisition d'un logement promotionnel collectif sont
de 1% par an pour ceux dont les revenus se situent entre 12.000 et 72.000
dinars, soit de un à six fois le salaire minimum garanti. Pour les revenus de
plus de 72.000 dinars à 144.000 dinars, le taux d'intérêt applicable est de 3%
par an. Le Trésor public prendra en charge le différentiel entre le taux d'intérêt
du marché et le taux d'intérêt à la charge du bénéficiaire du taux bonifié.
Le décret exécutif précise que
les «banques et les établissements financiers arrêteront, en relation avec la
direction générale du Trésor, un taux préférentiel pour la détermination de ces
taux de bonification et ce, pour chaque catégorie de logement». Le financement
de la bonification accordée par les banques et établissements financiers sera à
la charge du Trésor. «Le coût de financement de la bonification précomptée par
les banques et les établissements financiers est imputé par le Trésor au compte
d'affectation spéciale n°302-132 intitulé «Fonds de bonification du taux
d'intérêt sur les crédits accordés aux ménages pour l'acquisition, la
construction ou l'extension d'un logement ainsi qu'aux promoteurs immobiliers
dans le cadre des programmes soutenus par l'Etat», indique l'article 6 du
décret. Pour rappel, les crédits logements à taux bonifiés avaient été décidés
en faveur des fonctionnaires dans le cadre de la loi de finances complémentaire
2009 et ont été élargis par la suite aux salariés du secteur économique public
et privé.
La mise en Å“uvre de ces taux
bonifiés entraînera-t-elle un changement dans l'accès aux crédits ? Pour
certains spécialistes, elle peut élargir le nombre de ceux qui peuvent y
prétendre sans entraîner un chamboulement dans ce domaine. Le prix du logement
étant excessivement cher - 900 millions de centimes le F3 à Bab Ezzouar ! -, le
prêt que peut espérer quelqu'un qui dispose de trois ou quatre fois le SNMG ne
sera guère suffisant.
Prix européens, salaires africains
Le taux de 1% permettrait sans
doute à ceux qui ont des revenus situés entre 6000 et 72.000 dinars d'en
profiter. Payer 1% pour un appartement de 10 millions de DA sur la base d'un
crédit de vingt ans à taux de 6 à 7% est intéressant. Mais combien d'Algériens
réunissent les conditions de revenus - l'âge également est un paramètre pour la
durée de l'emprunt - qui leur permettent de prétendre à ce crédit. Un smicard
fois deux peut-il prétendre à un crédit sur un appartement de 10 millions de DA
? On peut en douter… Pour comprendre à quel point la situation algérienne est
«anormale », il faut savoir que cinq fois ou six fois le smic en Europe (il est
à 1056 € net en France), est un salaire de cadre supérieur qui n'a aucun
problème pour accéder au crédit. Comparaison n'est pas raison, dit-on, mais
comme les prix de l'immobilier dans les grandes villes algériennes est
comparable à ceux d'Europe, on prend parfaitement la mesure du problème. De la
quadrature du cercle: les prix des logements s'approchent de ceux des économies
avancées et les revenus fixes sont africains. Les mesures de soutien aux taux
ne sont pas négligeables mais elles ne peuvent avoir qu'un effet marginal. Le
vrai enjeu ne se situe pas dans le soutien au taux de crédit - même si c'est
une bonne chose - mais bien de peser sur l'offre et le coût du logement...
Dans les conditions algériennes -
salaires et prix du logement - les ménages qui peuvent s'endetter pour accéder
à la propriété ne sont pas très nombreux. Une politique de résorption de ce
déficit en matière d'habitat implique un effort national massif et majeur. Cela
suppose qu'on aura décidé que loger les gens est une priorité beaucoup plus
forte que construire des autoroutes. «Puisqu'on importe tout, importons des
logements plutôt que des kilomètres d'autoroutes sur lesquels circuleront des
voitures importées roulant avec de l'essence importée», disent les
contradicteurs de la politique actuelle.
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Posté Le : 05/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com