Algérie

Crédibilité politique et légitimité formelle



En trois semaines, l'Egypte a replongé dans l'ambiance révolutionnaire qui avait abouti à la chute de l'ex-président Hosni Moubarak et de son régime. Pis, le niveau de violence est sans commune mesure avec ce que le pays avait vécu début 2011. Quelque 270 morts, dont 66 durant la seule journée d'hier, sont à déplorer depuis l'évincement par l'armée, le 3 juillet, de Mohamed Morsi. Le même constat vaut pour la Tunisie, berceau du Printemps arabe, qui enregistre un deuxième assassinat politique en six mois, commis avec la même arme et imputé aux islamistes. Là aussi, l'avenue Bourguiba, à Tunis, a renoué avec les mouvements de foule de décembre 2010-janvier 2011 alors que le mouvement Tamarrod (rébellion), inspiré précisément du Caire, se propose de renverser le pouvoir d'Ennahda, comme pour faire avancer la révolution du Jasmin au même rythme que celle qui a cours aux abords du Nil. Même la Libye voisine, bien que sans traditions en matière de vie politique ou institutionnelle, semble d'apprêter à prendre le train de cet acte II du Printemps arabe.Au Caire, à Tunis comme à Tripoli, il s'agit à présent de battre le pouvoir hégémonique des Frères musulmans qui, dans les trois pays, pourtant, sont arrivés aux commandes par la voie électorale. L'Histoire nous apprend que dans des contextes révolutionnaires, comme ceux en vigueur dans ces pays, les pouvoirs sont toujours plus appréciés à l'aune de leur crédibilité politique que de leur légitimité juridique. Les peuples auraient pu s'accommoder, pour un temps, de gouvernements incapables de répondre à leurs aspirations matérielles immédiates, mais pas de pouvoirs qui tendent, au nom de la seule légitimité formelle, à reconduire les pratiques autoritaristes des régimes déchus. Or, c'est exactement à ce jeu que se sont essayés les Frères musulmans en Egypte durant le règne de Morsi. Les institutions ' C'est eux. La Constitution ' C'est eux. La révolution ' C'est encore eux. Les autres ' Des résidus du régime de Moubarak. S'il fallait une preuve que l'islamisme n'est pas soluble dans la démocratie, elle nous vient à présent d'Egypte, ce berceau de l'islamisme mondial.
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