Algérie - Revue de Presse


Fidèle à une tradition instaurée depuis ces dernières années à l'occasion de chaque mois de Ramadhan, le président Bouteflika a entamé dimanche le cycle « des auditions des ministres ». Le coup d'envoi a été donné avec l'examen des secteurs des finances et de l'énergie. A l'instar des années précédentes, ces examens (de passage ou de rattrapage ') que la presse qualifie « d'oraux du gouvernement », l'édition de cette année se déroule suivant la même procédure : un long communiqué truffé de chiffres sur les réalisations et les progrès enregistrés par les différents secteurs d'activité, lu à la télévision au JT du soir par le même journaliste commis d'office à la présentation des communiqués officiels, communiqué illustré par des images d'archives. Aucune image du président de la République recevant les ministres.Cette entorse à une règle bien établie du côté du boulevard des Martyrs ne manque pas de susciter interrogations et commentaires. Pourquoi l'ENTV, qui n'a jamais été prise en défaut de ratage d'une activité présidentielle, même lorsqu'il s'agit de l'agenda routinier du président de la République qui ne nécessite pas, au demeurant, une quelconque médiatisation, fait-elle donc l'impasse, au plan de l'image, sur les auditions des ministres par le président de la République ' Il y a là comme une énigme qui n'est pas sans déteindre sur la crédibilité même de ce genre d'exercice. D'un côté, on médiatise à souhait le contenu du long communiqué débité d'une voix monocorde et entrecoupé de chiffres et de paraboles triomphalistes qui suscitent des moues dubitatives tant ils contrastent avec la réalité du terrain, et, de l'autre côté, on censure les images du président et des ministres. Pourquoi 'Cette stratégie de communication à deux vitesses privilégiant le texte sur l'image face à un événement et dans un système d'information institutionnelle où tout ce qui a trait à l'institution présidentielle est érigée en dogme ne laisse pas, à l'évidence, indifférent. Et comme la nature a toujours horreur du vide et que tout ce qui est dissimulé est fatalement frappé de suspicion, beaucoup de choses sont dites sur ces auditions sans images. D'aucuns vont même jusqu'à jurer que tout n'est que mise en scène : que les ministres ne sont pas reçus à El Mouradia mais sont seulement invités à transmettre des rapports d'activités sur leurs secteurs respectifs à la présidence de la République lesquels seront lus, accompagnés des observations du président de la République. Où est le vrai du faux ' Rien ne pourra remplacer la puissance de l'image.Pour démentir certaines rumeurs ayant trait à sa famille, le président Bouteflika avait été amené à recourir à la télévision en exploitant certains événements comme on l'a vu avec l'audience accordée à la star du football Zinedine Zidane. Au-delà de l'intérêt de ce genre d'initiative qui intervient un mois de Ramadhan peu propice à l'effort et à la réflexion, et qui fait doublon avec les travaux d'autres cadres ' organiques, ceux-là ' prévus par les textes et que sont les conseils des ministres et de gouvernement dont c'est la vocation de débattre, de donner des orientations et de prendre des décisions concernant la vie nationale, il y a un réel effort à faire au plan de la communication pour crédibiliser un tant soit peu ces auditions. A moins qu'il ne s'agisse que d'un simple effet d'optique pour faire illusion, pour montrer que le président de la République ne prend pas de vacances et travaille même quand tout le pays est plongé dans la plus symptomatique période de somnolence : le Ramadhan.


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