Il était prévu au départ que la Banque maghrébine d'investissement soit dotée d'un capital de 500 millions de dollars, (www.financialafrik.com parle de 500 millions d'euros), dont 150 millions de dollars souscrits lors de sa création, répartis à part égale entre actionnaires des Etats de l'Union, dont l'accord cadre portant sa création a été signé en 1991 et le statut approuvé en 2006. Selon un communiqué de l'Agence tunisienne en date du 20 décembre 2015, la Banque maghrébine sera inaugurée à Tunis, après 25 ans de retard. Une réunion de l'Assemblée générale constitutive de cette banque est prévue, à Tunis en présence du chef du gouvernement, du ministre des Affaires étrangères tunisien, des gouverneurs des Banques centrales maghrébines, des ministres des Finances et de hauts responsables des Etats membres de l'UMA.L'institution bancaire, qui siègera à Tunis, financera des projets d'investissement, de développement et d'infrastructure en Tunisie, au Maroc, en Algérie, en Mauritanie et en Libye. Elle entend également instaurer une économie intra- maghrébine à travers le renforcement des échanges commerciaux et de la circulation des biens et des capitaux entre les pays de l'UMA. La banque peut créer des filiales, agences ou bureaux à l'intérieur ou à l'extérieur des Etats de l'Union. Pour atteindre les objectifs stratégiques de l'intégration, cette création n'est qu'une petite étape, je considère que le projet de l'intégration maghrébine ne sera réalisable que si les gouvernements du Maghreb ont une vision commune de leur devenir face aux enjeux de la mondialisation. 1.-Les économies maghrébines marginalisées au sein de l'économie mondiale Le Maghreb a un poids économique insignifiant au sein du commerce mondial et même les échanges intra- maghrébines sont dérisoires moins de 3% de leurs échanges globaux. Or l'Europe du Sud (Italie ? France ? Grèce ? Espagne) totalisent plus de 170 millions d'habitants (horizon 2010). L'Algérie, le Maroc , la Tunisie, la Libye e tla Mauritanie totalisent plus de 90 millions d'habitants. Si on l'on inclut les riverains méditerranéens dont la Syrie, le Liban, Israël, l'Egypte, Malte, la Turquie, l'Albanie, la Libye et l'ex Yougoslavie, nous aurons une population qui dépasse les 500 millions. Cette région est frappée actuellement par une récession économique et le coût de la non intégration qui selon le FMI fait perdre 2/3% de taux de croissance annuellement, devant s'accroître à l'avenir. Nous assistons à un écart croissant entre les pays de l'UMA ayant un revenu PIB global qui ne dépasse pas en 2014, 420 milliards de dollars face à un PIB des USA de 17416 milliards de dollars pour une population de 320 millions d'habitants (2014) ou de l'Union européenne qui dépasse les 18412 milliards de dollars pour une population de 500 millions d'habitants, soit un taux du PIB maghrébin par rapport à ces espaces d'environ 2%, alors que la Belgique avec 11 millions d'habitants a un PIB supérieur à 520 milliards de dollars US. L'intégration si elle se réalise sur des bases solides pourrait voir multiplier le PIB dans 5 années par trois ce qui le ramènerait seulement au PIB de la Corée du Sud. Cette récession s'explique par différents facteurs dont le manque d'homogénéisation économique pour des raisons historiques, politiques économiques et sociologiques et qui fait fuir les capitaux vers d'autres cieux plus propices à un moment où la concentration des échanges est dans le Nord, la Chine accaparant plus de 5O% pour la zone Sud. Mais la raison essentielle est le retard pris dans les réformes politiques, institutionnelles et économiques biens que certains pays du Maghreb aient largement réussie la stabilisation du cadre macro-économique condition nécessaire mais largement insuffisantes. C'est que les entreprises au Maghreb sont fortement imbriquées dans le système administratif lieu de relation de clientèles avec un pouvoir bureaucratique jacobin devant penser à une réelle décentralisation, voire à une régionalisation économique. Cette organisation spécifique où l'autonomisation de la décision économique est faible engendre peu d'innovation, d'esprit d'entreprise. Aussi certaines entreprises publiques ou privées sous traitant ce secteur, avec la domination pour ces dernières d'organisations familiales, vivant du transfert de la rente, exercent des pressions pour accroître le protectionnisme néfaste à terme et sont peu enclins à la concurrence internationale. Mais il faut reconnaître que depuis quelques temps avec la formation plus élevée, et l'ouverture sur l'extérieur, nous assistons à la naissance de nouvelles entreprises mues par de véritables entreprenants. Pourtant les multitudes pressions administratives ne leur permettent pas la créativité et l'imagination. Ainsi la seule sphère réellement autonome vis à vis des sphères du pouvoir est la sphère marchande ou industrielle informelle. Du point de vue des relations maghrébines, cela explique qu'au lieu que l'intégration soit dominée par des économies contractuelles ou organisées, nous assistons à une dynamique informelle caractérisée par une identité culturelle qui permet à des milliers de maghrébins surtout aux frontières de contourner la myopie des bureaucraties nationales. La raison essentielle trouve un fondement socio-historique qui rend d'actualité les analyses ibn khaldouniennes avec le poids du politique dans les sociétés maghrébines accentué par des structures tribales qui se consolident en période de récession économique. Il s'agira impérativement d'intégrer cette sphère dominante au niveau du Maghreb par la délivrance des titres de propriété devenant citoyenne, car acquise aux réformes pouvant constituer une force sociale dynamisante. Dès lors s'impose la nécessité d'une véritable révolution culturelle pour inculquer l'esprit d'entreprise et libérer l'ensemble des énergies créatrices. Au niveau des pays du Maghreb cela passe coordination des politiques commerciales, fiscales, douanières, des banques centrales. Ainsi parallèlement à la mise en place de la banque maghrébine d'investissement fin décembre 2045, il serait souhaitable à terme la mise sur place d'une banque centrale maghrébine (condition préalable avant de lancer une monnaie maghrébine) qui serait un maillon du système européen des banques centrales et à l'avenir du projet de la banque et bourse centrale euro-méditerranéenne horizon 2020. 2.-L'intégration maghrébine, une urgence de l'heure Face aux bouleversements mondiaux, aux grands espaces économiques, l'accélération des réformes économiques conciliant efficacité économique et cohésion sociale et la démocratisation du Maghreb passe au préalable par l'instauration d'un Etat de droit qui peut dans une première phase ne pas recouper la démocratie. Comme cette intégration est une condition pour une négociation collective efficace pour un véritable co-développement, un partenariat gagnant/gagnant avec les pays développés et émergents et plus globalement pour éviter ce dualisme Nord ?Sud préjudiciable à l'avenir de l'humanité. Force est de reconnaître que le processus de Barcelone a eu des résultats pour l'instant mitigés, la responsabilité de l'Europe et du Maghreb étant partagée du fait d'une gouvernance qui au Maghreb souvent laisse à désirer et d'une vision strictement mercantile de l'Europe. Or, la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident, le dialogue des cultures et la tolérance est source d'enrichissement mutuel, étant dangereux pour le Nord de s'enfermer dans un ghetto qui enfanterait inéluctablement la violence. La mondialisation est un bienfait pour l'humanité à condition d'intégrer les rapports sociaux et ne pas la circonscrire uniquement aux rapports marchands en synchronisant la sphère réelle et la sphère monétaire, la dynamique économique et la dynamique sociale. L'élément culturel souvent négligé est selon notre point de vue fondamental, impliquant de synchroniser les réformes et la démocratie tenant compte des anthropologies culturelles afin d'éviter la greffe d'un organe étranger sur le corps social ce qui entraînerait un rejet avec d'importants traumatismes économiques et sociaux. C'est que les relations horizon 2015/2O20 doivent s'inscrire au sein de l'espace méditerranéen. Je pense fermement depuis de longue décennies et après analyse (1) que l'intensification de la coopération entre l'Europe- et le Maghreb, le Maghreb et les Etats-Unis d'Amérique, le Maghreb et les pays émergents fondée sur la démocratisation de la région, le partenariat, l'introduction de l'investissement direct permettrait, de bouleverser ces comportements et les inscrire dans une perspective dynamique et faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité. C'est que l'espace méditerranéen peut être ce lieu de création de réseaux rationnels. (A suivre)
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 25/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com