Algérie

Création d’une base US en Afrique



Revoyant leurs prétentions à la baisse, les stratèges militaires américains remettent à plus tard la création d’une base pour accueillir le siège de l’Africom sur le continent, dans l’espoir de tempérer les ardeurs des pays opposés à ce projet, pour probablement revenir à la charge au moment opportun. Malgré l’accord officiel du Liberia et la disposition du Maroc à abriter la base militaire devant servir de siège au commandement général de l’Africom, le Pentagone a décidé de différer à une date ultérieure la construction de cette installation, voire l’implanter ailleurs. Le refus de nombreux autres pays, notamment l’Algérie et le Nigeria, a pesé lourd dans la décision des hauts responsables militaires américains, qui ont opté à son maintien temporaire à Stuttgart en Allemagne, en attendant d’y voir plus clair. Il faut dire qu’en dépit de toutes les pressions, argumentées par la menace sécuritaire planant sur la région du Sahel, et les propositions alléchantes, Washington n’a pas réussi à convaincre ses interlocuteurs, à l’exception des deux pays cités précédemment.
C’est dire les limites de l’influence des Américains dans le monde à travers la présence militaire. Il n’en demeure pas moins que ce renoncement n’est que temporaire, car les intérêts américains dans la région sont trop importants pour que cette histoire d’installation du commandement de l’Africom sur le continent soit mise au placard définitivement. Outre le volet sécuritaire, qui est mis officiellement en avant par les États-Unis, il y a surtout le côté économique, en l’occurrence le pétrole, qui est derrière cette détermination à concrétiser ce projet. La concurrence chinoise dans ce domaine devenant de plus en plus grande, comme le montrent les échanges spectaculaires entre Pékin et les pays africains, qui se sont multipliés par vingt en six ans. Les Américains ne veulent pas que la percée économique des pays asiatiques en Afrique, car il y aussi sur les rangs l’Inde, qui s’est faite sur le dos de l’Europe, se fasse également à leur détriment. Il est hors de question que les richesses pétrolières africaines leur échappent, d’autant plus que dans dix ans, “25% du pétrole importé par les États-Unis viendront d'Afrique, contre 18% actuellement, dépassant déjà les quantités de pétrole importées du Moyen-Orient (17%)”, selon l'économiste français Michel Rogalski, chercheur au CNRS. Un récent communiqué du département d’État américain a mis l’accent sur l’importance du rôle de l’Africom, lequel sera chargé d'entretenir des relations avec 33 pays africains, en plus des ambassades et consulats, attachés militaires, du Groupe d'intervention mixte de la Corne de l'Afrique ainsi que des divers autres centres de commandement. Pour le Centre d'études stratégiques et internationales américain,  “un centre de commandement robuste consacré à l'Afrique peut obtenir des résultats importants dans les domaines diplomatique et militaire tant pour les États-Unis que l'Afrique”. Cela est corroboré par le commandant réserviste Robert Munson, de l'armée de l'air, lequel estime que l'Africom est nécessaire pour appuyer la politique africaine des États-Unis. Dans un numéro de la revue Strategic Studies, il indique que “la création de ce centre ne traduit pas une grande mutation de la politique des États-Unis. L'Africom devrait améliorer la coordination et contribuer à incorporer de nombreux éléments disparates de la politique étrangère des États-Unis dans un ensemble plus cohérent”. Il ne fait aucun doute que ce renoncement n’est que tactique et que le Pentagone reviendra à la charge pour le concrétiser, tant les intérêts américains en Afrique sont importants et ne peuvent être ignorés. En tout état de cause, si la base de l’Africom n’est pas installée en Afrique, il est avancé l’idée qu’elle le sera dans l’endroit le plus proche possible, en l’occurrence la côte orientale de l’Amérique latine.


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