On attendait des dirigeants de l'Union africaine, réunis ce week-end à Addis-Abeba, qu'ils s'inquiètent des feux qui s'allument un peu partout sur le continent et de tenter de les éteindre.Mais instinct de survie oblige, ils ont consacré leur conclave à réfléchir sur la meilleure recette qui leur permettrait d'asservir, réprimer et tuer leurs peuples sans risque de tomber sous les fourches caudines de la Cour pénale internationale (CPI). CPI, voilà un sigle sur lequel cauchemardent, ces derniers mois, nombre d'autocrates africains. La Cour, qui est aux trousses du général soudanais Omar El Béchir depuis 2011, coupable de «crime contre l'humanité», est devenue un épouvantail.
Un fantôme aussi pour le président kényan, Uhuru Kenyatta, et le vice-président, William Ruto, qui sont, eux aussi, sous le coup de poursuites de la CPI pour crime contre l'humanité depuis 2011. Il fallait donc se serrer les coudes entre dictateurs et organiser la riposte, conscients que nul n'est désormais immunisé contre une plainte à la CPI.
Ce fut un concert de lamentations de potentats africains vexés de ce que leurs longs règnes ponctués de crimes et parfois de massacres puissent leur revenir au visage comme de cinglants boomerangs.
C'était le seul enjeu «démocratique» de ce coup de sang de Paul Biya, Blaise Compaoré, Joseph Kabila et consorts.
L'auguste sommet de l'Union africaine a ainsi dénoncé le traitement «injuste» infligé par la CPI à ses dirigeants.
En clair, ce club de présidents mal élus, et de rois sans couronne qui ont mis leurs peuples sous leur botte, veulent que leurs crimes soient étouffés. Réprimer et tuer sans coup férir'
«Loin de promouvoir la justice et la réconciliation (...), la CPI s'est transformée en instrument politique visant l'Afrique et les Africains», a accusé le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Impressionnant'
Le Premier ministre de ce même pays éthiopien, Hailemariam Desalegn, a carrément forcé le trait, accusant la CPI de «chasse raciale».
Ces coups de sang auraient pu être crédibles et soutenus, si ces dirigeants disposaient de légitimité démocratique.
Or, l'addition des règnes de quelques potentats africains équivaut presque l'âge des Etats-Unis'
La réalité c'est celle là. Le prix Nobel de la paix sud-africain, Desmond Tutu, a envoyé un «missile» plein de bon sens à ces dirigeants africains. Ils «cherchent en réalité un permis de tuer, de mutiler et d'oppresser leurs peuples sans conséquences».
Pour Desmond Tutu, «l'Afrique a souffert des conséquences des actes de dirigeants irresponsables depuis trop longtemps pour pouvoir se laisser tromper de cette manière».
L'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, n'en pense pas moins. Le débat à l'UA visait, d'après lui, davantage à protéger les «dirigeants» que les «victimes».
Réponse du ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Karti : «Les pays africains ont leurs propres mécanismes judiciaires, qui s'avèrent être bons, meilleurs que les Européens.» Faut-il en rire ou en pleurer '
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Posté Le : 13/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hassan Moali
Source : www.elwatan.com