«La fin justifie les moyens.» MachiavelLa nouvelle est tombée brutalement sur le fil vers 10 heures 30 sur les écrans des télévisions européennes d'information continue. Pour certaines chaînes généralistes, c'est un sous-titre au bas des programmes en cours qui donne l'ampleur de la catastrophe: un avion Airbus 320, reliant Barcelone à Düsseldorf, vient de s'écraser sur un massif alpin, en territoire français à proximité d'une bourgade dénommée Barcelonnette: une coïncidence que beaucoup interpréteraient comme un signe du destin. Aussitôt, avec une rapidité ahurissante les rédactions des télévisions de l'Hexagone dépêchent leurs équipes de reportage: une armada de cameramen et de journalistes investissent le camp provisoire installé au pied du massif inaccessible où a eu lieu la catastrophe qui a mis fin à la vie de 144 passagers et de six membres d'équipage. Sur un plateau léché par les brumes, des baraquements provisoires ont été installés pour abriter les divers éléments qui vont intervenir dans ce drame: l'armée et ses hélicoptères, les gendarmes et leurs hélicoptères et les chiens de montagne, 366 sapeurs-pompiers et la meute des journalistes à l'affût des précisions sur l'origine et les circonstances de la tragédie. Une vague de fièvre s'est emparée des plateaux télé où les présentateurs affichent des mines et un ton de circonstance. Comme dans un film d'horreur, l'annonce est d'abord sèche et impersonnelle, puis petit à petit la tension monte au fur et à mesure que les détails qui parviennent apportent leur lot de précisions. C'est l'intervention rapide du président de la République française qui donne le ton de la solennité du drame en annonçant l'accident, en présentant ses condoléances aux familles des victimes, en les assurant de sa solidarité et en faisant état des messages qu'il a adressés à la chancelière allemande et au roi d'Espagne qui sont concernés en premier lieu par la catastrophe. L'Assemblée française est aussi sollicitée et se manifeste par une minute de silence et un message de solidarité. Le Premier ministre (sans sa kippa) et le ministre de l'Intérieur français président une cellule de crise. Sur les plateaux télés, les spécialistes de l'aviation civile et les journalistes scientifiques sont mis à contribution pour éclairer le téléspectateur. On décortique le curriculum de l'avion: sa date de naissance, son état et la date de sa dernière révision. Sur le terrain, ce sont les responsables des corps constitués qui sont interviewés. Des scènes des deux aéroports concernés par ce vol avorté sont transmises pour ajouter à la dramaturgie la note qui manquait: le deuil des familles des victimes. Des croquis montrant le plan de vol de l'appareil sont accompagnés des commentaires et des hypothèses sur le crash. Cela nous change un peu de l'indifférence et de la désolation qui entourent les catastrophes des pays du Sud. Il faut vraiment que le jeu en vaille la chandelle pour qu'un tel investissement dans la couverture du drame ait lieu: il y va de l'avenir et du succès commercial de l'Airbus dont la construction est commune à la France et l'Allemagne. Puis, on sait bien que les grandes catastrophes font remonter les responsables politiques dans des sondages peu élogieux à cause du chômage et de la politique économique.amirasoltane08@live.fr
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Posté Le : 26/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amira SOLTANE
Source : www.lexpressiondz.com