Algérie

Couturiers de quartier contre importation chinoise : Le business des drapeaux



Couturiers de quartier contre importation chinoise : Le business des drapeaux
Ammi Slimane, couturier à la retraite, Samira, installée dans sa chambre ou M. Abdellah, de la Broderie Royale, ont tous un point en commun : face à la déferlante illégale de fanions et drapeaux « made in China », ces Algériens résistent en fabriquant, avec ou sans agrément, l'emblème national sur mesure. Un vrai succès. De mémoire d'artisan algérien, jamais l'emblème national ne s'est aussi bien vendu ! Dans tous les coins de rues, dans les magasins de sports, chez les buralistes, sur les trottoirs' et même dans les épiceries, drapeaux et fanions se vendent à partir de 100 DA. Un véritable sport national où les grands grossistes se disputent le marché avec les petites couturières des cités. « Depuis le début des qualifications pour la Coupe du monde, des commerçants se sont intéressé au business du drapeau, des commandes ont été faites en Chine, révèle le patron d'un atelier de confection à Alger, un des rares à résister à la concurrence chinoise. J'ai décidé de mettre en stand-by la « fabrication des hidjabs pour l'hiver, l'objet de mon commerce, pour me consacrer à la confection des drapeaux algériens », confie-t-il souriant.Et il n'est pas le seul à avoir flairé cet engouement pour l'emblème national. Ammi Belkacem, un couturier qui avait fait le bonheur des Algéroises dans les années 1970 en lançant la jupe porte-feuille, alors qu'il avait fermé son atelier situé en pleine Casbah dans les années 1990, vient de rouvrir il y a à peine un mois. Et les affaires marchent très bien. « Le petit drapeau me coûte 25 DA, je le vends à 80 DA aux grossistes » et de poursuivre : « Je fais bosser trente jeunes filles et nous fabriquons quelque 300 drapeaux par jour. » Ammi Ali, la soixantaine, a, lui aussi repris ses travaux d'aiguille à aiguille pour relancer les activités de son atelier à Soustara. « Pour l'instant, j'ai embauché quinze jeunes filles et je fabrique quelque 200 drapeaux par jour. » Malgré la concurrence des drapeaux algériens « made in China », les artisans algériens résistent, même' sans autorisation du ministère du Commerce. Ammi Slimane, couturier à une retraite forcée, installé dans un petit atelier d'El Harrach, est, depuis ces derniers jours, très sollicité par les jeunes qui lui commandent des drapeaux sur mesure.De préférence de grande format ! Son prix ' 3000 DA pour un « trois mètres sur deux ». Un prix imbattable puisque la Broderie Royale, une entreprise spécialisée et agrée dans la fabrication des drapeaux, le cède à' 6000 dinars ! « C'est notre promotion à l'occasion du match », nous a déclaré M. Abdellah, le chargé commercial de cette entreprise. Mais le porte-parole de la Broderie royale insiste sur la qualité de leurs produits : « Nous confectionnons le drapeau selon les normes officielles. Quant au croissant et l'étoile, ils sont brodés et non cousus ! ». Cette entreprise, qui a été sélectionnée dans l'opération « 1 million de drapeaux » lancé par la radio algérienne l'année dernière, doit aujourd'hui faire face à une grande concurrence informelle de la part des ateliers de confections non agrées mais aussi par les couturières. Nawel, à Bab Ezzouar, a même été victime de son succès.« J'ai été obligée de baisser le rideau car je ne suis plus en mesure de répondre à la demande. Je le fabriquais pour 100 DA. Quant au tissu, c'était au client de le ramener », confie-t-elle. Son local atelier était devenu en l'espace de quelques temps un lieu de rencontre pour les supporters de Bab Ezzouar. Son voisin, vendeur de tissus, nous parle carrément de « pénurie ». Les tissus, de couleur blanche, rouge et verte, sont devenus introuvables. Samira, elle, a monté, il y a deux mois, son atelier de confection du drapeau algérien dans sa chambre. C'est son frère Hafid, qui s'occupe des commandes auprès des jeunes de son quartier. Cette semaine, une commande un peu spéciale est arrivée' Pour samedi, le challenge est de réaliser un drapeau de vingt mètre sur dix. Son coût est estimé à plus de 30 000 dinars. Et pour cela, Nawel touchera 2000 DA.Un vrai problème mathématiqueSelon l'annexe de la loi 63-145 du 25 avril 1963, portant caractéristique de l'emblème national algérien, « Le drapeau de la République algérienne démocratique et populaire est constitué par un rectangle vert et blanc frappé d'une étoile et d'un croissant rouge. Le vert doit être d'une composition à égalité de jaune et de bleu ayant, selon le diagramme de contraste de Rood, une longueur d'onde de 5.411 et la position 600 sur le spectre normal. Le rouge doit être pur, de couleur primaire indécomposable, et exempt de bleu et de jaune ayant selon le diagramme sus-indiqué, une longueur d'onde de 6.562 et la position 285 sur spectre normal. La longueur du rectangle est égale à une fois et demie sa largeur (hauteur du drapeau). Ce rectangle est divisé selon la petite médiane en deux moitiés. La moitié de couleur verte est placée à l'intérieur contre la hampe. La moitié de couleur blanche est placée à l'extérieur. L'étoile est à cinq branches. Elle est inscrite dans un cercle dont le rayon est égal au huitième de la hauteur du drapeau. Elle se détache entièrement sur le fond blanc du drapeau, deux pointes sont sur la petite médiane du rectangle et une pointe sur la grande médiane. Le rayon du cercle extérieur du croissant est égal au quart de la hauteur du drapeau. Le rayon du cercle intérieur du croissant est égal au cinquième de la hauteur du drapeau. Les deux pointes du croissant délimitent un grand arc égal aux cinq sixièmes de la circonférence du cercle extérieur. Le centre du cercle extérieur du croissant est au centre du rectangle. »


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