Court-métrage

Société ? Imining, ou exil, est un court-métrage, signé Menad Embarak. Ce film de fiction traite d'un sujet d'actualité?: l'envie de partir, de quitter son pays.Imining raconte l'histoire d'un jeune informaticien, vivant avec sa mère paraplégique, ayant perdu son père assassiné, travaille dans une menuiserie. En manque d'accomplissement, il rêve à d'autres cieux plus cléments et favorables à son bien-être, donc à son épanouissement. Il aspire à un avenir meilleur.Outre ce désir quotidien de vouloir partir, fuir, le film aborde la question de l'exil, notamment de l'exil extérieur, exil dans lequel toute une jeunesse s'est réfugiée.A ce propos, Menad Embarak dira?: «Quand je vois des Algériens dans les milieux sociaux isolés d'eux-mêmes, coupés des réalités extérieures, je dis que le pire des exils, c'est de ne pas habiter soi-même. Mes personnages expriment le besoin de partir, ils sont confinés dans un environnement coupé de l'extérieur.» Menad Embarak voulait à travers ce film, brosser le tableau de l'Algérie, raconter sa jeunesse. «Le film est une peinture de la société, un tableau assez concentré de l'Algérie», dit-il. Quant à l'isolement dans lequel vit cette jeunesse, Menad Embarak souligne?: «Mon personnage s'isole de lui-même, de son milieu étriqué auquel il n'est pas adapté. Il vit un déchirement total.» Menad Embarak estime que son film exprime «un sentiment, un esprit qui traverse beaucoup d'Algériens, un sentiment, celui de se sentir appartenir à un milieu d'injustice et sans perspectives d'avenir.» Ainsi, Imining est l'histoire d'exister, mais tout ce qui s'offre à cette jeunesse livrée à elle-même, semble être des portes fermées ou des situations stagnantes qui font qu'elle est là, perdue dans son monde intérieur, nourrissant continuellement l'envie de plus en plus insistante de partir. D'où la question?: vouloir partir ne pousse-t-il pas l'individu au reniement?' «Il y a effectivement un reniement de soi, de sa patrie, de son histoire, de sa mère symbole de sa patrie, de sa terre natale, puisqu'un de mes personnages dit qu'il aurait aimé que son père, qui a été émigré, l'ait «fabriqué» avec une Française au lieu de Faroudja, le prénom de sa mère», explique Menad Embarak, et d'ajouter : «Chacun refuse d'être ce qu'il est. Chacun rejette son milieu. Là, on est dans la tragédie humaine. Cette jeunesse vit un vide, donc elle se cherche et espère se trouver ailleurs, de l'autre côté de la Méditerranée. Elle est à la recherche de quelque chose, de ce qui lui permet de s'accomplir, d'exister.»C'est ainsi que les personnages de ce film sont sujet à l'exil. «L'Algérien a cette histoire avec le ?partir', ce verbe se conjugue pour lui de la manière suivante?: ne pas rester et partir. C'est pratiquement l'équation», renchérit-il.Menad Embarak, avant de se lancer dans la réalisation, était comédien. «En effet, avant j'étais comédien de théâtre. J'étais formé sur scène. J'ai joué beaucoup, et bien sûr, à chaque fois, on a toujours envie de passer derrière la caméra. C'est beaucoup plus le désir de dire quelque chose», explique-t-il. Il a réalisé deux documentaires?: Au nom de Vinci ? c'est l'histoire d'un déserteur de l'armée française pendant la Guerre de Libération nationale?; il a milité pour le FLN (porteur de valises) ? et Concerto pour deux mémoires ? c'est la rencontre entre un ancien de la guerre d'Algérie, un appelé, qui a fait des films en super 8, et un ancien moudjahid, qui a déserté les bancs de l'université pour rejoindre le maquis. La question de savoir la raison l'ayant motivé pour passer du documentaire à la fiction, Menad Embarak, qui se dit être un enfant du documentaire, répond?: «Cela a été toujours mon désir d'en réaliser une. Car j'avais toujours envie de dire quelque chose, de raconter une histoire.»