Les usagers des lignes urbaines et suburbaines ne savent plus à quel
saint se vouer devant l'anarchie qui caractérise le secteur ces derniers temps.
Prendre le bus pour aller au travail ou revenir chez soi est une aventure des
plus incertaines et en particulier sur certaines lignes urbaines, à l'exemple
des lignes B, 11 et U.
Pour arriver à bon port sans
essuyer trop de dégâts, l'usager doit faire preuve d'une grande patience à
cause des arrêts prolongés, qui peuvent durer entre cinq à dix minutes pour
chaque stationnement, pratiqués illégalement par les transporteurs privés. Les
usagers, paquetés comme du cheptel dans les bus, s'agrippent, avec toutes leurs
forces, aux barres afin de se prémunir des secousses et des freinages brusques
et violents. Les chauffards des bus, recrutés sans aucune formation, se livrent
à des courses-poursuites et des manoeuvres dangereuses entre eux pour embarquer
le maximum de clients. «C'est l'anarchie ! On se croirait dans un rallye. Et
gare aux passagers qui ne s'accrochent pas aux barres, ils risquent d'être
sérieusement amochés», lance cet habitué. Et un vieil homme d'enchaîner: «Je
suis outré de constater que nombreux chauffeurs, faisant fi des règles
élémentaires de prudence, conduisent avec des tongs et parfois même pieds nus !
Les receveurs, eux, c'est une autre histoire. Ils ne portent ni tenue ni badge
et parfois ils ne te donnent même pas un ticket». La liste des autres
infractions commises par ces transporteurs est longue: non-respect des
itinéraires et du code de la route, arrêt sur des lieux non autorisés, non-respect
des arrêts officiels, surcharge technique, etc. Il y a plus grave. Certains
transporteurs refusent même de rallier leurs terminus et préfèrent abandonner
les usagers au milieu du trajet. Certains chauffeurs de la ligne B déposent
leurs clients au rond-point de Dar El-Beïda, alors que leur terminus est à Haï Es-Seddikia. Les usagers résignés sont ainsi trimballés
d'un bus à l'autre. Les usagers de la ligne U sont laissés en rade à Dar El-Hayat, alors que ceux de
la ligne 51 sont abandonnés à l'arrêt du marché de l'USTO.
En dépit des plaintes déposées par les usagers, la direction des Transports de
la wilaya d'Oran n'a rien fait de concret pour sanctionner les contrevenants
qui continuent à sévir en toute impunité. Les usagers des lignes suburbaines
reliant Boutlélis et Misserghine
à Oran souffrent également le martyre des pratiques de certains transporteurs
qui, au lieu de rallier le terminus de Sananès, obligent
les clients à descendre à Haï El-Louz (les Amandiers)
pour faire le maximum de dessertes. De nombreux usagers rencontrés se sont
interrogés sur le rôle des services concernés dans la réglementation du secteur.
Les usagers sont également
victimes des «fellaha», terme utilisé par certains
pour désigner les pickpockets. Ils sont appelés «fellaha»
parce qu'ils font la cueillette des usagers. Les «fellaha»
activent sur certaines lignes en particulier et aux alentours des gares
routières (les Castors, Yaghmoracen et El-Hamri). Ils profitent de la passivité des receveurs et
des usagers pour soulager de leurs argent et portables les usagers. Ces
pickpockets activent généralement en groupes composés de deux jusqu'à cinq
voleurs à la tire. Les tâches sont réparties sur le groupe. Il y a les
guetteurs, qui repèrent les victimes potentielles, les pickpockets et enfin les
receleurs. Aussitôt l'argent ou le portable subtilisé, le pickpocket le fait
passer au receleur qui s'empresse de changer de place ou descend du bus. La
malheureuse victime qui s'aperçoit du vol ne peut rien faire. Le pickpocket
identifié accepte volontiers d'être fouillé. «J'ai été victime à deux reprises
du vol à la tire. Ces pickpockets sont souvent connus», affirme cet usager. Pourtant
les transporteurs sont pleinement responsables de la sécurité des usagers dans
les bus. Que faire alors pour se déplacer à Oran ? La solution pour certains
usagers est de prendre le taxi, mais même ce moyen de transport, un peu coûteux,
n'est plus à l'abri de l'anarchie qui règne dans le secteur. «Les taxis même
s'ils sont vides refusent de nombreuses destinations. Il a y aussi de plus en
plus de chauffeurs de taxi qui recourent à des moyens détournés pour surtaxer
leurs services», relate, avec amertume, ce jeune homme, un habitué de ce moyen
de transport. Longs détours, méprise des usagers, non-respect du code de la
route… les infractions commises sont de plus en plus nombreuses.
Posté Le : 18/07/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Sofiane M
Source : www.lequotidien-oran.com