Algérie

Courses-poursuites, rackets, pickpockets…: Prendre le bus, une entreprise périlleuse!


Les usagers des lignes urbaines et suburbaines ne savent plus à quel saint se vouer devant l'anarchie qui caractérise le secteur ces derniers temps. Prendre le bus pour aller au travail ou revenir chez soi est une aventure des plus incertaines et en particulier sur certaines lignes urbaines, à l'exemple des lignes B, 11 et U.

Pour arriver à bon port sans essuyer trop de dégâts, l'usager doit faire preuve d'une grande patience à cause des arrêts prolongés, qui peuvent durer entre cinq à dix minutes pour chaque stationnement, pratiqués illégalement par les transporteurs privés. Les usagers, paquetés comme du cheptel dans les bus, s'agrippent, avec toutes leurs forces, aux barres afin de se prémunir des secousses et des freinages brusques et violents. Les chauffards des bus, recrutés sans aucune formation, se livrent à des courses-poursuites et des manoeuvres dangereuses entre eux pour embarquer le maximum de clients. «C'est l'anarchie ! On se croirait dans un rallye. Et gare aux passagers qui ne s'accrochent pas aux barres, ils risquent d'être sérieusement amochés», lance cet habitué. Et un vieil homme d'enchaîner: «Je suis outré de constater que nombreux chauffeurs, faisant fi des règles élémentaires de prudence, conduisent avec des tongs et parfois même pieds nus ! Les receveurs, eux, c'est une autre histoire. Ils ne portent ni tenue ni badge et parfois ils ne te donnent même pas un ticket». La liste des autres infractions commises par ces transporteurs est longue: non-respect des itinéraires et du code de la route, arrêt sur des lieux non autorisés, non-respect des arrêts officiels, surcharge technique, etc. Il y a plus grave. Certains transporteurs refusent même de rallier leurs terminus et préfèrent abandonner les usagers au milieu du trajet. Certains chauffeurs de la ligne B déposent leurs clients au rond-point de Dar El-Beïda, alors que leur terminus est à Haï Es-Seddikia. Les usagers résignés sont ainsi trimballés d'un bus à l'autre. Les usagers de la ligne U sont laissés en rade à Dar El-Hayat, alors que ceux de la ligne 51 sont abandonnés à l'arrêt du marché de l'USTO. En dépit des plaintes déposées par les usagers, la direction des Transports de la wilaya d'Oran n'a rien fait de concret pour sanctionner les contrevenants qui continuent à sévir en toute impunité. Les usagers des lignes suburbaines reliant Boutlélis et Misserghine à Oran souffrent également le martyre des pratiques de certains transporteurs qui, au lieu de rallier le terminus de Sananès, obligent les clients à descendre à Haï El-Louz (les Amandiers) pour faire le maximum de dessertes. De nombreux usagers rencontrés se sont interrogés sur le rôle des services concernés dans la réglementation du secteur.

 Les usagers sont également victimes des «fellaha», terme utilisé par certains pour désigner les pickpockets. Ils sont appelés «fellaha» parce qu'ils font la cueillette des usagers. Les «fellaha» activent sur certaines lignes en particulier et aux alentours des gares routières (les Castors, Yaghmoracen et El-Hamri). Ils profitent de la passivité des receveurs et des usagers pour soulager de leurs argent et portables les usagers. Ces pickpockets activent généralement en groupes composés de deux jusqu'à cinq voleurs à la tire. Les tâches sont réparties sur le groupe. Il y a les guetteurs, qui repèrent les victimes potentielles, les pickpockets et enfin les receleurs. Aussitôt l'argent ou le portable subtilisé, le pickpocket le fait passer au receleur qui s'empresse de changer de place ou descend du bus. La malheureuse victime qui s'aperçoit du vol ne peut rien faire. Le pickpocket identifié accepte volontiers d'être fouillé. «J'ai été victime à deux reprises du vol à la tire. Ces pickpockets sont souvent connus», affirme cet usager. Pourtant les transporteurs sont pleinement responsables de la sécurité des usagers dans les bus. Que faire alors pour se déplacer à Oran ? La solution pour certains usagers est de prendre le taxi, mais même ce moyen de transport, un peu coûteux, n'est plus à l'abri de l'anarchie qui règne dans le secteur. «Les taxis même s'ils sont vides refusent de nombreuses destinations. Il a y aussi de plus en plus de chauffeurs de taxi qui recourent à des moyens détournés pour surtaxer leurs services», relate, avec amertume, ce jeune homme, un habitué de ce moyen de transport. Longs détours, méprise des usagers, non-respect du code de la route… les infractions commises sont de plus en plus nombreuses.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)