Algérie

Course contre la mort



«On s'apitoie plus sur la mort du torero que sur celle du taureau. Et pourtant, le vrai bourreau, c'est le matador.» Kurzas
Mettre un terme à la vie d'un être vivant, d'un individu est un acte grave, très grave, à moins d'une absolue nécessité, comme la légitime défense par exemple ou alors à l'occasion d'une guerre. Et c'est pendant les guerres que les pires exactions se commettent. Certaines sont portées à la connaissance du public et d'autres ne sont dévoilées que beaucoup plus tard, quand «le sang aura séché en entrant dans l'Histoire». C'est la raison pour laquelle il est important de savoir présenter ce type de fait à une opinion publique qui est loin du théâtre des opérations afin d'éviter de soulever des polémiques qui affaibliraient la position des auteurs de crimes. Les Américains l'ont bien compris après la cuisante défaite essuyée au Vietnam. Leur déroute fut surtout morale à cause d'une presse internationale qui alerta le monde entier sur les actes barbares de l'armée américaine si loin de chez elle. Et depuis, non seulement ils contrôlent toutes les images émanant des terrains de combat, mais encore, ils mènent une véritable guerre de propagande tous supports médiatiques confondus, quand sur son terrain, ils reçoivent les faibles échos des guerres qu'ils mènent ailleurs. Pire, ils adorent jouer les rôles de victimes. Pensez donc! La césure s'est faite le 11 septembre 2001 à l'occasion de la destruction des tours jumelles du WTC. Bien que les commanditaires de cette spectaculaire opération fassent toujours l'objet de débats passionnés, l'objectif des stratèges de Wall-Street et du Pentagone est atteint: on en veut à mort à cette pacifique nation. Les Américains, comme un seul homme, ont levé le poing au ciel pour demander vengeance et depuis, le chiffre de victimes innocentes tuées par les bombes américaines a de loin dépassé celui de la guerre de Sécession. Qu'importe, les citoyens américains n'ont pas vu ces victimes, ils n'ont pas entendu le bruit des bombes d'une tonne tomber sur des immeubles ou sur des maisons de pierre et de terre. Les chaînes de télévision ne sont pas autorisées ou plutôt ne sont pas payées pour ce triste job. Mais quand il s'agit d'un attentat sur le sol sacré du pays qui a largué le plus de bombes au monde, en ne citant pas évidemment celles qui sont tombées sur Hiroshima et Nagasaki, la machine infernale de la communication américaine se met en branle. Toutes les rotatives de l'Otan se sont mises à tourner avec frénésie. Les journaux étalent leurs gros titres sur leurs unes. Les télévisions passent inlassablement en boucle les mêmes images de cauchemar d'une manifestation pacifique et sportive qui illustrent bien le degré d'humanité des habitants de la Nouvelle-Angleterre, socle de la nouvelle nation américaine; des explosions, un nuage de fumée, des cris d'horreur et la fête prend une tournure tragique. Internet a aussitôt pris le relais: on peut voir sur le site de boston.com, les terribles images qui font douter l'Amérique d'elle-même: une foule au fond d'une rangée de drapeaux agités par le vent, immédiatement des agents du service d'ordre et une nuée de journalistes envahissent la rue pavée. C'est un mélange de couleurs vives. L'inévitable bannière étoilée est dans le cadre. Un vieux marathonien sans doute secoué par la déflagration est secouru par un agent du service d'ordre. Un secouriste improvisé fait un garrot à un homme dont le pied a été sectionné au-dessus de la cheville. A côté, une jolie femme est assise hébétée: ses jolies jambes sont parsemées d'éclats. Les flics investissent la scène. D'innombrables ambulances s'alignent pour recevoir les blessés portés sur des civières roulantes. Quelle organisation. On oublie alors les pauvres enfants afghans qui ont reçu une bombe lancée par un drone téléguidé à partir d'une base du Nevada. On ne pense plus aux civils de Ghaza recevant du «plomb durci». Si on avait le choix: mieux vaut mourir à Boston d'une bombe artisanale que d'être une victime collatérale d'une bombe de haute technologie dans une guerre injuste et non déclarée.


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