Courir, s'envoler

Dès l'aube, ne pas s'encombrer de pensées graves, ne pas regarder derrière soi, ne pas dire «au revoir!» et puis courir, s'envoler...Partir pas forcément loin, pas au bout du monde, juste près de la rivière, et s'allonger sur l'herbe, fermer les yeux.
Se réveiller avec un nouveau visage, grandir avec de nouveaux défis, oublier ses craintes, fixer l'horizon, marcher !
Faire de belles rencontres, découvrir un autre monde, ne plus cacher ses sentiments, dire «je t'aime» à la moindre occasion, aimer infiniment.
Et plaider sa cause avec des arguments, monter sur ses grands chevaux, et écouter ses rêves, et même dans le malheur, ne jamais renoncer.
Ramasser des cailloux au bord de l'eau et sentir son coeur battre, s'envoler avec les cormorans... Avoir plusieurs chances dans la vie, ne pas être une cible ordinaire, continuer à exister après les blessures, construire même sous la menace.
Être indulgent parce que la vie est fragile, et ne pas juger uniquement d'après ses critères, ne pas donner de leçon, exercer simplement le métier de frère.
Eprouver le besoin d'aller au fond des choses, se tromper souvent, apprendre à vivre, essayer d'être heureux...
Et puis un soir, tourner légèrement la tête et soudain reconnaître sa mort.