Algérie

Courage et patience d'Akli Tadjer,(Roman) - J.C. Lattès, Paris, 2000



Courage et patience d'Akli Tadjer,(Roman) - J.C. Lattès, Paris, 2000
Présentation

Un petit chef d'oeuvre de tendresse et d'humour !

Comment guérir de la mort de son père enterré en Kabylie, alors que la pluie pourrit l'été et que les parasites hantent Paris ? Comment guérir d'être un bon fils ? En faisant le "nègre" pour un vieux truand, rangé des voitures et pas très éloigné du cimetière. C'est oublier un peu vite les copains : Oeil de Poiscail, le gangster d'opérette, Mokrane, le cocu malheureux, Marie-Anne, au tibia et aux illusions broyés...

Né en 1954, Akli Tadjer, écrivain rare à la plume généreuse, est l'auteur de différents scénarii pour la télévision dont un Maigret.

Courage et patience est son deuxième roman.

L'avis de la Fnac

"Courage et patience" sont les mots que l'on prononce pour réconforter la famille endeuillée en Kabylie. Omar y enterre son père. Il n'arrive pas à croire à cette mort. Il lui faut pourtant quitter ses proches et rentrer à Paris. Entouré de personnages louches, Omar accepte de travailler comme nègre pour une crapule. Bienveillant et plein d'humour, il décrit dans cette chronique le deuil difficile et le monde sportif peu reluisant qu'il côtoie. Dans un Paris accablé par un été complètement pourri par la pluie, Omar tente d'oublier la voix qui lui racontait des histoires passionnantes, tout en analysant sans méchanceté les bons côtés et les travers des gens. Un roman drôle, intelligent et humain.

Extrait

Alors que je gravissais la petite route sinueuse menant au bout du village, Mohand, le vieil épicier, sortit de son échoppe pour m'embrasser et me souhaiter courage et patience. Puis, ce fut Rachid qui sortit de son café pour m'embrasser et me souhaiter courage et patience. Pour finir, une ribambelle de gamins m'accompagna en silence jusqu'à la maison perchée, là-haut, sur la montagne.

La cour était pleine d'hommes aux mines affligées qui vinrent me saluer en murmurant, têtes baissées, des courages et patiences.

"Merci... Merci... Encore merci", répondis-je sans même les regarder.

Je fendis la foule massée devant la porte d'entrée de la maison et trouvai, enfin, Yéma Fatima et ma soeur Safia blotties l'une contre l'autre au fond de la salle à manger. Elles étaient entourées de vieilles femmes qui fredonnaient des chants lourds et tristes.

Dès qu'elle me vit, ma soeur Safia se jeta à mon cou, m'embrassa sur le front en sanglotant et me guida jusqu'à Yéma Fatima qui restait prostrée près de la cheminée.

Les vieilles femmes cessèrent leurs chants mortuaires pendant que j'embrassais ma mère qui avait le visage bouffi à force d'avoir tant pleuré. Je lui pris la main et elle la serra si fort que la marque de ses ongles resta gravée dans ma chair. Elle se leva en s'appuyant sur mon bras et m'entraîna à l'étage.

Mon père reposait sur le sol en béton brut. Dans son linceul blanc, les mains jointes, la moustache soigneusement lissée, il était plus beau que tous les vivants, Vava Ali.


- C'est arrivé hier soir, s'étouffa Yéma Fatima. Je lui ai préparé sa chorba comme tous les soirs. Il l'a mangée et il m'a dit : "Je vais faire un tour au jardin voir mes oliviers." Quand il est revenu, il s'est mis au lit et il ne s'est plus réveillé.
Safia ferma la fenêtre qui donnait sur la cour pour nous mettre à l'abri des regards de quelques voyeurs qui s'intéressaient de trop près à notre malheur.


- Vava Ali nous a abandonnés. Qu'est-ce qu'on va devenir sans lui, Omar ?
Yéma Fatima la serra contre sa poitrine et elles sortirent pour me laisser seul avec mon père


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