Algérie

Coupures répétées d'électricité : l'étincelle qui risque de mettre le feu au pays A la une : les autres articles



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Les pannes répétées d'électricité sont devenues, ces derniers jours, source de mécontentement généralisé dans différentes régions du pays, où sont signalées des scènes d'émeute.
De nombreux quartiers de Biskra ont connu hier des actes violents de contestation pour dénoncer des coupures intempestives du courant électrique et des perturbations de l'alimentation en eau potable.
L'été algérien débute dans un climat électrique. Alors que le pays est en proie à une forte canicule, plusieurs régions, particulièrement du Sud, vivent au rythme de coupures répétées du courant électrique et de perturbations récurrentes d'alimentation en eau potable. Des milliers de foyers sont privés de ces deux éléments hautement nécessaires en période de chaleur. Une situation intenable qui provoque l'exaspération des populations, comme en témoignent les protestations des citoyens, hier, dans la wilaya de Biskra, qui ont viré à l'émeute.
Biskra est loin d'être un cas isolé. Des mouvements de colère ont éclaté à Jijel et à Tolga (El Oued) ces dernières quarante-huit heures pour les mêmes raisons.Les régions de l'extrême sud du pays, qui brûlent sous les rayons d'un soleil impitoyable, sombrent, et leurs habitants avec, dans un terrible enfer. Les interruptions persistantes d'électricité les enfoncent encore davantage. Et pendant que les populations souffrent le martyre, les responsables en charge de l'énergie, Sonelgaz en tête, se dérobent derrière des explications et des justifications farfelues et peu convaincantes. Cette situation est d'autant moins rassurante que le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a évoqué la nécessité «de doubler la production d'électricité d'ici cinq ans».
le recours à l'émeute pour se faire entendre
La semaine dernière, le PDG de la Société de production de l'électricité (filiale de Sonelgaz) a expliqué, à partir d'Alger, que les coupures d'électricité intervenues dans plusieurs régions du pays sont dues à «des retards dans les travaux de maintenance engagés, notamment dans le Sud, qui devraient s'achever au plus tard le 15 juillet (aujourd'hui)». Mais, comme les années précédentes, beaucoup d'Algériens subiront encore, cet été, les pénuries d'eau, d'électricité, de soins et autres besoins vitaux. Et ils n'auront, en face d'eux, aucune oreille attentive à leurs réclamations. En l'absence de médiation, il ne reste aux citoyens que le recours à l'émeute pour se faire entendre.
Les pouvoirs publics leur dépêcheront promptement, dans un réflexe conditionné, les forces de répression en lieu et place d'apporter des solutions définitives à des problèmes qui, normalement, ne devraient pas se poser cinquante ans après l'indépendance. La période d'été, comme celle d'hiver, met à nu les graves défaillances des services publics que l'Etat doit assurer aux citoyens. C'est l'occasion aussi d'observer fâcheusement combien les discours pompeux sur les «grandes réalisations nationales» ne résistent pas à la réalité d'un quotidien des plus pénibles. 
Les émeutes font tache d'huile à Biskra
D es centaines d'habitants des quartiers populaires de la cité Khobzi, de Saïhi II, d'El Boukhari, d'El Amel (1000 logements) et de Remaïche du vieux Biskra se sont rassemblés, hier matin, au niveau du rond-point de la route du Sahara (trig Sahra) pour dénoncer, non seulement les coupures intempestives du courant électrique prenant, selon eux, «des proportions insupportables en ces jours de canicule», mais aussi les perturbations persistantes de l'alimentation en eau potable des cités. Au moyen d'arbrisseaux arrachés sur la voie publique, de grosses pierres et de blocs de béton enlevés des bordures des trottoirs, de vieux pneus auxquels ils ont mis le feu et de toutes sortes d'objets, les protestataires ont bloqué la circulation de toute cette partie de la ville.
Du mobilier urbain a été saccagé. Des colonnes de fumée noirâtre ont empesté l'atmosphère et obscurci le ciel, sans que les responsables locaux réagissent à cette énième émeute provoquée par les délestages récurrents, les chutes de tension et les perturbations enregistrées sur le réseau de distribution de l'électricité. Jusqu'à 14h, les bandes de jeunes protestataires, torse nu et visage dissimulé derrière leurs tee-shirts, utilisés comme des cagoules, ont laissé libre cours à leur colère. Craignant de se voir pris pour cibles par ces hordes de jeunes en furie, les commerçants ont baissé leurs rideaux, tandis que les avenues Zaâtcha, la route du Sud, le boulevard du Palais de justice et la trémie, dans laquelle un incendie s'est déclaré, ainsi que la route longeant la voie ferrée ont été bloqués.
«Je préfère mourir ou aller en prison que de continuer à vivre dans de telles conditions pires que les conditions carcérales», a déclaré un jeune émeutier, fou de rage. «Les autorités de cette ville sont en vacances avec leurs enfants au bord de la mer ou dans un pays étranger, tandis que nous, nous supportons les conséquences de leur laisser-aller et leur imprévoyance», a renchéri un autre, promettant de mettre un terme à ce mouvement de protestation, si des mesures sérieuses sont prises par la SDE pour améliorer l'alimentation en énergie électrique de tous les quartiers de Biskra. Cette dernière est en train de vivre un de ses étés les plus torrides de ces dix dernières années. «La prochaine fois, nous renforcerons nos rangs avec les gars d'El Alia, Lemssalla, Guedecha et Lemcid, souffrant des mêmes maux que nous, pour paralyser cette ville, véritable antichambre de l'enfer sans électricité», ont-ils affirmé.
Les agents de la force publique sont restés à la périphérie de ce mouvement. Ils se sont contentés d'observer de loin les mouvements des protestataires et de diriger les automobilistes vers des rues et des quartiers plus calmes.


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