Algérie

Coups tordus!



Coups tordus!
«Le patriotisme, qui fait les grands hommes, fait aussi les grands prodiges...» Laure ConanAu lieu de se réfugier derrière les formules abstraites, les candidats en campagne feraient mieux d'aligner des programmes chiffrés avec des délais de réalisation comme dans un cahier des charges. Le programme qui réunirait le consensus général serait celui qui permettrait au pays de se mettre à l'abri des coups tordus...Je me demande d'ailleurs pourquoi les coups tordus, ce sont toujours les mêmes qui les donnent et pourquoi ce sont toujours les mêmes qui les reçoivent. Tenez, par exemple, le coup de l'éventail. Il paraît que c'est à cause de la turpitude de deux affairistes de confession juive et des magouilles de certains généraux français que cette affaire avait éclos, et qu'elle avait été montée en épingle par les Services français pour trouver prétexte à ne pas payer une vieille dette d'Etat. Il paraît que le dey s'était fait insistant parce qu'il avait investi une partie de sa cassette personnelle dans la vente de blé à la Révolution française. C'était au temps où le Maghreb nourrissait l'Europe. Hélas, les positions se sont inversées et on ne sait plus qui blâmer ou condamner: le colonialisme, le néocolonialisme ou l'impéritie de nos gouvernants qui semblent toujours naviguer à vue sur une mer houleuse, sur des rafiots obsolètes et des maîtres d'équipage plus occupés à faire ripaille qu'à scruter l'horizon. Revenons aux coups tordus: quand les puissances impérialistes dominaient sans partage le monde, des monocultures étaient imposées aux peuples soumis ou colonisés. C'était vrai pour la vigne, le coton, la canne à sucre, le cacao ou le café. Des populations avaient abandonné les cultures vivrières traditionnelles pour travailler uniquement à alimenter les industries européennes. Avec l'accession de certains pays à l'indépendance, l'Europe, pour punir certains régimes de s'être montrés trop attentifs aux intérêts de leurs peuples, ont développé des cultures concurrentes pour priver les pays victimes de la monoculture de certains revenus. Ainsi, quand Cuba afficha ouvertement ses orientations et ses sympathies politiques, les pays occidentaux, comme un seul homme, se sont mis à la culture de la betterave sucrière pour mieux étrangler la jeune République socialiste dont les ressources provenaient de la culture du tabac et de la canne à sucre. Ce furent les pays socialistes qui, par solidarité, durent acheter la production cubaine. Dans les années soixante-dix, la surproduction agricole européenne était préoccupante pour leurs dirigeants: des surplus en blé avaient une incidence fâcheuse sur les cours des marchés, et des montagnes de beurre s'amoncelaient dans les entrepôts frigorifiques de la Communauté. C'était simple: le bloc socialiste avait son propre marché commun et les pays du tiers-monde n'avaient guère les moyens d'absorber les excédents européens alors que la famine faisait des ravages dans certains pays d'Afrique ou d'Asie. Mais comme chacun le sait, les capitalistes ont un tiroir-caisse à la place du coeur:ils réduisent les surfaces cultivables et limitent la production du lait en indemnisant les éleveurs qui auront un manque à gagner.Pire! Depuis quelques années, les pays développés ont introduit les notions d'écologie et de développement durable dans leurs stratégies économiques: ils sont en train de soustraire de vastes superficies jusqu'ici consacrées à la forêt ou aux cultures vivrières pour produire des biocarburants. Des quantités de céréales et d'oléagineux vont finir dans les raffineries à éthanol alors que des mouvements qui préfigurent une famine moyenâgeuse sont signalés de par le monde. Croyez- vous que les régimes dictatoriaux du Sud en aient tiré quelque leçon de ces mésaventures' Au contraire, la dépendance alimentaire des pays du Sud ne cesse de s'accroître, au plus grand bonheur des pays du Nord qui vont répercuter les hausses du baril de pétrole sur le prix des produits alimentaires. Et la boucle est bouclée au point que des événements inquiétants pour le Nouvel ordre mondial semblent se dessiner dans les pays sous-alimentés. Qui blâmer' les pays du Nord ou les régimes du Sud qui ont toujours su prendre les mesures économiques qu'il ne fallait pas prendre'...




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