Algérie

Coups de fil anonymes



Vous êtes assis là, à épiloguer sur le choix à faire entre dire les choses librement et éviter d'exprimer ses points de vue, quand votre téléphone vous arrache à la réflexion. Vous hésitez à répondre parce que vous n'en avez pas fini avec ce qui vous accapare l'esprit, mais la sonnerie ne lâche pas prise. Quelqu'un, dont vous n'avez jamais entendu parler, vous appelait de Londres. Le nom était masqué mais pas l'indicatif. Impossible, quand même, de savoir qui insistait autant sans se dévoiler. Lorsque c'est un proche qui vous appelle avec un nouveau numéro, il vous fait un message pour vous en informer. Pas cette fois-là ! Il ne faut plus s'étonner que des gens puissent avoir accès à vos coordonnées téléphoniques. Qui les leur communique ' À chacun ses propres conclusions. L'exercice devient intéressant s'il ne laisse aucun doute sur ceux dont c'est le boulot, ou le passe-temps favori, de pister ceux qui ils ont pour mission de garder à l'?il. Sur ceux qui cultivent l'avantage d'intervenir quand ils estiment venu le moment de prendre contact. Pour ne rien avoir à payer, il utilise une application qui lui permet la gratuité. Et puisqu'il a la certitude qu'il va devoir parler longtemps, il vous bombarde de coups de fil.- «Allô ' Mme Boussouf ' Aâraftini '» - «Non ! Wach habit, chkoun enta ' Que voulez-vous ' Qui êtes-vous '» - «Vous savez qui je suis '» - «Je vous dis que non ! Ma naârfekch. Je ne vous connais pas. Ahdar ! Parlez !» - «Tu as un moment ' On peut parler ou tu n'as pas le temps d'écouter ce que j'ai à te dire ' J'ai des choses à te dire.» «Alors ahdar. Wech rak testena, parlez, qu'est-ce que vous attendez '» - «Khlas manahdarch ! Terminé, je ne dirai rien !» - «Alors, terbeh, allez vous faire voir !»
J'ai fini par lui raccrocher au nez puis j'ai fait en sorte qu'il ne puisse plus rappeler. Ce n'était pas de la drague à deux balles. Le ton se voulait autoritaire. Peut-être était-ce l'un de ces sombres petits soldats à la solde d'une idéologie en panne d'inspiration ou en mal de crédit ' C'était la première fois qu'on me sommait de me taire et d'écouter. La tentative d'intimidation, elle, n'était pas nouvelle.
M. B.


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