Algérie

«Coupés» de la société


Ils passent leur temps à rêver au moment de la grande rencontre. La plupart des jeunes rencontrés dans les cybercafés affirment avoir vécu des déceptions amoureuses qu'ils veulent oublier en quittant le pays. D'autres estiment que la situation économique actuelle du pays n'est pas favorable pour fonder un foyer et vivre décemment. «Un homme ou une femme célibataire sont incapables de subvenir à tous leurs besoins. Ici, on travaille pour survivre.
Et moi, je ne peux même pas penser au mariage en Algérie, car je suis certain que mes enfants seront privés de beaucoup de choses», justifie Tarek, 35 ans, fonctionnaire dans une administration publique. Pour lui, épouser une Européenne «permet non seulement de mener une vie tranquille là-bas , mais aussi d'assurer un bel avenir à sa progéniture». Tarek est en relation depuis plus d'une année avec une Espagnole et compte la rencontrer bientôt pour concrétiser leur rêve en commun, celui de se marier. Hakim, la trentaine, ingénieur en mécanique, est aussi dans la même situation. Il ne cherche qu'à fuir le pays et épouser sa «belle Allemande». Avoir un emploi stable en Algérie ne signifie rien pour ces jeunes.
«Ici, même si l'on gagne 100 000 DA par mois, la vie n'a pas de goût. Pas d'espaces de loisir, ni activité culturelle, ni lieu de rencontres. A Alger, la capitale, cafés et bars ferment à 21h», se plaignent, à l'unanimité, nos interlocuteurs. Se connecter quotidiennement avec des personnes vivant dans d'autres pays et s'y attacher, cela finit par se traduire par un changement crucial dans leur comportement au sein de la société.
Ces jeunes finissent par ne plus voir les femmes avec qui ils étudient ou travaillent. «Je respecte les femmes de mon pays, mais comme je ne compte pas rester ici, je ne m'approche pas d'elles. Je leur souhaite simplement une belle vie», témoigne Tarek. «Parfois, mes collègues de travail me prennent pour un arrogant. Elles n'apprécient pas mon comportement. Elles estiment que je suis en train de perdre mon temps et me font douter de l'honnêteté de ma belle blonde», dit-il. Samir, un autre accro de rencontres virtuelles, affirme qu'il se sent plutôt bien dans sa peau. «Je suis très heureux dans ma relation amoureuse virtuelle. Je suis convaincu qu'elle sera bientôt concrétisée.
Quant aux femmes algériennes, je n'ai pas noué de relation avec elles depuis plus de cinq ans. Je suis heureux, même en vivant physiquement dans une société et moralement dans une autre», affirme-t-il. La réussite de certains constitue une motivation pour les autres qui sont prêts à patienter et sacrifier beaucoup de choses pour faire aboutir des relations virtuelles. «Qui ne tente rien, n'a rien», tel est la devise de nos interlocuteurs.
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