Algérie

Coupée en deux, la poire



L'avocat a tant protesté, crié, gémi, sifflé, soufflé, que Yassine Ouezaâ, le juge ne pouvait aller que vers le... sursis.Depuis longtemps, nous n'avions assisté à un véritable carrousel de mots, d'exclamations et de colère justifiée émanant de Maître Lamouri. Ce dernier défendait un inculpé de détention et d'usage de stupéfiants, contre qui Belaraoui, le procureur avait requis sept ans ferme d'emprisonnement.
«En ce mois sacré, je m'étonne que mon client plus qu'innocent doit être libéré, car aucune preuve tangible n'existe dans ce dossier que mon client avait ignorée, estimant que les policiers ne l'ont pas ménagé. Il leur a dit: «Je refuse de signer le procès-verbal que je ne reconnais pas en vertu de mon innocence. Je ne vous fait pas outrage en refusant de tendre mon cou à la lame du ministère public», leur avait-il déclaré à l'issue de sa présentation. Comme à l'accoutumée, Maître Benouadah Lamouri s'est longuement étalé sur les nombreux vices de forme dans cette triste affaire où il est question de perquisition au domicile de l'inculpé dont l'épouse avait été choquée par la confiscation de son portable.
«Est-ce que ce procédé avait été utilisé juste pour trouver dans l'afficheur du portable, des noms de dealers' Est-ce que ce portable contenait la destination d'une éventuelle marchandise de came, le tout enrobé dans un SMS rédigé en code' Est-ce que' Est-ce que'», s'était écrié une autre fois l'avocat de Dar El Beïda qui ne cessera le combat qu'au moment où Ouezaâ cracha son plus beau sourire, de quoi dissuader le plaideur d'aller vers la fin i-e les demandes prévues par la loi.
L'inculpé, lui, était franchement dans un très mauvais mental et pour cause. Il a suivi l'intervention de son conseil et il a entendu des mots qui font plaisir tels: dossier vide - aucune preuve tangible.
«Il s'est même rappelé que Maître Lamouri Benouadah avait appuyé son client qui avait refusé de signer le procès-verbal d'audition et donc refusé de tendre son cou à la lame acérée du parquet...»
Il faut aussi reconnaître ici, à en croire l'avocat, et on ne peut que le croire et le reprendre sans aucune crainte, que la manière de faire des enquêteurs n'honore point l'aura de la police judiciaire dont il faut, au passage, saluer l'inlassable activité dans le dur combat quotidien contre la criminalité: la grande ou la petite criminalité. Et le conseil de se dire triste, déçu à la limite de la révolte! Il le criera même, surtout au moment où il aborde l'intrusion des forces de police dans le home de l'inculpé où ne se trouvait que son honorable épouse à qui, on a vite fait de confisquer le mobile.
«Avoir en main un mandat de perquisition, c'est bien et même légal!» s'était égosillé le défenseur qui allait appuyer sur le champignon de la douleur réveillée et qui se situe dans le choc de l'épouse qui n'avait rien compris dans cette «descente légale!».
Après avoir regretté que les enquêteurs aient cru trouver des «noms» ou des «dealers» sur l'afficheur du portable saisi et minutieusement examiné, Maître Benaouah Lamouri s'attaquera à un pan de la vista du juge qu'il encense, flatte, bénit même pour sa capacité d'écoute et son intelligence lorsqu'il pose ses questions plutôt pertinentes.
«Je n'ai pas l'habitude de faire dans la brosse à la barre, même si beaucoup plus j'ai tendance à mener des guerres franches en direction du ministère public lorsqu'il passe à côté de la plaque, mais permettez-moi, monsieur le président, de saluer bas votre rôle et surtout les méthodes utilisées en vue d'arriver à la vérité!» conclura le conseil dont le front luit et il y a de quoi et qui écoutera avec beaucoup d'intérêt le dernier mot prononcé par le client du défenseur qui n'apprendra le verdict que bien plus tard avec le sentiment d'avoir fait l'essentiel face à Yassine Ouezaâ le président qui n'a pas suivi les demandes du représentant du ministère public en infligeant une peine, mais assortie du sursis. C'est bienvenu en cette mi-Ramadhan 1434, le mois du... pardon. Comme quoi, il y a des coïncidence à vous faire prendre un verre d'eau en plein jeûne à quatorze heures tant les lèvres sont sèches d'effroi, de trouille et surtout de peur des répliques de la justice qui a, ne l'oublions pas, jamais le bras long...
Reste le travail des avocats, il se distingue sur des stratégies qui sont construites sur le verbe et lorsque Maître Lamouri martèle que dans ce dossier, son client n'a pas été interpellé sur des preuves solides, tangibles, raides, quelque part, Ouezaâ, l'enfant de Bachdjarah a suivi l'expérience, mais pas la roublardise. Que l'on se le souffle, que l'on se le dise. C'est la loi d'une justice bien élaborée..


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