Algérie

Coupe de l'UNAF: Une compétition encombrante pour de faux trophées



Les motivations politiques et financières semblent dominer la Coupe de l'UNAF. Ce n'est pas pour autant suffisant pour l'imposer définitivement dans le calendrier sportif.

Contrairement à l'Entente de Sétif, le Mouloudia d'Alger a échoué dans sa tentative de conquérir une Coupe de l'Union Nord-africaine de football, un trophée qui paraissait relativement facile. Dans la crise qui secoue le club le plus populaire d'Algérie, cet échec constituera très certainement un argument que chaque partie tentera d'utiliser à son profit. Ainsi, la direction actuelle du Mouloudia d'Alger pourra toujours en tirer argument pour pousser l'entraîneur Alain Michel vers la porte de sortie. Celui-ci aura, lui aussi, tout loisir de prouver qu'il avait raison lorsqu'il affirmait que le Mouloudia joue un ton au-dessous par rapport aux grands clubs africains. Le Mouloudia n'a ni les joueurs, ni le financement, ni l'organisation nécessaires pour réaliser ses ambitions, a déclaré Alain Michel. Mais tout le monde a compris le message de l'entraîneur : ce qui manque au Mouloudia, en fait, c'est des dirigeants capables de mettre en place l'organisation et le financement. Le reste viendrait tout seul. Quant à ceux qui contestent la gestion actuelle du Mouloudia, ils ont là l'occasion idéale de remettre en cause la direction d'un club au potentiel formidable, mais qui se trouve réduit à jouer de petits rôles en Algérie comme en Afrique. La régression de l'équipe, après la formidable attente suscitée par le titre de champion de la saison passée, est l'un des signes les plus évidents de l'échec des dirigeants actuels. Un consensus se dégage toutefois au sein du Mouloudia d'Alger : tout le monde regrette d'avoir raté le chèque de 80.000 dollars, empoché par le Club Africain (Tunisie), vainqueur de la Coupe de l'UNAF. L'Entente de Sétif a empoché un chèque similaire qui lui permet de respirer et de faire face aux factures les plus urgentes. Mais au-delà de ces péripéties et de ce qu'elles peuvent représenter dans la vie interne du Mouloudia d'Alger et de l'Entente de Sétif, il faudra bien évoquer la nature et la valeur de ces coupes de l'UNAF. Que valent ces trophées sur le plan sportif ? Comment les Fédérations en sont-elles arrivées à les accepter, puis de les intégrer à leurs agendas respectifs ? Comment sera-t-il possible de jouer cette Coupe de l'UNAF en 2014, si des pays maghrébins se qualifient pour la phase finale de la Coupe du monde et à celle de la Coupe d'Afrique des Nations ? Pour l'heure, la Coupe de l'UNAF dégage la forte impression d'être une compétition inventée de toutes pièces par des lobbies politiques et économiques. Elle peut, certes, constituer un point de départ pour une hypothétique construction maghrébine. A ce titre, elle peut déjà se targuer de constituer, avec les voyageurs algériens en Tunisie, un des rares canaux de communication populaire entre pays maghrébins. Les non-dits restent toutefois très présents. La présence encombrante de la chaîne de télévision Nessma autour de la compétition crée une situation qui risque, à terme, de gêner certains participants. Dans un passé récent, Nessma avait signé un accord de sponsoring avec le Mouloudia d'Alger, mais la FAF avait contraint le vieux club algérois à résilier le contrat. C'est dire qu'en Afrique du Nord, le football reste fortement tributaire des aléas politiques et des sautes d'humeur. En outre, la Coupe de l'UNAF se place mal dans le contexte africain. Soit elle intègre l'Egypte pour devenir réellement nord-africaine, ce qui déboucherait forcément sur une compétition d'une «Afrique blanche», soit elle maintient l'Egypte hors circuit, et elle ne mériterait alors plus son appellation, tout en perdant une bonne part de sa valeur sportive. Du reste, sur le plan sportif, cette compétition n'a guère de valeur. Elle risque, au mieux, de donner à certains clubs algériens l'illusion de remporter de nouveaux trophées, alors qu'ils n'arrivent guère à tenir la route sur le plan africain. La Coupe de l'UNAF doit aussi surmonter une autre contrainte. Elle doit offrir une réponse convaincante aux sollicitations en vue de lancer une compétition arabe. Celle-ci a existé il y a peu, mais elle n'a pu s'installer durablement dans le paysage sportif. Comment accepter de participer à une compétition et refuser une autre si une compétition arabe est lancée? Et comment organiser éventuellement le calendrier avec un chevauchement de toutes ces compétitions ? Les calendriers doivent en effet être conçus pour le pire – ou le meilleur –, et envisager par exemple une qualification à toutes les qualifications à la fois. Peut-on, en Algérie, organiser une participation à une Coupe de la CAF et à une Coupe arabe, pendant une saison où l'équipe nationale se qualifie à la phase finale de la Coupe d'Afrique des Nations et celle de la Coupe du monde ? On peut fortement en douter quand on voit comment la Ligue Nationale de Football continue à reporter des matches à quarante-huit heures du coup d'envoi, et comment elle peine à donner un minimum de cohérence à ses décisions. Mais la FAF et la LNF pourront-elles résister aux fortes sollicitations financières des grands groupes de télévision qui veulent s'emparer du football ?




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