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Coup de théâtre libyen à Tunis'


Coup de théâtre libyen à Tunis'
Déménagement. L'Allemagne et l'Angleterre viennent de se joindre aux frappes de la coalition internationale contre Daesh en Syrie. Cette intensification des bombardements occidentaux disperse et fait fuir les groupes terroristes vers la Libye où le ciel est plus «clément». Et surtout dans ce pays que personne ne contrôle. La présence de Daesh est signalée dans plusieurs régions libyennes, d'Ouest en Est et du Nord au Sud. C'est la ville de Syrte, totalement occupée, qui serait le centre opérationnel de cette organisation criminelle. Il y a deux jours, près de 5 000 migrants sont partis de cette ville côtière vers l'Europe. Ce qui inquiète au plus haut point l'Italie, principale destination des fugitifs. A tel point que le président du Conseil italien, Matteo Renzi, ne ménage pas ses efforts pour organiser, à Rome le 13 décembre prochain, une réunion internationale sur la Libye. «Le fait est que nous n'avons pas beaucoup de temps et nous ne voulons pas donner du temps à Daesh» a précisé Paolo Gentiloni, ministre des AE italien. Cette brusque accélération des évenements est due, certes, aux frappes militaires en Syrie mais elle fait suite également à l'accord entre l'UE et la Turquie qui, contre 3 milliards d'euros et la reprise des négociations pour son adhésion à l'Union européenne, s'est engagée à bloquer les départs des migrants depuis son territoire. Une Turquie qui est l'objet de controverses de la part de plusieurs pays dans sa «gestion» de ce dossier. Par la Russie d'abord, dont un bombardier engagé dans des frappes contre Daesh est abattu par l'armée turque. Par l'Irak qui accuse Ankara d'avoir violé sa souveraineté en envoyant des troupes à Mossoul et lui demande de les retirer immédiatement. Par l'Iran qui, après la Russie, affirme que la Turquie achète, au noir, du pétrole vendu par Daesh. Erdogan, le président turc réfute évidemment toutes ces accusations sans cependant convaincre vu que ses intérêts ne vont pas dans la même direction que ceux de la communauté internationale. Même l'Otan dont la Turquie fait partie est inquiète des proportions que pourrait prendre le conflit turco-russe. De se retrouver entraînée dans une guerre contre la Russie qui est une puissance nucléaire. Au final et tenant compte de l'attitude turque, les frappes occidentales en Irak et en Syrie, sans venir à bout de Daesh implanté dans ces deux pays, créent des replis d'une partie de ses groupes terroristes vers la Libye. Il n'y a pas que l'Italie qui tire la sonnette d'alarme. Le Premier ministre français, Manuel Walls, aussi qui s'est dit convaincu que la Libye sera «incontestablement le grand dossier des mois qui viennent». Pour le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, «le risque d'afflux massif des terroristes de Daesh (en Libye) est inquiétant» a-t-il déclaré, hier, à l'hebdomadaire Jeune Afrique. Il a ajouté «qu'il y a un risque majeur que le lien (de Daesh) s'effectue avec Boko Haram du Nigeria». Il n'y a que l'émissaire de l'ONU, Martin Kobler, à faire preuve d'optimisme. Pour lui, les factions libyennes en conflit seraient proches d'un accord. Hier après-midi, en effet, des médias français (RFI et Europe1) faisaient état d'un accord qui aurait été conclu entre les deux Parlements qui se disputent le pouvoir en Libye, celui de Tobrouk et celui de Tripoli. Cet accord aurait été signé à Gammarth (Tunis) «sans ingérence étrangère et sans conditions préalables», selon les représentants des deux Parlements. Si cette information se confirme, il y a lieu de se poser la question pourquoi la mission de l'ONU a été ignorée' Qui garantira les termes de l'accord' Un tel accord «spontané» a de quoi étonner. Surtout qu'un accord similaire avait été signé en juillet dernier sans avoir été suivi d'effets. La prudence s'impose devant de tels élans. L'enjeu est trop grave!


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