Algérie

Coup de sirocco



Coup de sirocco
Que peut-il bien se passer maintenant au sein du Rassemblement national démocratique ' Quels pourraient être les états d'âme des militants et cadres restés fidèles au premier secrétaire ' Sur quoi gambergent ceux dont on peut dire, si le secrétaire général n'avait pas anticipé en donnant sa démission de la direction du parti, qu'ils auraient certainement recouru au putsch pour le contraindre à partir ' Sont-ils nombreux les carriéristes qui rivalisent en contorsions pour pouvoir passer les sept prochaines journées sans qu'ils n'aient trop à s'impliquent dans cette sourde lutte à connotation mythologique, eu égard à la succession et surtout à la disproportion des évènements qui, bien que timidement, depuis une année l'ont jalonnée. Poignardé dans le dos, César a eu pour derniers propos «Tu quoque mi fili»' «Toi aussi mon fils», à l'adresse d'un gendre, en l'occurrence Brutus, qu'il chérissait. Sauf que là, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, en l'occurrence Yahia Guidoum, ne peut que suggérer l'incarnation monstrueusement manipulée de l'exécuteur d'une 'uvre aux contours si flous que tout politologue qui se respecte se perdrait en conjectures.
La procédure engagée est tellement grossière qu'elle renvoie obligatoirement aux conditions ayant concouru, il y a presqu'une quinzaine d'années, à la création même d'un parti ex nihilo devenu en un temps record majoritaire sur la scène politique nationale. Autrement dit, un coup de force qui ne dit pas son nom, lequel toutefois n'empêche en rien la réflexion profonde sur la brutale réalité d'évènements précipités et par la démission d'Ahmed Ouyahia et par la réaction fulgurante et tout autant démesurée du porte-parole de la faction opposée. Coup de force en ce qu'il oppose un démissionnaire dont la démarche, serait-il approprié de le souligner, n'est pas exempte de suspicion compte tenu de son sens des responsabilités, de son courage politique, du don de soi, du sacrifice, d'autorité arrogés sans l'once d'une quelconque humilité et un homme, puisqu'il n'y a jusque-là que Yahia Guidoum qui en est l'interface, dont il n'est nul besoin de souligner, au-delà de sa compétence professionnelle et des aptitudes technocratiques prouvées dans l'exercice de fonctions ministérielles, l'invisibilité pour ne pas dire l'inconsistance politique. Guidoum n'ayant par nature jamais été homme d'appareil. Preuve s'il en est la gestion des lendemains de la démission du premier secrétaire, le pied de nez fait aux statuts du parti et, pis encore, les interrogations posées dans un véritable tohu-bohu médiatique par ceux-là mêmes qui, dans le sillage du porte-parole de la contestation, ont exigé que la démission prenne effet immédiatement et non pas à la date stipulée par Ahmed Ouyahia.
Plus caustique encore, ses détracteurs en sont venus à trouver ce brusque retrait étrange jusqu'à suspecter la faiblesse trop vite témoignée par le chef. Et de là à rejeter la demande qu'il avait formulé pour le 15 janvier, il n'y avait qu'un ténu espace dans lequel aurait voulu s'engouffrer le personnel réfractaire du parti si le risque de sombrer dans le ridicule n'était trop grand, d'autant plus que nombreux sont les médias partis à tire-larigot sur des explications aussi tarabiscotées les unes que les autres sur la démission de celui qu'ils qualifient de «désormais ex- secrétaire général du RND». En fait, les cadres qui ont appelé et obtenu le départ d'Ouyahia en sont aujourd'hui à se demander finalement si leur action ne lui servirait pas, en ce sens que la rumeur lui prête depuis bien des années déjà l'intention de prétendre à un grand destin national. Un destin national que la décision «impromptue» de lâcher les rênes du RND préciserait. Même si en ce qui le concerne l'homme cultive le plus grand amalgame sur le sujet, pour la simple raison que dans le jeu sémantique et la maîtrise de la rhétorique celui-ci reste inégalable. C'est d'ailleurs ce qui fait sa force, un peu comme Antée, géant de la mythologie, fils de Gaïa et de Poséidon, dont la force régénérait à chaque fois qu'il tombait à terre. Et combien de fois justement Ouyahia est tombé à terre pour se relever à chaque fois encore plus fort.
L'art de la tragicomédie étant consommé en Algérie, les frondeurs du FLN voient presqu'un signe divin dans ce qui se passe au sein du parti «ami» et en viennent, comble du ridicule encore une fois, à solliciter du secrétaire général du Front de prendre exemple sur l'attitude chevaleresque de son alter ego.
A. L.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)