Algérie

Coup de pouce



Bien sûr, la parabole est une formidable machine à capter notre intérêt, nos passions et notre temps. Ce pouvoir de puiser des images et des sons du monde entier d'une légère pression du pouce a quelque chose de grisant, d'enivrant et après tout d'amusant. Mais il n'est quand même pas salutaire pour nous, sans risque de schizophrénie, de nous extraire à ce point de notre environnement immédiat. Tenez, cette amie qui ne comprenait pas que la chaleur persiste quand elle avait vu à la météo qu'il allait pleuvoir. Ce n'était pas la prévision qui était fausse. Elle se trompait simplement de pays ! Donc, pour votre santé mentale, zappez parfois du côté de la télévision nationale où, du moins, vous saurez s'il vous faut prendre un parapluie ou un parasol.Il s'y passe des choses et parfois d'intéressantes avec des réalisateurs et animateurs qui essaient de faire des émissions agréables et pertinentes et y parviennent parfois. Bien sûr, à côté de ces élans, au fond émouvants et méritoires, il y a une telle chape de raideur, du kitch à en revendre, des maladresses à la pelle. Mais bon, il faut y aller parfois, ne serait-ce que pour exercer notre droit de savoir quel sort est réservé à notre image et pour nous livrer, en connaissance de cause, à la critique, négative ou positive.Avant-hier, après avoir doctement réfléchi à ces considérations, mon pouce, qui me sert de conscience de téléspectateur, m'a ramené sur les ondes de la « terrienne », comme on désigne la chaine hertzienne. Et elle l'était bien ce soir-là puisqu'elle nous emmenait visiter Mascara et ses environs. Dans cette balade qui ne manquait pas non plus de raideur, de kitch et de maladresses, quelques passages valaient le détour, notamment sur la culture populaire et quelques initiatives culturelles appréciables. Une troupe de théâtre qui a obtenu un prix à Amman et, selon ce qu'on pouvait en voir, s'inscrirait dans la démarche de Abdelkader Alloula.Une formation de musique andalouse composée de fringants jeunes hommes et de charmantes donzelles qui, instruments en main, avaient de quoi tenir la comparaison. El Rachidia est d'ailleurs déjà lauréate de quelques prix nationaux. Un atelier de peinture où l'on avait fait poser les artistes en herbe qui laissaient voir quelques formes encourageantes. Et puis surtout, sur les traces des bardes de Mascara, ce vieil homme, Cheikh Dahou Meziane, évoquant avec émotion Cheikh Khaldi avant d'entonner la version authentique de Bakhta, pur moment de bonheur. Ce cheikh parlait naturellement des sentiments humains, dont celui de l'amour, avec une décontraction que lui envieraient bien des présentateurs et animateurs de la télévision sur laquelle il passait. C'était donc finalement un séjour intéressant dans cette ville que l'on réduit à des blagues, sans doute savoureuses par ailleurs, mais qui ne reflètent pas une réalité. Moralité : il y a dans le pays profond, un potentiel culturel qui mérite d'être connu et encouragé. Faites donc confiance à votre pouce ou bridez le s'il ne vous laisse pas, au moins de temps à autre, voir votre pays comme il est, en beau ou pas.


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