Algérie

Coup d'épée dans l'eau



De la viande importée du lointain pays des maharadjahs, l'Inde, sera proposée à l'occasion du mois de Ramadhan sur les étals des boucheries, à des prix qui vont sans doute faire jaser les barons locaux de la viande qui saignent les consommateurs, durant toute l'année, dans l'indifférence totale des pouvoirs publics. La guerre de la viande est donc ouverte, mais il faudra sans doute compter, cette année également, avec les man'uvres et les coups de bélier des maquignons, chevillards et autres maillons forts de la chaîne de la viande, pour perturber cette opération en limitant autant que faire se peut leurs « pertes ». Ainsi, il faudra s'attendre à ce qu'il y ait tricherie sur la marchandise : que des bouchers véreux proposent de la viande importée cédée en guise de viande locale au prix du marché. Qui ne se souvient pas du scandale de la viande de baudet qui avait fini dans l'assiette du consommateur durant le mois de Ramadhan de l'an dernier ' Une filière de ce trafic avait été démantelée à Alger. Alors, le contrôle ' Il faudra repasser ! Ceci pour dire que ces opérations ponctuelles de l'Etat, pour tenter de réguler le marché dans des situations de tension du marché sur un produit donné, créent plus de problèmes qu'elles n'en règlent. Car, à bien y réfléchir, même à 500 DA le kilogramme ' un prix qui n'a rien à voir, il est vrai, avec les seuils prohibitifs atteints par les prix de la viande fraîche locale ' c'est loin d'être à la portée des bourses même moyennes, quand on observe le niveau des salaires et le pouvoir d'achat des ménages algériens.La régulation du marché, pour porter ses fruits, ne doit pas être une opération conjoncturelle qui s'apparente, telle qu'elle se décline, avec cet énième recours à l'importation massive des viandes à l'occasion du Ramadhan, à un coup d'épée dans l'eau, dans la mesure où elle n'a pas d'impact durable, ni sur la production ni sur l'organisation et la maîtrise du marché et des prix. Dans l'esprit de nos responsables, les Algériens n'ont-ils droit à leur ration de protéines animales que durant le mois sacré de Ramadhan ' Encore que même à ce prix-là, cela demeure un luxe pour beaucoup ! Il faut rompre avec cette manière de faire des pouvoirs publics qui sortent brutalement de leur torpeur et leur léthargie, un mois dans l'année, pour investir à grands renforts de publicité le terrain social, injecter des escouades supplémentaires de brigades de répression des fraudes, renforcer le dispositif de sécurité et les actions de solidarité de l'Etat envers les populations fragilisées. La responsabilité de l'Etat est une action permanente. Pourquoi ce qui est possible, réalisable et réaliste durant le mois de Ramadhan ne le serait-il pas les autres mois de l'année ' Le salut de l'Algérie passerait-il par une fetwa visant à instaurer le Ramadhan durant toute l'année en Algérie ' Avec la situation de précarité endémique qui s'est installée durablement dans la société, gagnant même les couches dites moyennes, l'Algérien, qui est déjà rompu à la pratique du jeûne et des privations sur tous les plans, n'a rien à y perdre.


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