Quand les bruits de couloirs ne sont pas audibles, nous nous faisons un
plaisir de vous les faire parvenir. Musique.
Question éliminatoire à tout candidat à un poste de diplomate auprès de
l'Union européenne : la Turquie, qui négocie actuellement son adhésion à l'UE,
sera-t-elle un jour membre de l'UE ? Dix contre un, que les pages des candidats
seront au mieux remises à moitié blanches, au pire inondées par le
conditionnel, je veux dire le verbe avec lequel on construit des châteaux en
Espagne.
Prenez un diplomate anglais il
vous dira que l'adhésion de la Turquie est naturelle et stratégique pour
l'Union. Un autre, français par exemple, vous assurera que jamais la Turquie ne
sera admise dans la famille européenne.
Et pour joindre l'acte à la
parole, plus de 50 députés de la majorité présidentielle (UMP) de l'Assemblée
nationale française ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2011
pour supprimer la quote-part financière de la France dans le budget de
préadhésion que l'UE accorde à la Turquie. Le montant ? 129 millions d'euros.
Au total l'UE alloue,
annuellement, 18 milliards d'euros à la Turquie pour ses efforts de préadhésion.
Les auteurs de cette proposition, dont MM. Claude Bodin et Richard Maillié,
expliquent la raison de cet amendement par le souci de fidélité à la position
du président Nicolas Sarkozy sur la question turque qui soutient que « la
Turquie n'a pas vocation à devenir membre de l'UE ». Reconnaissant aux
initiateurs de ce projet la logique de leur raisonnement. En revanche, là où ça
devient quelque peu hypocrite, c'est lorsque ces députés justifient leur acte
par l'opposition des peuples français et turc à l'adhésion de la Turquie à
l'UE, et accusent les autorités turques de n'avoir atteint, à ce jour, que 30 %
du calendrier de préadhésion. Ils auraient été plus honnêtes en avouant que
depuis son arrivée au pouvoir en 2007, Nicolas Sarkozy a rejeté (bloqué) 5
chapitres de négociations avec les Turcs. Si retard il y a dans les
négociations, il n'est pas imputable aux seuls turcs.
Depuis janvier 2005, date
d'ouverture des pourparlers d'adhésion de la Turquie à l'Union, 18 chapitres
sur les 35 ont été bouclés. Il reste moins de 50 % à négocier d'ici 2015, année
de la première évaluation du programme d'adhésion des Turcs à l'Europe.
Personne ne peut encore nous dire si le projet européen des Turcs aboutira ou
si Nicolas Sarkozy sera toujours président de la France.
çA VA MAL DANS LA FAMILLE
propos de comptes et budget, le
ton est monté d'un cran entre les 27 membres de l'UE depuis le dernier Sommet
du 28 octobre. Aux propositions de l'Allemagne et de la France, suivis de
l'Angleterre, d'instaurer des sanctions financières et politiques (droit de
vote) à l'encontre des Etats qui ne maîtriseraient pas les déficits de leurs
budgets à moins de 3 % du PIB dès 2013, plusieurs autres Etats sont décidés à
faire avorter cette épée de Damoclès. Mais pas seulement, puisque les
parlementaires européens ont, en majorité, déclaré leur hostilité aux
propositions germano-françaises. Ainsi, le leader de la famille (groupe)
libérale au Parlement européen, le belge Guy Verhofstadt, a averti que le PE
est déterminé à s'opposer aux plans d'Angéla Merkel et Sarkozy. Il estime que
ces plans porteraient un sérieux coup à l'économie européenne dans le contexte
actuel de l'économie mondiale. De son côté, la Chancelière allemande a opposé
un net refus à la proposition de la Commission européenne d'instaurer, dès fin 2013,
une série de taxes européennes (TVA, transactions financières, transports…)
pour financer le budget européen. L'Allemagne n'est pas seule dans ce cas, elle
est soutenue par la France et l'Angleterre, soit le trio adepte de sanctions
financières contre les Etats qui dépasseraient 3 % de déficit public. Pour
compliquer un peu plus les choses, c'est au tour du président de la Banque
centrale européenne, le français Jean Claude Trichet, de déclarer, le 4
novembre, que les propositions de discipline budgétaire émises par le dernier
Conseil européen (28- 29 octobre) « n'allaient pas assez loin ». Il a souhaité
que les sanctions financières et politiques soient appliquées « automatiquement
» à tout Etat qui laisserait filer son déficit public au-delà des fameux 3 % du
PIB. Ce qui est frappant, c'est que les batailles que se livrent élus et
gestionnaires européens sur le budget septennal (2014- 2020) ont lieu,
davantage au sein des mêmes familles politiques qu'entre blocs politiques
distincts. Enfin, comme les problèmes de cette nature ne peuvent être isolés du
contexte économique mondial, il serait intéressant de suivre la réaction des
Européens face à la décision du tout nouveau Parlement américain qui vient de
décider d'injecter plus de 600 milliards de dollars supplémentaires pour
soutenir l'économie américaine pour l'année 2011.
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Posté Le : 06/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com