Algérie

Couleurs contre ténèbres



Couleurs contre ténèbres
Ce trentenaire ébouriffé et ébouriffant met patiemment en image un monde intérieur qui lui appartient en propre et qui nous parle directement.Né en 1985 à Makouda, Mehdi Jelil est passé par une formation à l'Ecole des beaux-arts d'Alger avant de laisser exploser son délire créatif, qui s'affirme clairement dès ses débuts. Le dessin est sa première passion et son trait dénote une certaine minutie, surtout dans les croquis des personnages difformes et maladroits qui peuplent ses ?uvres. Ses expositions individuelles (au box 24 en 2012 et à la Baignoire en 2015) étaient d'ailleurs axées sur le dessin. Entre encre, pastels et peintures, le dessin de Bardi a pris des couleurs. Et quelles couleurs ! On est dans un univers «cartoonesque», où des créatures anthropomorphes aux costumes d'arlequin évoluent dans un grand vide fait de nuances de vert, de bleu ou de gris.Au détour d'une figure, d'une main, d'un motif végétal, on retrouve le trait de Bardi sublimé par les couleurs ou les dorures des toiles. Cette belle exposition individuelle initiée par la toute nouvelle galerie Seen Art, située à Dély Ibrahim, dévoile des toiles de grand format. Les larges espaces y côtoient les détails minutieux et les grandes dimensions facilitent l'immersion du spectateur dans un univers où le beau avoisine l'horrible. «Lorsqu'on se perd dans les toiles de Bardi, notre émotion est sans limites.Et l'humanité, si belle, si laide, si complexe, se présente face à nous et nous questionne? sur nos propres limites», estime Samir Toumi, qui a auparavant ouvert son espace artistique, La baignoire, à l'artiste pour une exposition individuelle. Les diablotins aux allures débonnaires de Bardi sont aussi les messagers d'une époque terrible où l'horreur confine à l'absurde et mène à la folie. Ayant grandi durant la décennie dite «noire», Bardi ose les couleurs. Sans faire dans l'art porteur de messages ou d'engagement lisibles au premier regard, l'artiste explore la micropolitique des rêves et des fantasmes. «Je fais partie d'une génération qui est née dans un crime, une génération à qui on a dessiné des dessins noirs. On a compris. La peinture noire est la nôtre. La couleur aussi», écrit-il. «Bardi a déjà trouvé son style et cela est rare pour un jeune artiste. On est toujours influencés au début. Quand j'ai vu ses grandes toiles de peinture à l'expo Picturie générale III, j'ai eu l'idée de monter une expo qui mettrait en avant ces peintures», raconte Randa Tchikou, directrice de la galerie Seen Art. Elle se réjouit de l'intérêt inattendu des amateurs d'art, particulièrement ceux de la jeune génération, pour ces toiles qui «sortent de l'ordinaire». C'est la deuxième exposition de sa galerie, inaugurée en mai par un hommage aux doyens Adane, Hioun, Belbahar et Zerati. L'exposition Bardi Unlimlited, ouverte depuis le 22 juillet, se poursuit jusqu'au 6 août. Elle reprendra en septembre à la réouverture de la galerie.


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