Couffin du Ramadhan : 140 personnes éliminées des listes du CRA

Le couffin du Ramadhan défraie encore la chronique de l'action de solidarité qui, dans sa finalité, dévoile indubitablement la petite misère des couches sociales «défavorisées». L'aubaine de cette profusion de denrées alimentaires qu'on distribue gratuitement ouvre l'appétit des prétendants qui n'hésitent pas d'user de toutes les fourberies pour en profiter à satiété.

«Pas moins de 140 personnes ont été éliminées des listes de bénéficiaires du couffin du Ramadhan auprès du Croissant-Rouge algérien», nous a confié jeudi dernier le secrétaire chargé des finances de cette organisation. Il s'est avéré après vérification, nous indique-t-il, que «ces personnes étaient inscrites sur les listes de l'APC de Constantine et avaient de ce fait obtenu leur part auprès du service social de la municipalité», un couffin de denrées alimentaires en l'occurrence. Faut-il que les concernés baissent la tête et se retirent discrètement après avoir été honteusement débusqués en flagrant délit de tricherie ? Loin de là, car les exclus n'ont pas manqué de provoquer tout un scandale au siège du Croissant-Rouge algérien, en arrivant presque aux mains avec les agents en charge de la distribution des couffins. «Des femmes ont été jusqu'à établir des déclarations d'abandon du foyer familial par le mari afin de bénéficier du fameux couffin», affirme un employé du CRA. «Certains nécessiteux ne se suffisent pas d'un seul et unique lot de denrées alimentaires, ils veulent rafler des dons là où ils se distribuent», lance avec dépit notre interlocuteur. Celui-ci ajoutera que l'ampleur du phénomène est insoupçonnée, en raison notamment d'une absence totale de coordination entre les organismes en activité dans ce créneau de bienfaisance.

Les repas chauds distribués par le CRA, et certains restaurants ne dérogent pas à cette règle de l'appétence. Nous avons été, sur ce chapitre, témoin d'une scène choquante: une femme prend son repas chaud dans une école de la nouvelle ville Ali Mendjeli et au premier tournant elle déverse dans un regard tout le contenu de la chorba (qu'elle doit avoir préparé chez elle), gardant tout juste les morceaux de viande !

Au mois du Ramadhan, donc, c'est la mania des inscriptions sur les listes des nécessiteux, où se mêlent «vrai» et «faux» pauvre, confectionnées par les mosquées, la commune, le Croissant-Rouge... Histoire de se mettre à l'abri du besoin pour quelque temps encore après le Ramadhan. Et qu'importe si dans cette foulée immodérée qui épuisera les stocks, on aura laissé des pauvres en rade de cette action de solidarité. Egoïsme, quand tu nous tiens !