Algérie

Couacs franco-allemands


Rien ne marche pour Nicolas Sarkozy, en chute libre dans les sondages, dont le style de gouvernance  fait de plus en plus polémique en France. A ces grands ennuis domestiques, qui suscitent des commentaires peu amènes dans la presse européenne, s'ajoutent désormais des rebuffades allemandes pour son projet d'Union méditerranéenne. C'est, en dépit des démentis officiels de Paris et de Berlin, la vraie raison du report du sommet informel entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, prévu le 3 mars 2008. Selon le journal allemand Die Welt, le président français aurait souhaité cosigner avec la chancelière allemande une contribution sur l'Union méditerranéenne dans un grand journal allemand et un grand journal français. Cette proposition aurait essuyé un niet catégorique de Mme Angela Merkel. C'est le grand couac et il n'est pas réductible à l'évidente opposition des styles des deux personnages. Nicolas Sarkozy aime les annonces et croit qu'en les faisant, il contraint l'intendance à suivre. C'est ce qu'il a fait sur l'Union méditerranéenne et il est parvenu à amener ses deux compères du sud de l'Europe, l'Italien Romano Prodi et l'Espagnol José Luis Zapatero, à signer, le 20 décembre 2007, l'appel de Rome pour l'Union de la Méditerranée. L'appel a même fixé un rendez-vous pour un sommet euro-méditerranéen le 13 juillet prochain à Paris. C'était fait dans le pur style, on annonce et ils suivront. Mais l'absence de réactions publiques des Etats européens réticents à l'égard du projet - et l'Allemagne, dont le poids économique est plus significatif que celui de la France, en fait partie - ne signifie pas qu'ils allaient suivre. Les Allemands justement n'entendent pas fournir de l'intendance à un projet imprécis et, plus grave, susceptible à leurs yeux de provoquer une division de l'Europe. Il est vrai que le projet de Sarkozy oscille entre la mise en oeuvre de projets concrets et l'organisation d'une sorte de nouveau cadre, dit de «civilisation», entre les deux rives de la grande bleue. On peut se demander quel contour aura en définitive ce projet en juillet prochain, lors du sommet annoncé entre l'Europe et les pays du sud de la Méditerranée, si tant est que celui puisse se tenir. Car les Allemands ne cessent de le signifier: pas question de nouveaux cadres de coopération avec les Etats riverains de la Méditerranée, ceux qui existent dans le cadre des institutions européennes actuelles sont suffisants. Bref, les Allemands, qui parlent pour d'autres, signifient qu'un sommet euro-méditerranéen sans eux serait nul et non avenu. L'Europe du sud-ouest, il n'est pas question de lui permettre de mener sa propre politique, à côté de celle de l'Europe communautaire. L'Allemagne de Merkel signifie aussi qu'elle a de très forts intérêts au sud de la Méditerranée et qu'elle ne compte pas céder la «zone» à Paris, Rome ou Madrid. Il y a quelques semaines, à Rabat, l'Espagnol Moratinos s'agaçait des dissensions maghrébines qui bloquent le mouvement. Il n'a absolument pas tort. Mais sur l'Union méditerranéenne, force est de constater qu'en Europe aussi on ne joue pas la même partition.


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