Algérie

Côte à côte (7)



C'est le grand jour. Ou plutôt la grande nuit. Après plusieurs contretemps indépendants de la volonté de la Méditerranée, le départ est fixé. Boulimat, petit village côtier adossé aux montagnes du GSPC. La nuit est claire, la lune faisant office de lampadaire public depuis les derniers délestages de Sonelgaz. Le temps est agréable et la mer plate comme un programme de relance économique, conditions idéales pour un départ en mer. Arrivés à 23h au lieu indiqué, sur une petite plage de rochers, Kawter et Saber retrouvent Mohand, le tour opérateur, au centre d'un groupe de sept personnes, dont une femme.  Je ne serais pas seule, chuchote Kawter. La barque à fond plat, repeinte en noir pour échapper aux gardes-côtes, munie de deux puissants moteurs et arborant un drapeau de la JSK, est déjà sur l'eau. Tous les passagers ont remis l'argent à Mohand, 90 000 DA chacun, qu'il a rangé dans un petit sachet étanche. Puis il a donné à chacun des clandestins un gilet de sauvetage. Les neuf passagers sont paralysés par l'angoisse. Jusqu'à l'ordre presque militaire de Mohand, qui en profite pour reprendre une phrase de Saïd Sadi :  Ayath ! On y va ! Vite, l'histoire va fermer !Morts de peur, les neuf passagers sont montés dans la barque avec leurs sacs de voyage et des provisions pour la traversée. Comme on est toujours en Algérie, les hommes se sont instinctivement mis devant, pendant que Kawter et la femme se sont mises derrière. La femme s'appelle Amel ; elle a 28 ans et après un début de mariage raté avec un importateur de hijabs pakistanais, elle a décidé de fuir ce pays d'hommes drus à la philosophie aussi dure que du parpaing séché : Ils vont sûrement nous demander de faire à manger et la vaisselle après, annonce-t-elle nonchalamment à Kawter en désignant le groupe d'hommes à l'avant qui tente désespérément d'adopter une posture héroïque.A suivre'


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