Le 10 février 2013, le parquet a requis le juge d'instruction en charge du dossier Sonatrach afin de procéder à 'l'élargissement du champ des investigations à des faits nouveaux, rapportés par les différents organes de presse", consistant en 'l'implication de personnalités algériennes dans des faits à caractère pénal, et plus précisément de corruption, et ce, lors de l'exercice de leurs fonctions au sein des institutions de l'Etat".
Le communiqué du parquet ne précise pas l'identité 'des personnalités algériennes" incriminées dans ces faits nouveaux, mais il n'est pas difficile d'en identifier certains. C'est, là, un fait inédit que la justice se mette en mouvement par la manifestation d'indices sur une vraisemblable implication de responsables politiques dans des malversations perpétrées aux dépens de l'Etat algérien. L'initiative est d'autant plus notable qu'elle concerne des personnalités qui, si elles ne sont pas toujours en fonction, se rattachent à un clan qui n'est pas encore politiquement tombé en déchéance. Cette fois-ci, il ne s'agit apparemment pas de venir achever, par la voie judiciaire, des déclassés du système, comme ce fut le cas en bien d'autres circonstances historiques quand certains intouchables furent 'relégués au statut de justiciables" par les péripéties des luttes de pouvoir.
Il n'était alors pas question de 'responsabilité politique", pour reprendre la formule du Premier ministre de l'époque. Et, même évincé pour cause de scandale de corruption, 'M. Khelil s'est contenté de rire, presque joyeusement", rapportait alors un confrère, quand on lui demanda s'il était poursuivi par la justice dans le scandale !
Ce qui a rendu aujourd'hui possible une instruction visant de présumés agissements mafieux de responsables d'Etat importe peu. Que tombe le tabou de 'l'insoupçonnabilité" de principe qui assurait l'impunité des méfaits du cénacle constitue déjà en soi un pas appréciable dans le sens de l'Etat de droit. Un pas dans la voie de la libération de la justice et du bannissement de l'impunité.
Certes, au point où les investigations sont parvenues, côté italien, il serait devenu insoutenable, pour la partie algérienne, de rester assise sur la boîte de Pandore, et d'essayer de n'en laisser sortir que ce qui compromet le menu fretin. Comme cela se pratiquait dans les 'affaires" jusqu'ici.
De Khalifa à l'autoroute Est-Ouest, en passant par le PNDA, le thon rouge... c'était, en effet, 'circulez, y a rien avoir" côté responsables politiques. Les protagonistes que l'on omet, les procès partiels, les enquêtes qui s'enlisent... sont autant de procédés d'obstruction à la manifestation de la vérité sur la manière dont les ressources nationales sont pillées. À l'étalage médiatique des multiples abus, le pouvoir répond par un impassible silence entendu. Sinon par des procès en diffamation. Et par les dénégations offensées.
De ce point de vue, la référence faite aux révélations de la presse 'internationale et nationale" dans le communiqué officiel sonne comme un hommage, a posteriori, aux représailles endurées par certaines femmes et certains hommes de presse qui, à l'occasion, ont osé dénoncer les ravages de la corruption. Et, plus largement, un hommage à la quête de justice et de vérité. Un hommage à l'idée de justice.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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Posté Le : 12/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha Hammouche
Source : www.liberte-algerie.com