Algérie

Corruption et impunité



Oran tend visiblement à devenir un laboratoire pour de faux diplômes. Le scandale est en cours dans la mesure où la vérité est loin d'être entièrement établie. On sait cependant que des étudiants inscrits à l'université d'El Bahia, parfois dans des filières de l'excellence, ne sont pas titulaires d'un baccalauréat. Aujourd'hui, on parle dans la capitale de l'Ouest, d'un nombre important de faux bacheliers. Ce qui a donné naissance à de faux diplômés en médecine, en droit et bien d'autres spécialités. Le tribunal d'Oran s'est saisi de l'affaire pour situer les coupables dans cette sombre affaire de faux diplômes. Dans les couloirs des écoles, des universités et des tribunaux, les citoyens n'hésitent pas à se dire la vérité sur ces pratiques. Nous sommes manifestement devant une inquiétante généralisation de la contrefaçon qui ne désigne plus que la pièce détachée. C'est qu'à force de véhiculer les valeurs contraires aux mérites, on finit par produire de faux titres, qu'on investit dans des missions que nul ne peut accomplir sans les qualifications exigées. Mais dans une gouvernance fondée sur le népotisme, le passe-droit ; on n'exige plus de personne d'être à la hauteur du travail qu'on lui confie. D'ailleurs les missions ne sont pas confiées pour réaliser des objectifs utiles à la collectivité. Mais plutôt pour permettre une extension des privilégiés de la rente. Sur le fond, il s'agit d'une socialisation de la corruption avec des conséquences très dangereuses sur la cohésion sociale. Cela tend à «réussir» dans la mesure où les différents scandales touchant le secteur de l'énergie ne font pas vraiment bouger les consciences. Pourtant, il s'agit bien d'affaires de corruption à grande échelle où des sommes colossales ont été détournées par de hauts dirigeants. Comment sommes-nous arrivés à cette situation où le renoncement a pris le dessus sur l'indignation ' Il faut espérer que les ressorts de l'indignation ne soient pas totalement rompus chez les Algériens. Et que les soucis multiples d'une vie difficile et compliquée sont les causes d'un tel silence. Il y a fort à parier néanmoins que cette quasi-démission traduit l'idée que se font les Algériens de leur Etat. Notamment du fonctionnement des institutions, la Justice en premier lieu.
Car, à l'évidence, une conjoncture marquée par la prolifération des cas de corruption devrait mettre à l'épreuve le pouvoir judiciaire et ses différents appareils. Avec cette exigence d'arbitrer juste et libre. Force est de constater cependant qu'avec des scandales de grande ampleur, on continue à faire semblant de ne rien voir. Dans ces sphères, il n'y a ni corruption, ni dilapidation de l'argent public. Donc inutile de chercher la vérité pour désigner les coupables. C'est que la corruption commence à devenir une pratique très courante qui gangrène tous les secteurs. A telle enseigne que la tendance au sein de la société est plus à parler de «tchipa» que du travail. En plus donc de l'étouffement de la société et la non-autonomie de la justice, la machine de la corruption peut compter sur l'absence d'une représentation parlementaire en mesure de peser sur les choses. Au sein de l'Assemblée nationale populaire (APN), les questions sensibles ne sont pas les bienvenues. C'est faire preuve de naïveté que d'attendre un sursaut d'indignation de la part d'une assemblée qui ne maîtrise que l'art d'applaudir des décisions gouvernementales sans même prendre la peine de lire le contenu. Un député du Parti des travailleurs regrette, à raison d'ailleurs, que le parlement n'ait pas débattu de la situation au Mali dans laquelle l'Algérie est concernée d'une manière ou d'une autre. Une initiative allant dans le sens d'un débat parlementaire sur la question malienne est, hélas, confrontée à des obstacles réglementaires liés au fonctionnement de l'Assemblée. Une APN d'un tel fonctionnement est-elle en mesure d'exiger la vérité dans une affaire de corruption à la maison Sonatrach ' Vu sous cet angle, les professionnels de la corruption, du ministre de la République au P-dg d'une grande firme, ne courent aucun risque. Ils peuvent avancer, détourner et dilapider, et s'enrichir illégalement. En toute impunité ! La déliquescence des institutions leur offre un véritable tapis rouge de la corruption. Jusqu'à nouvel ordre'.
A. Y.


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