Algérie

Corruption en Algérie: Qui dit quoi'



Corruption en Algérie: Qui dit quoi'
Si l'on excepte Louisa Hanoune qui n'a pas mâché ses mots face au scandale de corruption de Sonatrach, nos hommes politiques ont eu quatre attitudes bien distinctes, mais toutes peu glorifiantes.
D'abord, il y a ceux qui ont préféré se taire en priant sans doute, dans leur profond silence, que l'affaire passe vite. C'est le cas de la majorité de nos hommes politiques qui, sans raison apparente, ont préféré garder le silence. Comme si cela ne les intéressait pas ou comme si cela ne les interpellait pas. Une politique de discrétion qu'ils veulent payante car, doivent-ils se dire, mieux vaut se taire que de parler et fâcher quelque part. A moins qu'ils n'aient pas eu l'autorisation de souffler mot, ce qui serait étonnant tout de même. Mais quelle que soit la raison qui les pousse à s'abstenir de toute déclaration, ces hommes et ces femmes ne doivent pas oublier leur responsabilité à l'égard de la société. La moindre des choses aura été de condamner, de manière ferme et sérieuse, afin de se démarquer de ce comportement combien nuisible au pays et à la société.
Dans cette première catégorie, se sont volontairement placés tous les ministres qui n'ont pas soufflé mot, et ils sont nombreux, mais aussi tous les responsables de parti qui n'ont pas eu assez de courage pour le faire et, eux aussi, sont nombreux. Ensuite, il y a ceux qui, sous la pression des événements, ont été obligés de faire quelques déclarations pour, pratiquement, ne rien dire sinon qu'il appartient à la justice de faire son travail. C'est le cas de Yousfi, le ministre de l'Energie et des Mines qui, parce que c'est son secteur qui est au centre de la tornade, a cru bon de rappeler qu'il faut attendre la confirmation des faits. Une déclaration sans trop de relief, mais une déclaration quand même dans laquelle on entend les mêmes refrains des années 1960, comme «des instructions fermes ont été données afin de poursuivre toute personne qui agit contre les intérêts du pays», ou dans le genre «la justice est en train d'enquêter (sur l'affaire). (...) Nous prendrons les mesures nécessaires lorsque la justice aura terminé son travail et que ces affaires soient confirmées et avérées». Des déclarations qui nous rappellent combien cela fait de siècles que nous faisons du sur-place.
Ensuite, il y a eu ceux qui ont parlé pour essayer de détourner notre regard vers autre chose. Comme Bouguerra Soltani qui veut que l'on oublie vite le scandale Sonatrach et que l'on parle Constitution ou, c'est selon, que l'on discute Constitution pour oublier rapidement le scandale Sonatrach. Aux côtés de Soltani, il y a aussi Abdellatif Benachenhou, l'ex-ministre de l'Economie qui n'a pas trouvé mieux que de chercher à déplacer, exactement en ce moment, l'attention sur un faux débat d'investissements. Un sujet abordé à la manière des années 1960 et qui nous a fait réagir (L'Expression du 20/02/2013). Et, enfin, il y a ceux qui ont parlé, mais pour dire exactement ce qu'il ne faut pas dire et ce qu'il n'y a pas lieu de faire entendre. Comme Temmar, par exemple, un autre ex-ministre dont le nom, lui aussi, revient à plusieurs fois dans des rumeurs sur la corruption et qui pense, pour sa part, que le scandale Sonatrach n'est pas de l'ampleur qu'on veut lui donner. L'ex-ministre, sait-il seulement que la révélation du scandale en question empêche le peuple de dormir et lui donne la nausée de ses gouvernants' Sait-il seulement combien c'est douloureux de se sentir trahi par ceux qu'on a chargé de gérer nos affaires' Et peut-il comprendre qu'une corruption est une corruption, qu'elle porte sur des millions ou sur des dizaines' Pour leur part, Bensalah et Ould-Khelifa ont voulu, chacun à sa manière, minimiser un phénomène et dédramatiser quant à ses conséquences. «Ce n'est qu'un acte isolé» s'étaient-ils entendus dire à l'ouverture de la session de printemps du Sénat et du Parlement. Qui le dit' Détiennent-ils des informations de la justice' Y a-t-il eu instruction de l'affaire' La question que nous posons ici est la suivante: existe-t-il un pays au monde, un seul, où les personnalités les plus importantes après le président de la République osent dire à propos d'un phénomène de l'ampleur de l'affaire Sonatrach que c'est un acte isolé sans même que l'enquête ait démarré' Lorsqu'on regarde finalement, qui dit quoi dans cette affaire de corruption, on perd ses repères.


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