Algérie

Correspondants locaux, la précarité au quotidien



Les correspondants locaux de la presse nationale font face à de multiples contraintes. Ils sont souvent marginalisés par les rédactions centrales et généralement victimes de persécutions de la part des notabilités locales. Sous-payés par leurs employeurs, sous-estimés et mal vus par les autorités locales, notamment l?administration et les pouvoirs maffieux locaux, ils rédigent leurs articles dans des conditions difficiles, sous la menace de peines d?emprisonnement et de lourdes amendes. La description des situations de leur localité, la dénonciation de la mauvaise gestion des affaires publiques par les responsables locaux sont payées cher par les correspondants qui sont connus de tout le monde et qui sont, par conséquent, des cibles facile à faire taire. A Jijel, à Tlemcen, à Djelfa ou à Mascara, les journalistes sont désarmés devant la puissance financière ou politique de certains seigneurs locaux ou des représentants de l?Etat. A Jijel, plusieurs plaintes, notamment du wali, ont été déposées dernièrement contre Yasser Abdelhaï, du quotidien Echourouk. A Mascara, deux journalistes sont poursuivis pour une affaire relative à la publication d?informations sur la mise en détention d?un policier « pour corruption ». Actuellement, les mis en cause, Mohamed Houari, chef de bureau du quotidien arabophone El Khabar et son confrère du journal Minbar El Koraa (Tribune des lecteurs) sont en liberté provisoire, en dépit de la publication de leurs journaux de rectificatifs relatifs à l?affaire. L?avalanche de plaintes fragilise les correspondants locaux des autres régions du pays. La justice les condamne pour leurs écrits alors que les faits révélés à l?opinion publique à travers leurs journaux nécessiteraient l?ouverture d?enquêtes judiciaires. Aussi, la terrible machine répressive dissuade plus d?un correspondant local de faire correctement son travail d?informer. Chez beaucoup de correspondants, l?autocensure s?installe alors que d?autres font dans l?entrisme afin d?arrondir leurs fins de mois. En raison de leur proximité avec les lecteurs, étant connus, ils sont interpellés, condamnés pour leur manque de courage et d?audace dans la révélation des scandales en matière de gestion au niveau local. Et de la sorte, c?est le métier de journaliste qui perd de sa crédibilité. Outre ces menaces sur le travail journalistique, le correspondant local fait face à des problèmes de survie, notamment pour les débutants dans le métier. La multiplication des journaux et la propension des publications quotidiennes à diffuser de l?information de proximité les poussent au recrutement de localiers dans la précipitation. Sans formation de base, les pigistes, dans leur majorité, témoignent sur leur vécu sans le respect des règles de travail journalistiques dans ses principes élémentaires ; la non-vérification de l?information publiée. Sans statut et sans protection sociale, les correspondants locaux sont aussi exploités par les publications qui les emploient. « J?utilise mon propre téléphone pour avoir de l?information et confronter mes sources. La rédaction publie mes papiers, mais je reste dans une situation précaire. L?article publié m?est payé à 300 DA. Parfois, c?est le chef de bureau qui signe les papiers à ma place alors que je suis payé à l?article publié. A qui vais-je me plaindre ? », se lamente Samira, qui rêve d?une belle carrière dans la presse, qui signale plusieurs cas similaires.


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