Le public continue à se précipiter en force au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi où plusieurs pays se succèdent sur les planches.Mercredi dernier c'est avec l'Espagne que s'ouvriront les festivités avec le danseur José Barrios de la fondation du Conservatoire de flamenco Casa Patas qui se produira en hors-compétition. Ce dernier suscitera d'emblée la sympathie d'un public friand de musique et danse espagnoles.Pour le coup, ce dernier s'est illustré dans le jeu de claquettes, d'abord sur un caisson, après en endossant une cape noire et enfilant une jupe longue avec traîne et dansant avec elle comme s'il était une diva du flamenco. L'absence de la femme ne s'est pas ressentie vu que le danseur a remplacé sa panoplie vestimentaire pour dégager la même sensualité sur scène, grâce à des mouvements amples et généreux des mains et le rythme tambourinant des pieds.S'ensuivra après la Côte d'Ivoire avec la compagnie George Momboye qui, avec le djembé comme musique d'intro, a mis en scène le corps et sa peau comme symboles de vibrations à l'image du contact de deux membranes qui se frôlent, se touchent et se séparent. Le tout avec subtilité et harmonie. La Tchéquie quant à elle, a présenté la compagnie ProfitArt posant encore une fois au centre de sa chorégraphie la question du corps, entre chant et danse, lumière et dérèglement, quand la fille commence à baragouiner des mots à toute vitesse et finit chaque phrase par un rire sardonique. L'homme à côté, finit par se recroqueviller puis se relève et marche...L'Egypte pour sa part, s'est distinguée par un spectacle du Modern dance theater, lequel comme la Palestine a fait introduire des moments de dialogue au beau milieu de la présentation, suggérant une forte impression dramatique de 4e art et négligeant ainsi la danse par à coups. Celle-ci était là en effet comme amont suggérant plusieurs tableaux-séquences, mettant en scène la confrontation entre le pouvoir et la religion, que ce soit au niveau d'un couple ou entre les deux religions monothéistes musulmane et chrétienne.Le rapport idéologie-conscience était au centre de cette pièce où l'état d'âme est invoqué pour dire les préoccupations majeures de la société égyptienne actuelle.Jeudi, c'est la France qui ouvrira la soirée avec l'excellente compagnie du ballet Preljocaj qui mettra en scène deux hommes en tenue «nude» gisant à même le sol, puis se réveillant comme des cadavres pour s'affronter et faire connaissance dans un nouveau monde hostile. Leur dégaine «charnelle» reflète l'état abrupt de leur rencontre se traduisant souvent par des gestes d'un animal, mais précis comme une sorte d'apprentissage du recommencement et du désir d'aller vers l'Autre.L'Algérie a été quant à elle, représentée par la compagnie de Nacera Belaza, installée en France. Sa pièce intitulé La traversée met en scène trois danseuses lesquelles dans une prouesse technique remarquable vont s'user et s'épuiser à tourner à l'infini autour d'elles-mêmes et autour d'une lumière qui se fait de plus en plus petite (lumière au centre de la scène) et puis de plus en plus grande et à nouveau se mettre à tourner dans le sens contraire des aiguilles de la montre en modifiant la façon de bouger.De l'infiniment petit en allant ainsi à l'infiniment grand et moduler son trajectoire comme on changerait le noeud d'une broderie pour en fabriquer un modèle de tissu esthétiquement plus recherché et «équilibré» d'un point esthétique, c'est ce à quoi la chorégraphe, croit-on, a tendu à produire, en insufflant dans son travail chorégraphique vie et relâchement à la fois, en poussant ses danseuses jusqu'auboutisme d'elles-mêmes et de leurs limites spirituelles et physiques. Car ce n'est pas chose aisée de se laisser déployer ainsi, sans prendre le risque de s'évanouir, quitte à s'évader de son corps, à la manière des derwichs-tourneurs.L'idée serait un peu cela, sans doute d'autant que les danseuses tournaient avec les yeux quasiment clos en se laissant guider par leur horloge intérieure et leur perceptions extérieures. Un travail considérable qui fait appel au sens, en corrélation avec l'espace et la lumière. Un des travaux des plus aboutis de Nacéra Belaza. A saluer. C'est la Wallonie Bruxelles qui suivra. Malgré la vivacité du groupe de danseurs et l' originalité et diversité des musiques proposées, soul et rock notamment, le groupe continuait dans son élan à flirter avec l'amateurisme bon enfant, malgré la fraîcheur du spectacle.L'Algérie à nouveau avec la coopérative Es-Salam de Sidi Bel Abbès a décidé de mettre en exergue les déboires de l'artiste en Algérie, entre ses échecs et illusions par des gestes techniques, pirouettes et des acrobaties en veux-tu, en-voilà qui ravira le public. Une petit accalmie sur les déclamations poétiques de Mahmoud Derwich avant d'exploser à nouveau, appuyée sur une forte lumière scénique, déclinée entre bleu et rouge sang à tout rompre.Le public, lui, est tombé à bras raccourcis sous le charme. La France s'est encore illustrée à nouveau avec un spectacle hors compétition donnant à voir entre poésie et raffinement: l'histoire de Blanche Neige autrement revisitée, avec un sens aiguisé de la poésie et de l'émotion à fleur de peau. La Croatie enfin a su donner une belle leçon de danse contemporaine grâce à ce couple qui a su traduire en gestes et mouvements fluides, leur attachement-détachement l'un de l'autre. Le sujet' le mariage avec ses hauts et ses bas, ses moments de joie et instants sombres... Sublime!
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Posté Le : 22/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O HIND
Source : www.lexpressiondz.com