Corps militaire cherche homme de couleur

Selon un officier supérieur, au sein de cette institution il n'y a que des hommes de peau blanche.
En moins d'une année, la Garde républicaine, ce corps militaire peu connu du grand public, organise, pendant trois jours pour la deuxième fois en moins d'une année, des portes ouvertes à Béchar à l'intention des populations du sud-ouest. Des explications sur la cavalerie, la troupe musicale, les unités de combat, missions et prérogatives de cette institution républicaine ainsi que les carrés d'honneur et autres aspects protocolaires, lors de l'arrivée des chefs d'Etat en visite en Algérie, ont été largement données par l'officier supérieur chargé de la communication au sein de cette unité.
Mais la révélation, à la fois stupéfiante et fracassante pour bon nombre de visiteurs, a été incontestablement le recrutement par la Garde républicaine d'Algériens de couleur résidant au Sud. L'officier supérieur reconnaît qu'au sein de l'institution il n'y a que des hommes de peau blanche et cette remarque aurait été faite aux responsables de ce corps militaire par des étrangers en visite en Algérie, qui se sont interrogés sur l'absence totale d'hommes de couleur parmi ceux qui rendaient les honneurs à des personnalités étrangères lors de leur arrivée à l'aéroport d'Alger.
Beaucoup de visiteurs n'ont pas manqué alors de commenter cette remarque désobligeante, ressentie indirectement comme un rappel à l'ordre à l'Algérie de respecter ses engagements internationaux et surtout de relever le décalage existant entre la doctrine officiellement proclamée de lutte contre la discrimination raciale à travers le monde et la réalité de certaines pratiques quotidiennes.
L'officier supérieur explique ensuite que les premières portes ouvertes organisées l'an dernier ont donné des résultats inattendus en matière de recrutement de citoyens de couleur. Il espère que cette deuxième édition apportera des résultats aussi positifs que la première. Ainsi pourra s'achever progressivement une période à jamais révolue, dit-on, où le citoyen algérien ne souffrirait plus de discrimination, malheureusement jamais avouée lors des recrutements dans certains corps d'Etat.
Plusieurs visiteurs à l'écoute de notre interlocuteur ne pouvaient concevoir qu'une telle pratique existât encore en Algérie, alors que le pays a de tout temps été engagé aux premières lignes dans le combat contre la ségrégation raciale dans le monde (apartheid en Afrique du Sud, ex-Rhodésie, etc.) Certains visiteurs avouaient ignorer jusqu'ici que l'institution de la Garde républicaine ne comptait pas en son sein des hommes de couleur pourtant de nationalité'
entièrement algérienne !