Algérie

Coronavirus: La débrouille pour survivre



Les derniers tours de vis donnés par les pouvoirs publics pour lutter contre la pandémie du Covid-19 commencent à faire peur et les citoyens, toutes catégories confondues, réalisent avec effroi que nous nous trouvons dans une situation très grave.C'est surtout l'annonce d'un possible Aïd en confinement total qui a causé de grandes peurs aux gens qui, sans l'avouer, commencent enfin à se dire que nous devons tout faire pour sortir de cette crise multiforme, le confinement ayant réduit, aussi, un nombre très important de personnes au chômage.
Cette annonce, qui vient après celle de la possible obligation du port de bavettes pour tous ceux qui sortent de chez eux, a sonné comme un glas au-dessus de nos têtes, faisant sentir aux plus sceptiques la réalité du danger que court toute l'Algérie. «Les choses deviennent vraiment sérieuses si on nous oblige à rester à la maison, durant les fêtes de l'Aïd, il faudrait donc qu'il y ait vraiment danger pour que cette décision ait été recommandée par les autorités sanitaires», a affirmé un citoyen, lors d'une discussion avec son ami. «Vraiment, je croyais que ce n'était qu'une mauvaise grippe et que toutes ces mesures n'avaient pas lieu d'être, d'autant plus que je n'ai rencontré aucune personne atteinte de Covid19, j'en entends parler à la télévision, sur les réseaux sociaux et c'était pour moi un peu comme du virtuel qui s'immisçait dans notre vie de tous les jours pour la rendre plus difficile», nous a-t-il confié. En effet, ils sont très nombreux à ne pas trop croire, en leur for intérieur, à la gravité de cette pandémie et c'est l'une des raisons majeures de l'indiscipline et du manque de précautions que nous constatons partout. Mais un Aïd dans un confinement total est impensable, surtout venant de cette manière, les Algériens étant habitués aux visites familiales, aux sorties, à la prière de l'Aïd, dans les mosquées et aux accolades, en se souhaitant bonne fête et en renouant les relations entre ceux qui se sont disputés pour des raisons diverses.
La religion étant très ancrée dans l'esprit communautaire algérien, ne pas fêter convenablement l'Aïd, avec tout ce qui va avec, est très mal accepté par nous autres et cela ressemble à un coup de fouet reçu par les récalcitrants qui ne voulaient pas croire à la nécessité de prendre des précautions et refusaient de se conformer aux mesures prises par les autorités sanitaires. Mais il faudrait aussi aux autorités compétentes de veiller à l'approvisionnement régulier des citoyens pour éviter les ruptures et les chaînes «obligatoires», comme pour le lait, le pain et tout ce dont les gens pourraient avoir besoin, durant ces jours d'empêchement sanitaire. Les Algériens sont habitués, justement, à la fermeture des commerces durant les jours de l'Aïd, et l'approvisionnement devrait donc être fait au cours de la dernière semaine de Ramadhan afin d'éviter toute rupture et leur permettre de faire leurs achats, sans être obligés de s'agglutiner devant les magasins.
Après les taxis, les magasins deviennent clandestins
L'Aïd El Fitr a toujours été synonyme d'habits neufs, pour les enfants et même maintenant pour les adultes, chose qui est devenue plus que nécessaire pour le commun des Algériens qui ne conçoit pas un Aïd sans. Les magasins d'habillement ayant été fermés pour limiter la propagation du coronavirus, les commerçants, ne voulant pas perdre cette occasion unique de renflouer leurs caisses mises à mal par près de deux mois de fermeture forcée, se tournent vers la clandestinité et représentent, de ce fait, un danger beaucoup plus grand que s'ils avaient été autorisés à ouvrir et obligés de prendre les mesures sanitaires nécessaires. En effet, ils sont presque unanimes à se dire obligés de contourner la loi et de procéder à l'ouverture de leurs magasins de manière clandestine pour vendre leurs marchandises et «rendre service» à leur clientèle. Ceux qui ont une porte à l'arrière de leurs boutiques l'utilisent pour faire entrer leurs clients, ne respectant aucune consigne de sécurité et pouvant causer des dégâts énormes en matière de propagation du virus, surtout que les clients se retrouvent en vase clos car le marchand referme la porte derrière eux et les fait entrer par «paquets» pour éviter les contrôles policiers. D'autres sortent leur marchandise et la proposent dans les quartiers, en confectionnant des étals de fortune et en accrochant les robes, les pantalons, les tricots et autres habillements aux branches de l'arbre sous lequel ils se trouvent. Là aussi le danger est grand car ils ne se croient pas obligés de porter de bavettes ni de désinfecter les pièces de monnaie ou les habits touchés par des centaines de mains. Pire encore, les clients prennent leurs achats à la maison pour les essayer et les ramènent s'ils ne leur vont pas, et il est impossible de vérifier si toutes les précautions ont été prises. Afin de contrer cette pratique dangereuse, ne serait-il pas plus judicieux de les autoriser à ouvrir leurs magasins tout en les obligeant à prendre toutes les mesures nécessaires pour se prémunir et prémunir leurs clients d'une éventuelle contamination.
Les coiffeurs et les autres
C'est aussi le même constat qui est fait avec les coiffeurs qui accueillent leurs clients dans leurs locaux qu'ils referment derrière eux, les cafetiers qui servent en catimini les gobelets à ceux qui sont inconditionnels du «bien serré», les vendeurs de confiseries orientales qui installent des tables de fortune sur le trottoir et vendent le kalbelouze et la zalabia à l'air libre, augmentant les risques de contamination, non seulement par Covid-19 mais par toute autre source dangereuse, en plus de la poussière. C'est surtout une question de sensibilisation de toute la population qui se pose et qu'il convient de mener à bien, afin d'éviter tout comportement contraire aux normes et revenir, enfin, à une vie normale.


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